Le transfert de Neymar, l’attaquant brésilien du FC Barcelone passé vers le PSG, a fait couler beaucoup d’encre ces derniers jours. Il faut dire que c’est un transfert record, avec un montant de 222 M€ payé par l’actionnaire qatari du club parisien. Du jamais vu.
Le Financial Times, la bible des hommes d’affaires du monde entier, n’a pas résisté à la tentation de comparer ce montant avec ce qui se pratique dans le monde du business. Vous avez d’un côté sir Martin Sorrell, l’un des patrons les mieux payés d’Europe qui gère WPP, la première société de publicité au monde et qui génère un chiffre d’affaires de 20 milliards de livres sterling.
Et de l’autre, vous avez le Brésilien Neymar qui est un joueur de foot, l’un des meilleurs du monde. Leur point commun: ils gagnent tous les deux environ 40 millions d’euros par an. La question est donc simple: ces deux personnes valent-elles leur salaire ?
Premier constat: sir Martin Sorrell, le patron de WPP, est régulièrement critiqué pour la hauteur de sa rémunération. Pourtant, son package salarial ne représente que 0,3% des revenus de la société qu’il dirige. À l’inverse, le coût du joueur brésilien représente environ 50 % des revenus d’un grand club de foot, et plus s’il s’agit d’un club plus modeste. A priori, c’est un argument en défaveur du joueur de football…
Sauf que les statistiques démontrent que les clubs qui s’achètent de grands talents remportent plus de championnats et de coupes que les autres équipes moins dotées financièrement. En revanche, la rémunération des PDG ne va pas de pair avec leurs performances. On a déjà vu des PDG moins bien payés performer mieux que leurs homologues plus grassement payés !
« Neymar est payé sur base de ses résultats passés, un PDG comme Martin Sorrell est rémunéré en fonction de ses performances futures »
Par ailleurs, le milieu du foot a d’autres règles que le milieu des affaires. Dans le cas de Neymar, le PSG achète des résultats passés, des goals marqués lors des saisons précédentes. D’ailleurs, le salaire de 865.000 euros par semaine payé à Neymar se fait sur base fixe et en liquide, tandis que le package salarial de sir Martin Sorrell se fait en fixe pour 4% seulement, le reste – soit 96% de sa rémunération – se fait sur la base de bonus et d’options sur actions.
Autrement dit, sir Martin Sorrell est payé sur la base de ses performances futures et non passées ! Ça, c’est quelque chose qui est plus en faveur du monde du business que du monde du foot.
Je terminerai cette comparaison en disant que si les grandes sociétés paient certains PDG très cher, c’est parce qu’elles peuvent se le permettre. Dans le monde du foot, la question ne se pose même pas: les clubs n’ont pas le choix. Je vous pose donc exactement la même question que le Financial Times. Sachant cela, pensez-vous que le joueur de foot est surpayé ?
Où est-ce plutôt ce patron d’entreprise cotée en Bourse ? À moins bien sûr que vous n’estimiez que tous les deux sont trop payés… Voilà un beau sujet de discussion.