Si la France nationalise, même « temporairement », les chantiers navals STX de Saint-Nazaire, ce n’est pas que pour des raisons stratégiques : c’est aussi parce que la construction navale est devenue une bonne affaire !

« Nous ne voulons prendre aucun risque sur l’avenir de l’emploi, des compétences, des territoires dans un site industriel aussi stratégique », telle est la raison officielle. Car on l’oublie trop souvent, les anciens « Chantiers de l’Atlantique » ne construisent pas que des bateaux de croisière : c’est là que sont élaborés, quelquefois dans le plus grand secret, les navires de guerre, croiseurs et sous-marins nucléaires, de la flotte militaire française.

indexMarche arrière toute, donc, par rapport à 2008 où le gouvernement de l’époque avait accepté, on se demande encore pourquoi, de vendre les deux tiers de l’entreprise à un groupe coréen, STX Offshore & Shipbuilding, qui aujourd’hui souhaite opportunément se défaire de ses parts.

Un marché européen partagé

S’abritant derrière un montage financier complexe, le groupe italien Fincantieri, lui-même contrôlé par le ministère italien de l’économie, s’est aussitôt proposé pour les acquérir.

L’opération aurait débouché sur la naissance d’un énorme groupe puisque Fincantieri exploite déjà plusieurs chantiers navals en Italie, notamment à Gênes et à Venise.

index1Il aurait ainsi récupéré la construction des navires de croisières de MSC, dont les derniers et les prochains ont tous été commandés aux chantiers français.

Car Français et Italiens se partagent le marché européen, et pas seulement, des navires de croisière : le numéro Un mondial, Carnival Corporation — 12 compagnies de croisière, dont Costa, 85 bateaux — est le principal client de Fincantieri depuis 30 ans.

Des carnets de commande pleins

26539389333_fce5247b9e_bOr, ce marché est en plein boom : les chantiers tournent à plein régime et les carnets de commande sont pleins : 72 unités devront être livrées d’ici 2025, dont pas moins de 17 géants des mers qui sont prévus pour RCI, MSC, Costa, AIDA, Carnival Cruise Lines, P&O Cruises et Star Cruises.

Et à voir le succès croissant de la croisière auprès du grand public, il est à parier que cet engouement durera encore au moins quelques années. Suffisamment de temps, en tous cas, pour que l’État français touche les dividendes d’un investissement sans grand risque.

Ou alors, la nationalisation n’est en fait que transitoire, en attendant un autre actionnaire, moins gourmand… Dans un cas comme dans l’autre, rien ne devrait affecter la construction de navires de croisières à Saint Nazaire, notamment les prochains MSC.

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