L’être humain ne change pas: l’appât du gain reste prononcé, surtout si ce gain peut être rapide. C’est l’histoire en ce moment du bitcoin. Impossible de sortir sans quelqu’un en parle. Mais depuis la chute du cours de quasi 50% cette semaine, les questions ont un peu changé.
Les amoureux du bitcoin se posent désormais la question de savoir si c’est grave, docteur, ou s’il ne s’agit que d’une simple maladie infantile. La question en elle-même montre qu’ils y croient encore ou veulent encore y croire. Il est vrai que le bitcoin est une monnaie qui ne dépend pas des États, ce qui la rend sympathique aux yeux de beaucoup de personnes. Et comme en plus, il y a l’anonymat, les amateurs de cette crypto-monnaie ont l’impression d’avoir une sorte de « paradis fiscal dans leur smartphone » !
Bien entendu, je comprends cet amour pour une monnaie virtuelle qui est indépendante des États, mais c’est aussi sa faiblesse. Les États ne voudront pas perdre le monopole de la monnaie et ils feront tout pour désintégrer les crypto-monnaies. Car il n’y a pas que les bitcoins, il existe plus de 2.000 autres monnaies virtuelles. Et c’est justement cela aussi le problème. Vous avez des intermédiaires qui se proposent de vous aider, ils se disent engagés depuis des années, voire des générations (?), dans le négoce de ces monnaies virtuelles… alors qu’avant 2013, il n’y avait aucune transaction possible faute de plateforme ad hoc.
« Avec les bitcoins, nous sommes revenus à l’hystérie collective des actions DOT.COM de la fin des années 90 »
Et puis, il y a aussi l’avis de personnes comme Philippe Béchade, un analyste des marchés financiers plus que sceptique sur cette folie actuelle des monnaies virtuelles. Dans sa lettre d’information (la bourse au quotidien), il pose les bonnes questions: connaissez-vous des personnes qui ont investi en bitcoin et qui osent parler de leur perte récente ? Ont-ils déjà reçu leur argent ou ce qu’il en reste ? Car comme le fait remarquer Philippe Béchade, sur ces plateformes virtuelles, « à l’achat de bitcoin, tout va bien, tout est bien huilé. Mais dans le sens du retour de la monnaie vers son compte en banque, alors là, c’est le calvaire. » D’où la question qu’il pose aux amoureux des monnaies virtuelles: que faites-vous si votre argent a disparu ? Et puis, comment réagir si vous avez en face de vous seulement une plateforme virtuelle et décentralisée ? Et il ajoute encore: « êtes-vous sûr que votre argent n’est pas dépensé sur une plage au Panama ou que vos interlocuteurs virtuels ne se poudrent pas le nez à la colombienne dans une disco à Miami ? »
En fait, avec les bitcoins, nous sommes revenus à l’hystérie collective des actions DOT.COM de la fin des années 90. Philippe Béchade a raison de rappeler qu’en quelques mois, ces entreprises sont passées de l’anonymat le plus complet à l’hystérie spéculative. Le tout également basé sur une révolution technologique, mais derrière laquelle il n’y a aucun business plan, aucun brevet et aucun actif. Résultat, ces sociétés DOT.COM ont eu une existence météorique et ont disparu des radars en moins de 18 mois…
Pour Philippe Béchade, il est clair que de toutes ces monnaies virtuelles – « il en sort du néant une à deux par jour depuis un an – la majorité retournera au néant, sans avoir jamais existé. » Voilà qui est dit. Bien sûr, il ne s’agit que d’un avis, mais au moins, il est très tranché. Dans un monde policé, cela fait du bien !