Brexit, attentats, élections… le flegme de l’hôtellerie britannique

Entre Brexit, élections législatives, et attaques terroristes à répétition, le contexte politique et économique actuel du Royaume-Uni semblerait a priori loin d’être favorable au tourisme et à l’activité hôtelière. Et pourtant, la croissance de ce secteur y reste imperturbable.

Alors que les villes de Londres et Manchester ont récemment été frappées par le terrorisme, les élections législatives qui se tiennent aujourd’hui au Royaume Uni pourraient marquer une étape de plus dans la procédure de divorce avec l’Union Européenne enclenchée le 23 juin 2016. Mais sur ses plages, ses aéroports, ses champs et les rues de ses villes, l’hôtellerie britannique, elle, résiste.

Comme en 2016, l’annonce du Brexit n’a pas pénalisé l’activité hôtelière début 2017 : à l’échelle nationale, le Royaume-Uni enregistre toujours une forte progression de ses indicateurs. Sur les quatre premiers mois de 2017, le RevPAR (Revenu par chambre disponible) a crû de +9,3%.

493-1Le taux d’occupation témoigne d’une fréquentation touristique toujours en hausse (+2,4 points), tandis que le prix moyen augmente de +5,8% relativement au même mois de l’année précédente. Avec une nuance : la livre sterling s’est fortement dépréciée relativement aux autres monnaies, notamment euro et dollar, depuis l’année dernière. Il faudra donc voir si la tendance haussière se prolonge après le mois de juillet.

Mais malgré l’attentat du 22 mars perpétré dans le quartier de Westminster, les indicateurs de l’hôtellerie londonienne étaient là encore toujours au vert sur le mois d’avril 2017 : le RevPAR a augmenté de +9,9%, soutenu par une évolution positive du taux d’occupation (+2,4 pts) et du prix moyen (+6,8%). La tendance dans la capitale est également favorable sur l’ensemble des quatre premiers mois de l’année, puisque les hôtels enregistrent pas moins de +12,9% de croissance de RevPAR.

Hotel_Russell_on_Russell_Square,_London_-_April_2007Cette situation tranche avec les effets qui avaient été constatés dans d’autres destinations précédemment touchées par le terrorisme, notamment la France. A titre de comparaison, en décembre 2015, le RevPAR des hôteliers de la capitale avait chuté de -12%.

Même chose après l’attaque sur la Promenade des anglais à Nice : les indicateurs de RevPar sur le mois d’août 2016 en région PACA et en Ile de France s’étaient effondrés. Rien de tel n’est aujourd’hui constaté au Royaume-Uni.

Les risques associés au terrorisme sont-ils alors en train d’entrer dans les moeurs aux yeux des touristes ?

C’est ce que semblerait suggérer l’évolution des performances hôtelières de Londres et du Royaume-Uni, voire des dernières destinations touchées dans leur ensemble. Mais il est encore trop tôt pour affirmer que les récents événements ne seront pas sans conséquences sur le tourisme britannique.

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L’attentat du 3 juin dernier, qui a touché une nouvelle fois le cœur de la capitale, ainsi que celui de Manchester, pourraient en effet changer la donne au cours des mois à venir, car en France ce n’était pas tant les attaques elles-mêmes que leur répétition (et donc la perception de la persistance d’un risque) qui avait affecté la demande touristique.

Surtout, c’est avant tout le contexte économique et politique du pays qui oriente le marché touristique. Or, hormis la baisse de la livre sterling (favorable au secteur), le Brexit n’a pour l’instant pas eu d’effets concrets sur l’économie et la consommation. Le déclenchement de l’article 50 du traité de Lisbonne, qui a officiellement ouvert le 29 mars dernier les négociations sur la sortie de l’Union Européenne pourrait cette fois-ci enclencher certains des scénarios envisagés au moment du référendum. A cet égard, les élections législatives qui se tiennent aujourd’hui s’avéreront sans doute cruciales.

Mais pour le moment, l’hôtellerie du Royaume-Uni tient bon.

Georges Panayotis, Président de Hospitality ON, met ce constat en perspective : « Les britanniques et leur industrie hôtelière ont su réagir avec flegme aux épreuves, sans perdre leur foi en leur capacité de surmonter les difficultés. En ce sens, ils envoient un message fort, que toute l’Europe devrait écouter : keep calm and carry on. »

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