Catalogne : la grève des riches ?

Et si la crise en Catalogne était le fruit d’une « grève des riches » qui risque de se propager partout en Europe ?

Parfois, il est bon d’avoir une autre vision de l’actualité. C’est le cas avec ce qui se passe en Catalogne : si j’en crois Simone Wapler, la rédactrice en chef d’une lettre d’information financière très connue en France (chronique Agora), ce que nous vivons en ce moment, c’est en quelque sorte la… grève des riches.

Pour comprendre ce qu’elle veut dire, il faut se souvenir de l’expression américaine : « pas de taxation sans représentation ». Les américains adorent cette expression, elle est le symbole pour eux de la démocratie, car au départ, la guerre d’indépendance américaine a démarré parce que les Américains payaient pour la Grande-Bretagne sans avoir de représentants au Parlement.

Aujourd’hui, ce mode de fonctionnement est dépassé et pour éviter que la majorité ou la minorité ne se plaignent, les États s’endettent auprès des marchés financiers. C’est une manière d’éviter de devoir s’expliquer devant le peuple. Nous sommes aussi arrivés à la limite de ce système qui consiste à « acheter la prospérité d’aujourd’hui en hypothéquant l’avenir des générations suivantes », c’est-à-dire celles de nos enfants et petits-enfants.

Selon Simone Wapler, le problème avec nos dettes publiques, c’est qu’elles financent la redistribution sociale, les fameux transferts sociaux au sein d’un même pays. Ces dépenses sont tellement élevées, que les gouvernements, avec la complicité de la banque centrale européenne, sont obligés de maintenir les taux d’intérêt très bas pour que les États ne soient pas en faillite. Au passage, ces taux très bas tuent à petits feux les épargnants et c’est là où Simone Wapler en vient à cette grève des riches à laquelle nous assistons en ce moment.

« Le problème avec nos dettes publiques, c’est qu’elles financent la redistribution sociale, les fameux transferts sociaux au sein d’un même pays »

Les Catalans disent qu’ils ne veulent plus payer pour les Espagnols, les Vénitiens et les Milanais ne veulent plus payer pour les sud de l’Italie. Les Flamands pensent la même chose pour les Wallons. Les Écossais ne souhaitent pas partager leur rente pétrolière avec les Britanniques.

En résumé, toutes ces régions autonomistes pensent que les petites copropriétés sont mieux gérées que les grands ensembles. Ces mouvements autonomistes peuvent donc être vus comme une forme de grève des riches qui remet en cause le principe même de redistribution de nos États.

Pour les autonomistes ou indépendantistes, la redistribution fiscale, c’est une nouvelle forme d’assistanat, mais avec l’argent des autres. Bien entendu, les autonomistes diront que c’est faux, que les aspects historiques, culturels jouent aussi leur rôle. Mais au final, c’est tout de même une « grève des riches » ou si vous voulez une grève de gens qui n’aiment pas payer pour ce qui est lointain et sans en voir les résultats. C’est assez secouant comme vision, mais l’idée de Simone Wapler force au moins à réfléchir et à discuter.

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