Apprendre à nos enfants à… apprendre

En ce début d’année 2018, Roger Cukierman, ancien président de la banque Edmond de Rotschild a raison de s’interroger sur l’avenir de nos enfants dans les colonnes du Figaro.

L’ancien banquier s’est posé la question de l’avenir de nos enfants en tenant compte de l’arrivée de l’intelligence artificielle dans notre vie quotidienne. Si on résume très fortement l’évolution du monde du travail, on peut dire que le monde paysan – qui était largement majoritaire pendant des siècles – a disparu avec la mécanisation de l’agriculture. La plupart des paysans sont devenus des ouvriers dans des villes en pleine croissance. Autrement dit, les emplois agricoles ont été remplacés par des emplois d’ouvriers. Les anciens jobs ont donc été remplacés par des nouveaux.

Quelques décennies plus tard, ces mêmes ouvriers ont été frappés par l’arrivée massive des travailleurs chinois sur le marché de l’emploi. Les délocalisations massives ont forcé les ouvriers à devenir des employés dans la nouvelle économie de service qui a vu le jour dans les années 1980. Là encore, les anciens jobs ont été remplacés par des nouveaux.

Et aujourd’hui, la question se pose : que vont devenir ces employés, ces cadres, y compris les plus diplômés lorsque l’intelligence artificielle et autres algorithmes pourront les remplacer ? A court terme, on peut tenter de se rassurer en se disant que les pays dans lesquels l’automatisation est la plus poussée, et dans lesquels il y a le plus de robots sont des pays comme le Japon, la Corée du Sud et l’Allemagne. Paradoxalement, ces pays ont aussi un taux de chômage plus faible que le nôtre. Un tel constat rassure pour le court terme, mais à plus long terme, quel avenir offrir à nos enfants lorsque l’intelligence artificielle sera partie prenante de notre vie quotidienne ?

Comme le faisait remarquer le Dr Laurent Alexandre, un expert de cette matière, aucun cerveau biologique n’arrive déjà plus à la cheville de l’intelligence artificielle. Watson, un système expert développé par IBM s’est par exemple vu soumettre un problème hyper-compliqué sur une mutation particulière. Il a lu en une seconde ce qu’un cerveau humain aurait mis 38 ans à lire pour poser un diagnostic. De son côté, le patron de Tesla, qui est sans doute le patron le plus emblématique du siècle et qui n’est pourtant pas un critique de la technologie pense que l’humain s’il ne veut pas être dépassé par l’intelligence artificielle devra accepter d’avoir des implants cérébraux pour doper ses capacités intellectuelles.

Réfléchir à ses questions n’est pas un luxe, car à quoi bon diriger nos enfants vers des métiers, si ceux-ci n’existent plus demain ou après-demain ? Comme l’écrit justement Roger Cukierman, faut-il conseiller la médecine, la radiologie ou la chirurgie à nos enfants, alors que même des métiers aussi complexes risquent d’être envahis par l’intelligence artificielle ? Envoyer nos enfants vers la banque, le secteur financier ?

Là encore, c’est l’un des secteurs qui sera le plus affecté par des pertes d’emplois à cause de l’intelligence artificielle. En réalité, comme personne ne sait quels seront les emplois de demain, la seule chose de certaine, c’est d’apprendre à nos enfants à… apprendre – et cela tout au long de leur vie – c’est l’un des messages forts à garder à l’esprit en 2018 !

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