Ce 24 novembre, il y aura vingt ans que Barbara est décédée. Les hommages aux quatre coins de la France fleurissent. Des célébrités lui rendent hommage en chantant ses chansons, des bouquins remplissent les rayons des librairies.
Pour commémorer cet événement, nous avons posé nos pas dans ceux que Barbara a immortalisés il y a quelques années déjà.
Paris
D’abord à Paris, où elle est née le 9 juin 1930 au 6 rue Brochant dans le 17e arrondissement de Paris,. Monique Serf passe les premières années de sa vie dans ce quartier des Batignolles, avec ses parents, Jacques Serf, juif alsacien, et Esther Brodsky.
Sa jeunesse est marquée par des déménagements successifs:en 1931, rue Nollet dans le 17e arrondissement de Paris; en 1937, au 6 boulevard Gaston-Crémieux à Marseille; en 1938, au 26 rue Mulsant à Roanne; en 1941, au 3 bis rue des Carmes à Tarbes. C’est là que Barbara est violée par son père:«Un soir, à Tarbes, mon univers bascule dans l’horreur», écrit-elle.
25, rue de la Grange au Loup
Un triste fait qui emmène à Nantes. Brel a chanté Amsterdam mais aussi Honfleur, Liège, Varsovie… Dutronc et Lavoine, Paris… Nougaro, New York et Toulouse… Reggiani, Venise…Daho, Rome… Mariano, Mexico… Leforestier, San Franscico… Charlebois, Montréal…
Tous ces chanteurs ont fait de ces villes un tube, mais ce que Barbara a réussi à Nantes est unique…Cette chanson, hommage d’une fille à son père a toujours interpellé les Nantais.
« Dans les années 70’, il était fréquent que les touristes, plan en main, cherchent la rue de la Grange au Loup », raconte la Nantaise, Claudette Lebrun. « Cette rue n’existait pas, sauf dans l’imaginaire de Barbara. Si son père est bien décédé à Nantes le 20 décembre 1959, il ne pouvait pas y avoir non plus d’hôpital dans cette rue inexistante. En mars 1986, j’ai eu la chance de voir Barbara, avec Gérard Depardieu, chanter à Nantes ‘Lily Passion’. C’est lors de cette venue dans ma ville que fut inaugurée, pas loin du stade de la Beaujoire, la rue de la Grange au Loup. Le 22 mars 1986, après un discours de l’adjoint-au-maire, Barbara a dévoilé la plaque. La chanteuse était émue et derrière ses grosses lunettes noires, des larmes coulaient.»
Il fut annoncé ce jour de mars 1986, que jamais une maison ne porterait le numéro 25 dans cette rue
« Le prix de l’immobilier a changé la donne, raconte Claudette Lebrun. Aujourd’hui, un immeuble est sorti de terre. Ici se situait la ferme Rincé avec ses dépendances. Pour y faire les battages, l’accès était difficile. Il fallait douze chevaux et bœufs pour amener les batteurs sur le champ des loups. Le père de Barbara y occupait une des dépendances. Il était recommandé aux jeunes filles d’éviter le chemin des Landes, car le loup y rodait.»
Le nom de la Grange au loup n’est pas anodin pour Barbara et le loup, c’est bien sûr son père
« Dans ses mémoires, il était un piano noir’, Barbara y révèle l’inceste, confirme Claudette Lebrun. Elle a écrit : ‘J’ai de plus en plus peur de mon père. Il le sent. Il le sait. J’ai tellement besoin de ma mère, mais comment faire pour lui parler ? Et que lui dire ? Que je trouve le comportement de mon père bizarre ? Je me tais. »
Pour prolonger ce jour de mars 1986, après la disparition de la dame brune, les habitants de la commune libre de Saint-Joseph de Porterie ont décidé d’une allée Barbara.
« Le lotissement des Fauvettes s’étend le long de la rue de la Grande au loup, explique encore Claudette Lebrun. Entre les numéros 9 et 11, il y avait une parcelle. Les propriétaires cédèrent pour le franc symbolique cet espace pour la création de l’allée Barbara. »
Le samedi 9 décembre 2000, plus de six cents personnes assistaient à l’inauguration de ce nouveau chemin. Côté de la Grange au loup, à l’entrée du square, le bras dressé vers le ciel, une statue de Barbara invite à s’asseoir parmi les fleurs. De l’autre côté du square, on peut voir sur la façade d’une maison une fresque qui évoque l’interprète de l’aigle noir.
