La croissance américaine n’est hélas plus ce qu’elle était ! Je dis hélas, car quand les États-Unis se portent bien, le reste du monde en profite. Mais au fait, pourquoi une telle croissance molle ?
Même si la croissance aux États-Unis est bonne, et même supérieure à celle en vogue en Europe, il n’y a rien à faire, la croissance américaine actuelle n’est pas aussi forte que par le passé. C’est pourquoi les économistes parlent d’une croissance molle. Mais pourquoi ? C’est évidemment la réponse à cette question qui est intéressante. Le plus étonnant, c’est que la réponse risque de surprendre et c’est la lecture de la prose de Bill Bonner, l’un des excellents auteurs de la lettre d’information « chronique Agora », qui m’a alerté.
« Deux explications totalement inattendues à la faible croissance américaine »
En effet, Janet Yellen – qui n’est pas n’importe qui puisque c’est la présidente de la banque centrale américaine (Fed), autrement dit la femme la plus puissante des États-Unis – estime que si la croissance américaine est aussi molle, c’est – tenez-vous bien – à cause de l’usage de la drogue par mal d’Américains. Et ce n’est pas tout, des chercheurs universitaires pensent que ce sont plutôt les jeux vidéo qui sont la cause de cette faiblesse de la croissance américaine. Voilà deux explications qui sont, c’est le moins qu’on puisse dire, totalement inattendues !
Prenons le cas de la drogue: la présidente de la Fed a constaté (sur un site financier MarketWatch) que « depuis plusieurs dizaines d’années, il y a une baisse de la participation à la main-d’œuvre chez les adultes âgés de 25 à 54 ans… Un grand nombre de personnes peu qualifiées ont du mal à trouver des emplois offrant un salaire médian ». Et elle ajoute: « Nous constatons malheureusement qu’il y a probablement un lien avec le fléau des opiacés ». C’est plutôt dingue comme discours! La plus haute autorité financière des États-Unis dit calmement, et sans être contredite, que si une partie des Américains n’ont pas de jobs, c’est parce qu’ils se droguent !
Et comme si cela ne suffisait pas, c’est maintenant au tour du très sérieux Wall Street Journal de pointer du doigt le rôle négatif des jeux vidéo sur la croissance. Et là encore, je cite la source du Wall Street Journal: « Des universitaires de Princeton, Chicago et Rochester affirment qu’il existe énormément d’indications selon lesquelles, depuis l’année 2000, des hommes qui travailleraient en temps normal sont entraînés dans des univers virtuels immersifs et renoncent à gagner leur vie. En outre, ces hommes disent éprouver des niveaux de bien-être supérieurs, par rapport à ceux qui travaillent, et comptent sur le soutien de papa et maman pour maintenir cette situation ». Ces mêmes chercheurs cités par le WSJ ont découvert « qu’en 2015, près de 70% de ces hommes qui ne travaillent pas vivaient avec un proche parent, contre 46% en 2000. »
Bref, tout cela peut se résumer par « si les jeunes Américains travaillent moins qu’avant, c’est la faute des jeux vidéo et pour survivre ils vont squatter chez papa et maman ! ». Il faut dire que cette étude a révélé qu’en dix ans, le temps moyen occupé par ce que les auteurs appellent pudiquement « l’informatique récréationnelle » a augmenté de 50% chez les Américains de 21 à 30 ans, et cela peut atteindre jusqu’à 520 heures par an chez ceux qui n’ont hélas pas de jobs.
Quand je lis ce genre d’information, je pense immédiatement à Jérémie Berrebi, l’un des meilleurs connaisseurs de l’économie numérique, et je me dis qu’il a raison d’affirmer dans un tweet que la meilleure décision qu’il a prise en un an, c’est de se débarrasser de son smartphone, source de distractions illimitées, pour le remplacer par un simple téléphone portable. Je me demande si je ne vais pas suivre son exemple…