« Du porno au chômage, votre confesseur 2.0 sait tout de vous »

Et si Google était mieux qu’un confessionnal ? Un confessionnal dont même les jésuites n’auraient pas osé rêver… La question est posée par un « data scientist » américain, Seth Stephens-Davidowitz, auteur d’un livre qui fait grand bruit aux États-Unis.

Le livre de Seth Stephens-Davidowitz défend l’idée que tout le monde ment et que le seul endroit où l’on ne ment pas, c’est sur Internet, comme le synthétise Le Figaro. De là à penser ou écrire, comme le fait ce scientifique, que Google est devenu un véritable détecteur de mensonges, il n’y a qu’un pas vite franchi !

Regardons autour de nous: que ce soit avec des amis, la famille ou face à une enquêtrice pour un sondage, on a tous tendance à biaiser la réalité. Pourquoi ? Parce que c’est humain, on a envie de se présenter sous son meilleur jour. Ou parce qu’on a honte de telle idée ou tel comportement. Bref, que la raison soit bonne ou mauvaise, nous avons tous tendance à mentir un peu, beaucoup ou effrontément, selon les cas de figure. Il n’y a là rien d’irréprochable, c’est la nature humaine.

Oui, sauf que sur le Net, nos agissements nous trahissent. Et sans nous en rendre compte, en laissant des traces sur la toile, un moteur de recherche comme Google par exemple est devenu un peu notre psychanalyste, notre confesseur à l’insu de notre plein gré. Le titre du livre de ce data scientist américain s’intitule Everybody lies, autrement dit, tout le monde ment. Quant au sous-titre, il peut se traduire par «Ce qu’Internet peut nous dire de nous».

Prenez le cas de l’élection de Donald Trump. Beaucoup de gens s’accorderont pour dire que la notion de race n’a plus trop d’importance aux États-Unis. La meilleure preuve en est l’élection de Barack Obama comme président. Pourtant, grâce à l’étude des données, on découvre que les régions qui ont soutenu Trump en plus grand nombre étaient celles où les recherches avec le mot « nègre » étaient les plus fréquentes sur Google !

En effet, comme le note Le Figaro, c’est tout l’objet de ce livre qui montre que les Américains mentent tout le temps. C’est qu’en remplissant le petit rectangle magique de Google, à la recherche d’une réponse, ces mêmes Américains ne se rendent pas compte qu’ils se dévoilent.

« Si nous pouvons biaiser la réalité vis-à-vis de nos proches, nous ne pouvons pas mentir sur Internet, et ça, ça fait froid dans le dos »

Prenez un autre exemple: la meilleure manière aujourd’hui de prédire l’évolution du taux de chômage aux États-Unis est de regarder la consultation des sites pornographiques. Eh oui, c’est une des choses que révèle ce livre très documenté. Son auteur, après avoir dépouillé toutes les statistiques mensuelles du chômage de 2004 à 2011 et avoir essayé tous les rapprochements possibles et imaginables, s’est aperçu que les meilleures corrélations pour prédire le taux de chômage étaient avec le site pornographique « slutload », d’une part, et avec les demandes de connexion sur le site de jeu « spider solitaire », d’autre part. La fréquentation de ces sites avait une valeur prédictive du chômage, ce qui correspond d’ailleurs au bon sens puisque « les chômeurs ont beaucoup de temps à remplir ».

En fait, ce livre démontre que si nous pouvons biaiser la réalité autour de nous, auprès de notre entourage, nous ne pouvons pas mentir sur Internet, et ça, expliqué comme cela par ce scientifique américain, cela fait peur ou froid dans le dos.

Mais cela confirme aussi ce que tout le monde sait ou devrait savoir: sur le Net, l’anonymat n’existe plus ! Et si toutes les religions condamnent le mensonge, personne n’aurait prédit qu’avec Internet, ce mensonge disparaîtrait pour de bon !

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