Tout le monde a déjà entendu parler des châteaux de la Loire, mais il existe des sites étonnants comme l’abbaye de Fontevraud, à l’intersection de l’Anjou, du Poitou et de la Touraine.
Fondée en 1101, l’abbaye connut une grande renommée en France. « Elle regroupait quatre prieurés et monastère, raconte Oliver Châble, chargé de relations avec la presse. Elle fut le refuge des reines répudiées et des jeunes filles nobles en manque d’alliance ou venant parfaire leur éducation.»
Durant sept siècles, l’abbaye a entretenu la flamme d’une vie religieuse authentique. «L’originalité est que cet ordre mixte fut dirigé par des femmes, des abbesses, dont la moitié de sang royal issues de la famille Bourbon, continue Olivier Châble. Des tantes et des soeurs de rois qui présidaient aux destinées des communautés. Il y avait 800 moniales et moines qui vivaient ici.»
Le gisant d’Aliénor d’Aquitaine
Au total, trente-six abesses régnèrent sur Fontevraud et accueillirent des hôtes aussi prestigieuses que quatre des filles de Louis XV ou encore Aliénor d’Aquitaine, qui y vint finir sa vie. Son gisant polychrome, aux côtés de son époux Henti II indique les rois Plantagenêts avaient choisi d’y élire leur dernière demeure.
Aliènor, qui a passé ses quatorze dernières années à Fontevraud a accompagné Louis VII lors de la deuxième croisade. Elle fut reine de France avant d’être reine d’Angleterre. Elle fut la mère de plusieurs rois et la grand-mère d’un empereur.
La reine des abbesses
La 33e abbesse est née au palais des Tuileries en 1645. Son père était gouverneur de Paris et sa soeur la marquise de Montespan, la favorite de Louis XIV. Ce qui lui permet de solliciter le roi dès que les privilèges de son ordre sont remis en question.
Gabrielle de Rochechouart est aussi admirée pour sa culture. On lui prête une traduction du banquet de Platon.
La prison
Après la révolution, l’abbaye est devenue une prison, prévue pour mille détenus mais accueillant à certaines périodes plus du double.
« De 1814 à 1850, quelque 5 000 furent détenues à la maison centrale de Fontevraud, explique la guide Halia Smaïl. Au quotidien, leurs vies étaient rythmées par la monotomie, les souffrances et les privations. Finalement, la prison sera fermée en 1963. »
Au cinéma
« Plusieurs films ont été tournés à Fontevraud, raconte Olivier Châble. En 1944, ‘La cage aux rossignols’ avec Noël-Noël. C’est l’histoire d’un professeur qui cherche à sauver de jeunes délinquants. Un film qui inspirera Christophe Barratier pour les Choristes.»
En 1974, l’abbaye sert à plusieurs reprises de décors au tournage du film de ‘Que la fête commence’ de Bertrand Tavernier, avec Marina Vlady, Philippe Noiret, Jean Rochefort et Jean-Pierre Marielle.
Un film qui a obtenu quatre Césars en 76 dont celui du meilleur décor. En 1988, ‘Prisonnières, de Charlotte Silvera, raconte la détention des femmes.
« Fort poignant, ce film avec Annie Girardot sonne juste comme si les murs avaient gardé la mémoire des années carcérales, souligne Olivier Châble.Plusieurs téléfilms ont aussi été tournés ici comme ‘La dame de Montsoreau’, Richelieu ou la journée des dupes’ ou ‘Louis XI, le pouvoir fracassé’.»
L’hôtel
Vous l’aurez compris, depuis sa fondation, l’économie locale est liée à l’abbaye. Elle a créé de l’emploi. En 2014, un hôtel et un restaurant ont été ouverts.
« Le personnel de l’abbaye a ainsi doublé », conclut Oliver Châble. Comme quoi, Fontevraud a encore de beaux jours en perspective.