La BarbaraStraße à Göttingen
En 1963, Barbara chante à l’Écluse, un cabaret parisien, lorsque Hans Klein l’écoute et lui propose de chanter dans son théâtre à Göttingen, ville universitaire. Barbara, après avoir refusé, cède. Tout commence mal, sa seule exigence, un piano à queue, n’est pas respectée.
Qu’importe, des étudiants trouvent la solution. Son contrat d’un soir se prolonge, on passe à huit jours. Et le huitième, assise dans le jardin, alors que des enfants jouent dans son entourage, Barbara écrit Göttingen.
Cette chanson deviendra l’hymne de la réconciliation franco-allemande. En 2002, cinq ans après la mort de la chanteuse, Göttingen inaugure la rue Barbara dans le quartier de Gleismar.
Le cabaret l’Écluse
Revenons à Paris au 15 du quai des grands Augustins à Paris VI (métro Saint Michel). Le café de l’Écluse ouvre en 1949. René Legueltel (propriétaire par la suite du cabaret Galerie 55, 55 rue de Seine à Paris) dirige le lieu. Alors s’y produisent Léo Ferré, Francis Lemarque, le mime Marceau, Marc et André….
L’aventure du café de l’Écluse dure quelques mois. Brigitte Sabouraud, Léo Noël, Marc Chevalier et André Schlesser prennent la direction du lieu. Les spectacles débutent le 6 février 1950. Léo Noël assurera l’animation du cabaret jusqu’à sa mort en 1966. Puis Marc Chevalier et André Schlesser prennent le relais.
Dans la seconde moitié des années 50 L’Écluse est le cabaret en vogue du quartier latin. Il représente l’esprit rive gauche de la chanson française. Sont proposés des tours de chant, des mimes, des marionnettes, des théâtres d’ombres, des comiques…….
Tous les soirs sauf lundi le spectacle commence à 23 heures et se prolonge jusqu’à 1 heure du matin. Il comprend six attractions avec un temps de passage pour chacune de 10 à 20 minutes. L’artiste confirmé du moment passe en numéro six. Souvent dès 22 heures la salle affiche complet.
Parmi les artistes qui débutèrent ou passèrent à l’Écluse se trouvent Cora Vaucaire, Barbara, Marie Paule Belle, Christine Sèvres, Philippe Noiret, Pierre Richard, Marcel Marceau (photo ci-contre), Pia Colombo, Yvan Dautin, Jacques Fabbri, les frères ennemis….
Des problèmes financiers arrivent. Tous les anciens pensionnaires de l’Écluse participent pour aider au sauvetage de l’Ecluse. Mais en vain. Un spectacle prévu au théâtre du Châtelet le 7 novembre 1974 sera annulé à cause d’une grève des machinistes.
Au début de 1975 l’Écluse ferme définitivement ses portes. En 1978 un bar à vins ouvre ses portes. Les nouveaux propriétaires transforment légèrement la salle. La salle conserve son atmosphère d’antan. Le comptoir occupe l’emplacement de la scène de jadis. Le bar à vins s’appelle toujours l’Écluse……
Le cimetière parisien de Bagneux
Il est un des cimetières parisiens extra muros, qui dépend de la Ville de Paris. Il est situé dans la commune de Bagneux, dans le département des Hauts-de-Seine.
Son entrée principale est située au 45, avenue Marx-Dormoy à Bagneux ; il existe deux autres entrées : Porte de Fontenay, à l’angle de l’avenue Jean-Jaurès, et Porte de Bagneux, rue Égalité. C’est là que Barbara repose avec sa famille.
L’allée Barbara
D’autres villes ont rendu hommage à Barbara. En 1998, le conseil municipal de Saint-Marcellin, en Isère, où Barbara et sa famille se réfugièrent durant la guerre, donne son nom à un square de la ville.
En 2001, l’avenue Barbara est inaugurée à Massy. Une allée principale du square des Batignolles, à Paris, chanté dans Perlimpinpin, honore aussi la mémoire de la chanteuse. Mieux au Mans, une salle du nom de Barbara est située allée de l’Aigle noir.