L’art de ralentir pour mieux réfléchir

Merci d’être en retard ! Oui, vous avez bien entendu, « Merci d’être en retard ». C’est le titre d’un livre rédigé par l’américain Thomas Friedman et que je vous recommande de toute urgence.

Thomas Friedman est l’éditorialiste vedette du New York Times, il a gagné trois fois le prix Pulitzer, le prix journalistique le plus prestigieux au monde. Son dernier livre « Merci d’être en retard » est une formidable tentative d’explication du monde qui nous entoure.

Friedman nous explique par exemple que l’année 2007 – il y a exactement dix ans donc – a été l’année la plus importante depuis l’invention de l’imprimerie par Gutenberg. Elle a vu la naissance de l’iPhone, la création d’Android par Google et l’invention de Kindle par Amazon. C’est également l’année où Facebook et Twitter ont explosé. Sans oublier que c’est en 2007 qu’IBM créait Watson, le premier ordinateur cognitif. Enfin, 2007 a vu le coût du séquençage du génome humain passer de 100 millions de dollars à 1.200 dollars.

Le « hic » nous dit Thomas Friedman, c’est que toutes ces innovations ont changé notre vie, mais comme la crise financière a éclaté en 2008, à peine un an après toutes ces accélérations technologiques, les réformes politiques et réglementaires qui devaient aider la population à tirer parti de ces innovations ont été gelées faute d’argent. Et si aujourd’hui, une bonne partie de la population se sent angoissée face à ces accélérations, c’est parce qu’il y a une incompatibilité entre la technologie qui se transforme tous les 5 ou 7 ans et l’humain qui met 10 ou 15 ans à s’adapter !

« Rien n’est connecté dans la tête de Donald Trump, alors que le monde l’est ! »

Dans une interview accordée au Point, Thomas Friedman critique des politiques comme Donald Trump ou Marine Le Pen, car ce sont des candidats qui au lieu de proposer d’accompagner ces changements technologiques ont décidé de faire croire qu’ils pouvaient stopper le changement. Pour cet auteur américain, Trump agit de manière totalement incohérente.

Il dit qu’il va construire un mur à la frontière du Mexique pour bloquer l’immigration, mais ce mur va plomber l’économie mexicaine et davantage de Mexicains voudront venir aux États-Unis… Pour Thomas Friedman, rien n’est connecté dans la tête de Donald Trump, alors que le monde l’est !

Pour vous inciter à lire ce livre, il faut comprendre pourquoi Friedman l’a intitulé « Merci d’être en retard ». Le Point nous révèle que c’est parce qu’il invitait régulièrement des gens à petit-déjeuner et ils arrivaient parfois en retard de 15 ou 20 minutes en s’excusant des embouteillages ou de je ne sais quoi. Un jour, il a répondu spontanément, « mais non, ne vous excusez pas, au contraire, merci d’être en retard ».

Pourquoi ? Parce que ce retard lui a permis d’écouter la conversation de la table d’à côté, d’observer les allées et venues dans le hall, et plus important, il a pu relier deux idées qu’il avait du mal à associer depuis des mois. Bref, comme tant d’autres, Thomas Friedman avait besoin de ralentir pour mieux réfléchir.

D’ailleurs sa citation préférée vient d’un ami qui lui a dit: « quand on appuie sur le bouton pause d’un ordinateur, il s’éteint. Quand on appuie sur le bouton pause d’un humain, il s’allume et recommence à réfléchir, à penser, à imaginer ». Et Dieu sait si nous avons besoin de penser notre avenir en ce moment. Lisez donc ce livre.

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