Dans la plupart des pays du monde, le service de transport individuel au départ des aéroports est, en règle générale, exclusivement réservé aux taxis. Ceux-ci protègent leur chasse-gardée scrupuleusement de toute concurrence. Mais aux aéroports aussi, Uber fait son chemin… Et parfois, les autorités viennent prêter main forte aux taxis.
Comment vérifier qui fait quoi ?
De plus en plus de passagers font appel à des chauffeurs Uber – mais aussi Lyft aux États-Unis – pour venir les chercher à l’aéroport. Évidemment, les chauffeurs Uber ne peuvent pas stationner aux emplacements réservés aux taxis. Comment les différencier alors d’un simple quidam venant récupérer sa femme, ses enfants, des amis… ?
À l’aéroport d’Atlanta aux États-Unis – mais ce n’est pas le seul – un passager Lyft a vu son chauffeur se faire verbaliser parce qu’il ne disposait pas de la licence spécifique pour venir récupérer un passager à l’aéroport.
La répression aux États-Unis est très sévère, puisque l’amende doit être payée au tribunal et qu’elle ne peut s’annuler que si le chauffeur présente sa nouvelle licence. S’il ne se rend pas au tribunal, un mandat d’arrêt est émis à son encontre.
Ce genre de mesures incommode non seulement les chauffeurs privés, mais aussi le passager. Et qu’en est-il du risque de se faire verbaliser pour venir récupérer un proche ou une connaissance ?
Au moment le plus chaud de la confrontation entre Uber et les taxis en Belgique, plusieurs personnes s’étaient faites intimider, voire menacer, par des chauffeurs de taxis à l’aéroport de Bruxelles-National alors qu’elles venaient récupérer un proche… Au simple motif qu’elles pouvaient être des chauffeurs Uber !
Le monopole des taxis est contre-productif
En empêchant la concurrence de proposer ses services, les autorités ne font que maintenir le monopole des taxis, ce qui permet, à ceux qui le souhaitent, de pratiquer des prix parfois prohibitifs tout en assurant un mauvais service, puisqu’ils ont la garantie que le consommateur ne trouvera, de toute façon, pas mieux ailleurs.
Ouvrir ce service à la concurrence permet à des gens de trouver du travail ou s’assurer un revenu complémentaire tout en proposant un service moins cher et différent (paiement par carte de crédit, partage de la course, GPS, responsabilité du chauffeur…).
Tout en baissant les prix et en améliorant le service pour attirer les passagers, les concurrents devront aussi augmenter les salaires (ou améliorer les conditions de travail) pour se disputer les chauffeurs – c’est d’ailleurs une opinion répandue chez les chauffeurs Uber, qui espèrent l’arrivée d’autres services comme Lyft sur le marché.
Une baisse de revenus pour les aéroports ?
Un service de transport moins cher comme Uber pose un autre problème aux aéroports: les passagers ou leurs accompagnants ne se rendent plus avec leur véhicule dans les parkings, où l’on paie généralement un tarif très élevé, même pour quelques heures.
C’est sans doute, là aussi, une des raisons qui pousse certains aéroports à contrer l’émergence d’Uber.
Qu’en est-il en Belgique ?
Il est possible de se rendre à l’aéroport (Bruxelles-National ou Bruxelles-Sud Charleroi) en utilisant Uber, c’est plutôt au départ de l’aéroport que cela peut poser problème.
Les taxis officiels qui opèrent à l’aéroport de Zaventem sont soumis à un régime particulier. À quelques exceptions près, s’ils veulent faire la file devant l’aéroport pour embarquer des passagers dans leur véhicule, ils doivent bénéficier d’une autorisation délivrée par la commune de Zaventem, en vertu d’un accord conclu avec la Région flamande (alors que l’autorité compétente pour l’aéroport reste le gouvernement fédéral).
C’est un cas particulier, censé éviter une situation chaotique sur le site aéroportuaire, mais qui irrite même les autres taximen (bruxellois en particulier), qui peuvent conduire leurs clients à l’aéroport mais doivent repartir à vide, ce qui engendre une perte de temps et de carburant.
Sur son site, Uber ne répertorie pas les aéroports belges dans la liste de ceux à partir desquels les passagers peuvent être pris en charge par un chauffeur Uber. Pas moyen donc, a priori, de commander un chauffeur Uber au départ de l’aéroport de Zaventem.
Du moins, pas officiellement, car il y a un an ou deux, certains passagers parvenaient à indiquer une « file virtuelle » à leur chauffeur pour être pris en charge, ou alors payaient le parking au chauffeur, qui indiquait son emplacement par SMS.