La Catalogne aura sans doute sa « loi de référendum » qui lui permettra d’en organiser un sur sa propre indépendance, déjà prévu pour le 1er octobre. Avec l’Ecosse, profondément pro-européenne, très mécontente du Brexit, et qui menace d’en faire autant, va-t-on voir éclater d’autres pays européens ? La Bretagne ensuite, ou la Flandre ?
C’est une des craintes, en effet, qu’inspire l’hypothèse d’une Catalogne indépendante. Car les choses peuvent aller très vite. Le gouvernement de la Région a mis cette fois toutes les chances de son côté en organisant un cadre légal, catalan, au référendum d’autodétermination unilatéral qu’entend organiser.
Car Madrid ne l’entend pas de cette oreille, qu’il a jusqu’ici fait sourde à toute velléité de revendication de cet ordre. Ainsi, un organisme indépendant doit garantir la transparence et l’objectivité du processus référendaire, de même qu’une mission internationale, composé de prestigieux juristes venus du monde entier. Ces mesures, au nombre de onze, figurent sur le site Garanties.cat.
Le souvenir de Franco…
La République catalane, confédérée à l’Espagne, avait été proclamée en 1931, à la suite de la victoire électorale des partis catalanistes de gauche et avait obtenu l’année suivante un statut d’autonomie qui ressuscitait l’institution de la Généralité de Catalogne.
Bastion républicain, la Catalogne avait dû ensuite se soumettre aux troupes nationalistes de Franco durant la Guerre d’Espagne, et ne retrouva son statut semi-autonome qu’avec le retour de la démocratie, en 1977. Depuis, la culture catalane s’est progressivement réaffirmée.
La langue catalane a progressivement remplacé l’espagnol et retrouvé son statut de langue romane à part entière, que les intellectuels utilisaient volontiers à la Renaissance. Dante n’a-t-il pas écrit une partie de sa « Divine Comédie » en catalan ?
La plus riche
Avec ses 7,5 millions d’habitants, la Catalogne est aujourd’hui la communauté autonome la plus riche d’Espagne. Mais l’opposition entre Madrid et Barcelone n’a cessé de se grandir.
Jusque dans le monde du football, où les matches entre le Barça et le Real de Madrid virent à la confrontation idéologique et font partie des rencontres à haut risque sur le Camp Nou, sur les hauteurs de Barcelone, qui accueillirent les Jeux Olympiques d’été de 1992.
Présence militaire renforcée
Si le non l’emporte au référendum, il y aura de nouvelles élections régionales. Mais en cas de « oui », l’indépendance de la Catalogne serait proclamée dans les 48 heures. Quelle sera alors la réaction de Madrid ?
D’ores et déjà, le gouvernement central a renforcé la présence militaire en Catalogne. Des chars sont même apparus ces derniers jours, et les Catalans se doutent que leur déclaration d’indépendance ne se passera pas sans mal.
Mais la riposte est prête : les Catalans iront au-devant des soldats, non les armes à la main, mais avec… le petit déjeuner. Et d’autres actions spectaculaires sont prévues pour montrer aux « Espagnols » — et au reste du monde — que la Catalogne est respectueuse, tolérante, ouverte mais démocratique.
Car il est hors de question de laisser se dérouler une nouvelle guerre civile, l’Espagne, qui bénéficie plutôt d’une bonne image sur le plan international, conservant encore le souvenir des années franquistes que plus personne ne souhaite revivre.