Le Seven Seas Navigator, un navire de croisière de la compagnie Regent Seven Seas Cruises, s’est fait flasher par la Garde Côtière Canadienne pour excès de vitesse alors qu’il naviguait sur le golfe du Saint-Laurent. L’amende qui s’en est suivie s’élève à 6.000 $.
Elle est la première du genre imposée par Transport Canada, depuis l’entrée en vigueur, le 11 août dernier, de mesures temporaires pour prévenir la mortalité des baleines dans l’ouest du golfe du Saint-Laurent. En vertu de ces mesures, tous les navires de 20 mètres ou plus doivent restreindre leur vitesse à 10 nœuds lorsqu’ils circulent à partir de la rive nord du Québec jusqu’au nord de l’Île-du-Prince-Édouard.
« Nous croyons que l’industrie des croisières peut à la fois prospérer tout en étant un modèle de conservation si tous les acteurs sont consultés et impliqués. »
UN CAS PARTICULIER
L’amende de 6.000 $ imposée au Seven Seas Navigator est relativement clémente puisque les sanctions pécuniaires peuvent atteindre 25.000 $. Regent Seven Seas Cruises dispose de 30 jours pour payer l’amende. La compagnie pourrait aussi décider de contester l’infraction ou le montant de l’amende.
Transports Canada travaille en partenariat avec la Garde côtière canadienne dans la surveillance du trafic maritime dans le golfe du Saint-Laurent. Le ministère souligne que, dans l’ensemble, l’industrie du transport maritime respecte la limitation de vitesse et que, quand des navires dépassent la limite de 10 nœuds, ils la dépassent « de peu pendant une courte période ». À cet égard, le Seven Seas Navigator représente donc « un cas particulier », précise-t-on.
IMPACT IMPORTANT SUR L’INDUSTRIE DES CROISIÈRES
Néanmoins, les mesures de protection des baleines ne sont pas sans effet pour les compagnies de croisières. Plusieurs ont dû remanier leurs itinéraires pour s’y adapter.
« La mesure a un impact important sur les résultats de l’industrie des croisières internationales pour la grande région Canada Nouvelle-Angleterre. À ce jour, 16 annulations ont été confirmées dans trois ports du Saint-Laurent, le port d’escale le plus touché étant celui de Gaspé », indique l’Association des croisières du Saint-Laurent (ACSL). Hier, le Queen Mary 2 a confirmé l’abandon de Gaspé. Quelques jours plus tôt, la ville estimait pouvoir devoir se priver de la visite de 17.000 passagers et d’environ 2,5 M$ en retombées touristiques en raison des multiples annulations.
« Bon nombre de compagnies de croisière ont dû malheureusement modifier leur itinéraire pour respecter leur date d’arrivée à leur destination finale. Elles sont les premières à regretter d’avoir dû écourter, voire supprimer, certaines escales et souhaitent disposer d’informations précises pour pouvoir organiser leurs itinéraires dans les années à venir au mieux des intérêts de leurs passagers et des ports d’escale », commente Tony Boemi, président de l’ACSL.
Néanmoins, l’ACSL dit comprendre et appuyer la mesure de réduction de vitesse des navires dans le golfe du Saint-Laurent visant à protéger les baleines noires. L’Association souhaite toutefois que la mesure prise par Transport Canada et Pêches et Océans Canada fasse l’objet d’une analyse complète et demande la mise en place d’une stratégie d’intervention pour 2018. « Nous croyons que l’industrie des croisières peut à la fois prospérer tout en étant un modèle de conservation si tous les acteurs sont consultés et impliqués », souligne M. Boemi.
À cet égard, le président de l’ACSL cite l’exemple d’une mesure adoptée en Alaska, consistant à poster des observateurs sur la proue des navires afin de repérer les mammifères marins et de modifier, au besoin, la vitesse ou la course des navires.
Entre-temps, toutefois, gare à tous ceux qui prendraient à la légère les nouvelles mesures de Transport Canada. « Le Canada prend la protection, la conservation et le rétablissement des espèces en voie de disparition très au sérieux. La mort de plusieurs baleines noires de l’Atlantique Nord récemment dans le golfe du Saint-Laurent est très préoccupante. Transports Canada n’hésitera pas à faire respecter la limitation de vitesse dans cette zone », prévient le ministre des Transports, Marc Garneau. « Dura lex, Sed lex » (La Loi est dure, mais c’est la Loi – NDLR).