Un petit bout de chemin du Saint-Jacques suffit à faire basculer dans un autre monde. Comme ici, en Bourgogne, entre Vézelay et la Charité-sur-Loire.
Vézelay, étape majeure du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, peut-on lire dans les bouquins et brochures consacrés au pèlerinage le plus célèbre. Comme quoi, la colline de Vézelay est tout indiquée pour le départ de notre échappée jacquaire de cent kilomètres.
Après avoir arpenté la rue principale, on découvre la basilique sur la place. Un tour du lieu et on en grimpe les marches, puis on pénètre à l’intérieur. Ensuite, on descend dans la crypte où se trouvent les reliques de Sainte Marie-Madeleine.
C’est pas loin de là aussi que se trouve le centre Sainte-Madeleine, où logent la plupart des pèlerins. J’ai réservé une chambre et un ami a décidé au dernier moment de m’accompagner. Il demande une chambre et l’employée de la maison lui propose une chambre à deux lits ou une à un lit.
Nous choisissons la chambre à deux lits. Le prix pour une personne? 35€. Quelques minutes plus tard, je revois la dame et lui pose la question : « Une chambre à un lit, c’est combien ? » La réponse ? 35€.
Vous me direz, que mon ami aurait pu dormir dans le dortoir pour un prix de 12€, eh bien, sachez que non. C’est que le bougre m’accompagne en voiture et non à pied, il n’est donc pas reconnu comme pèlerin. Je me dis en moi-même, qu’il fait noir où ils se perdent.
D’autant que c’est là qu’il est possible de se procurer la créanciale, cette lettre de recommandation donnée par l’église, signe de confiance pour obtenir un gîte. Une lettre qui fait double-emploi, car elle permet au pèlerin de partir en quête du tampon. Le prix? 3€.
La bénédiction
Après une bonne nuit dans un dortoir ou une ancienne cellule, à sept heures, sur la proposition de Sabine, hospitalière du centre Sainte-Madeleine, une dizaine de pèlerins qui viennent des Pays-Bas, Allemagne, France et Belgique, plus précisément de Bruges et de Jodoigne, entrent dans la basilique.
Ils sont de suite saisis par le silence qui y règne. Depuis déjà une heure, la communauté est en prière devant l’autel, six frères se trouvent à gauche, on compte neuf moniales à droite, tous agenouillés reposant sur un passet.
L’office des laudes débute alors que les rayons du soleil éclairent le choeur. Les chants commencent. Pas de doute, les sopranos et altos font ombrage aux ténors et barytons.
Il est 7h30, et le prêtre appelle : « Que s’avancent ceux qui veulent recevoir la bénédiction. » Un rien impressionnés, les pèlerins montent dans le sanctuaire, le prêtre tend les mains : « Que le Seigneur dirige votre chemin et vous accompagne. » Le prêtre salue chacun. Des Frères et des Sœurs adressent un sourire en silence.
Les pèlerins franchissent le seuil de la basilique. Certains partent pour Saint-Jacques, d’autres ont pour objectif Limoges ou La Charité-sur-Loire, ou encore Assise car Vézelay est une terre franciscaine.
Deux ou trois moniales sont sur le parvis en train de bavarder, d’autres rentrent au couvent pour déjeuner. Vézelay voit alors les pèlerins descendre la rue, le sac au dos avant de s’éloigner. Dans quelques heures, d’autres du Canada, d’Allemagne, Belgique, France, arriveront pour débuter le voyage.
Vézelay-Asnois (19km)
Cette première étape comporte de nombreux dénivelés. Nous voilà dans la forêt de l’Yonne où nous accomplissons nos premiers kilomètres avant de nous balader au milieu de la campagne.
À Asnois, il est impossible de louper l’ancienne chapelle, reconvertie en caverne d’Ali Baba, par le brocanteur du coin. La nuit passée dans le gîte des Houiste, il était temps de repartir sur le GR 654.
Asnois-Varzy (23,5km)
Peu de dénivelés à travers bois et champs, lors de cette deuxième étape. Dans les près, on observe bon nombre de bœufs du Charolais, mais aussi des ponts, des églises et des ponts, autant de signes jacquaires.
Arrive Thurigny avec son lavoir qu’on ne peut manquer. Un ouvrier communal tond le fossé :« Je dessers trois communes, raconte-t-il. Je n’ai pas un horaire complet, mais je suis heureux de travailler. »
Après le lavoir, on s’assied près de l’église pour manger et la visiter. Elle est à l’abandon. La région est pauvre, pour preuve les prix affichés à la vitrine d’une immobilière. Il est possible d’acquérir une maison pour moins de 50.000€.
A Varzy, nous laissons l’église Saint-Pierre, le lavoir et la place aux braves gens alors que nous nous asseyons à une terrasse pour déguster un pastis.
Varzy-Raveau (33km)
Après deux bons kilomètres, nous trouvons sur notre gauche la chapelle Saint Lazare, qui surgit dans un écrin de verdure. Elle demeure le seul vestige de l’ancienne léproserie de Vaumorin, implanté à l’écart du bourg en complément de l’hôtel-Dieu de Varzy. On peu observer l’élégance de son portail trilobé.
En fin de journée, nous arrivons aux Forges de la Vache, à Raveau. La propriétaire, une Parisienne raffinée, se coupe en quatre pour nous recevoir. Nous soupons aux chandelles en écoutant le brame du cerf. Et le lendemain, nous arrivons à La Charité-sur-Loire, une ville à l’empreinte médiévale.
Fiche pratique
Adresses utiles
Bourgogne tourisme ([email protected])
Où dormir?
Gite le Sarmentol, Asnois ([email protected])
Atelier Galerie du Soleil, Varzy
Les Forges de la Vache, Rameau (WWW.forgesdelavache.com)
Biographie
Topo-Guide, GR654, La voie de Vézelay