L’UE se fend ces temps-ci de plusieurs communications tendant à prouver qu’elle est bien utile. On comprend bien qu’il s’agit de faire barrage à tous ceux (et celles) qui voudraient la quitter. Mais parfois, les maladresses sont telles qu’elles donnent du grain à moudre aux opposants de tous bords.
Erreur de communication
C’est ainsi que pour montrer à quel point l’Europe est utile, on y lit (ce n’est pas textuel, mais c’est le sens général) : « Grâce à l’Europe, les frais de roaming vont disparaître ». D’accord, mais il aura fallu attendre 20 ans pour ça… Et encore 5 ans depuis que la décision a été prise. Cela fait donc rire (ou râler, c’est selon) le consommateur au lieu de le plonger dans l’admiration béate. Objectif raté.
Une étude pour vous dire ce que vous savez
Dans le tourisme, on vient d’avoir encore un bel exemple. La société TourMis, vous connaissez ? Sur son site web, on peut lire : « TourMIS provides free access to Austrian and European tourism statistics. » On apprend donc que cette société est autrichienne, ce qui en soi n’est pas dérangeant, et qu’elle a été mandatée par l’UE pour faire une étude sur l’impact du terrorisme. C’est ici que cela devient drôle… « Le terrorisme affecte toujours le tourisme, ressort-il d’une étude européenne de TourMis ».
La Turquie paie cher ses choix politiques
On a donc payé un bureau d’étude pour arriver à une conclusion que tout être humain normalement constitué aurait pris pour une évidence.
Bon, après, c’est un peu plus intéressant, en tout cas si vous n’avez pas cessé de lire devant le crétinisme du sous-titre. On apprend que le nombre de nuitées (un critère objectif) a augmenté de 2% sur l’ensemble de l’Europe, mais reculé de 4% en France et de 31% en Turquie (qui devient par la même occasion européenne).
Et en Flandre ?
Du coup, les autorités flamandes se sont elles aussi penchées sur leurs résultats : baisse de 5,6% des nuitées (y compris –on le suppose- à Bruxelles puisque c’est la capitale de la Flandre). Le recul le plus marqué est celui des Japonais, -45%, suivis par les Américains, -25%, et les Britanniques, -20%.
Mais un pourcentage sans avoir les chiffres absolus ne veut pas dire grand-chose. Encore faudrait-il étudier s’il n’y a pas d’autres causes à ces baisses : fermeture d’un bureau de représentation, cessation d’une ligne aérienne, par exemple. Mais admettons.
Quand prendra-t-on tout en compte ?
Il reste un paramètre qui n’est pas pris en compte par le critère « nombre de nuitées » : c’est le tourisme d’un jour, cher à Thierry Meeùs (Mini-Europe et Océade). Ceci pour dire qu’une étude qui ne prend en compte que la baisse de fréquentation des hôtels ne reflète pas complètement la réalité.
Il faudrait pour cela étudier l’impact sur toutes les activités touristiques et leurs corollaires : impact sur les taxis, les exploitants de cars, les boutiques de souvenirs, la restauration, les entrées dans les musées et attractions, les achats de chocolats, etc. Sans parler, bien entendu, de l’impact des AirBnB et équivalents sur l’occupation hôtelière.
Ce serait bien utile, si l’Europe étudiait tout cela.
Ces chiffres sont le passé. Ce qui compte c’est le futur et pour cela il serait bien plus utile que l’Europe vende la destination Europe. Que l’Europe réagisse quand, comme à nouveau lundi dernier (01/05), les US émettent un nouvel avertissement aux voyageurs pour mettre en garde leurs ressortissants se déplaçant en Europe contre « une menace continue d’attaque terroriste » sur tout le Vieux continent.
Une destination qui ne se vend pas est une destination qui meurt, et il n’y aura pas que le terrorisme qui y aura contribué.