Imaginez une côte crayeuse et aride, entaillée par une route sinueuse qui surplombe plusieurs criques dont l’une d’elles, plus profonde, est hérissée de quelques rochers battus par les vagues de la mer Méditerranéenne.
Elle prend ici des couleurs d’un vert turquoise qui vire au bleu laiteux lorsque dans un va et vient bouillonnant, la houle bordée d’écume s’écrase sur la plage en faisant rouler des galets multicolores. C’est ici, sur le site de Petra tou Romiou, à 25 kilomètres de Paphos, que la belle Aphrodite, déesse de l’amour et de la beauté, aurait surgi des eaux, ce qui fit de la cité son principal sanctuaire sur l’île de Chypre.
Un plongeon dans la mythologie.
Pour honorer son mandat de capitale européenne de la culture, la ville de Pafos ne pouvait faire fi des nombreux mythes qui se racontent dans tous les témoignages archéologiques qui jalonnent la côte d’autant que son propre nom évoque une jolie nymphe, fruit de l’union du sculpteur Pygmalion éperdument amoureux de sa statue d’ivoire Galatea à laquelle Aphrodite, émue par la détresse de Pygmalion, donna vie.
C’est pourquoi le premier thème autour duquel s’articule le programme de cette année européenne s’intitule « Mythes et religion ».
Au carrefour de l’Orient et de l’Occident, Chypre a toujours occupé une position stratégique qui a attisé les convoitises de nombreuses civilisations qui ont toutes marqué l’île de leur empreinte architecturale mais aussi culturelle : grecque, romaine, byzantine, arabe, ottomane ou encore britannique.
Dans des lieux aussi mythiques que le rocher d’Aphrodite ou dans les Jardins sacrés, des spectacles de poésie, de danses ou encore musicaux animeront les lieux pour réactiver les légendes de jadis.
A Kouklia, dans le sanctuaire de la déesse où des milliers de pèlerins lui ont rendu hommage pendant près de quinze siècles, un musée à ciel ouvert ouvrira ses portes dès le mois de mai et plusieurs œuvres perdureront pour rappeler le lien indissociable entre l’événement culturel et la cité antique de Pafos.
« Voyageurs du monde », le second volet du programme, invite à partager les racines de tous ceux qui ont naguère et aujourd’hui encore contribué à créer cet esprit propre à Chypre où, au-delà des disparités géopolitiques, échanges et communications entre les cultures ne sont pas de vains mots.
Conquérants, pèlerins, voyageurs, réfugiés, touristes, ils ont choisi un jour de se poser à Chypre reconnue pour être un lieu d’accueil de par le monde. Leurs histoires seront narrées tout au long de l’année pour témoigner que Pafos a toujours été un pont entre les civilisations, les gens du Nord et du Sud, de l’Est et de l’Ouest.
Le 1er juillet, un spectacle son et lumière illuminera le front de mer, à hauteur du vieux fort, pour célébrer ces éternels voyageurs. Par ailleurs, comme se retrouver autour d’une table gourmande est la meilleure manière de partager les expériences de vie, Paphos sera un jardin de saveurs à l’image des festins qui se déroulaient dans les salons de Dionysos ou d’Eustolios dont les superbes pavements de mosaïques évoquent la générosité des propriétaires des lieux.
Les mezze, cette coutume séculaire commune aux pays voisins que sont la Grèce, la Turquie, le Liban, la Syrie, réunissent autour d’une table garnie d’au moins une quinzaine de plats variés des convives trop heureux de célébrer le plaisir d’être ensemble et de se raconter.De quoi découvrir que la réputation des plaisirs aphrodisiaques de Pafos est toujours d’actualité !
Le dernier thème, « Scènes du futur », mise sur la continuité, celle qui survivra même lorsque les lumières de Pafos2017 se seront éteintes. Un projet qui donne sa chance aux communautés locales comme par exemple celles qui occupent la péninsule d’Akamas en y créant des routes culturelles, des chemins de randonnée balisés, des centres d’information pour les visiteurs, etc.
En juin Pafos accueillera également un forum de musique européenne autour de la thématique des droits de l’homme dans l’espérance de mettre sur pied de nouveaux partenariats entre les associations d’ici et d’ailleurs.
Open air factory.
Chypre, 330 jours de soleil par an, le pays le plus ensoleillé et le plus chaud du continent européen, voilà qui justifie ce concept d’Atelier à Ciel Ouvert qui se fonde de surcroît sur des habitudes séculaires.
Les sanctuaires, les théâtres et autres forums et atriums où se rassemblaient les pèlerins, les voyageurs et les habitants jalonnent la côte chypriote.
Pafos2017 compte faire parler d’elle en faisant rayonner ses trésors qui s’animeront tout au fil de l’année « en liant les continents, en créant des ponts entre les cultures ». Cette tradition ancestrale du plein air permettra de brasser aussi bien des récits mythologiques que des pratiques religieuses, des œuvres d’art que des spectacles accessibles à tous sans oublier les questionnements qu’inspirera la rencontre entre les idéologies, entre les cultures.
La programmation proposera ses journées thématiques jusqu’en décembre et chaque mois, un dépliant particulièrement complet listant tous les événements sera distribué dans tous les sites et hôtels de Pafos.
Comme la créativité touche des domaines aussi variés que la danse, la musique, le cinéma sur la plage, les arts de la rue, les fusions culinaires ou les expositions, il y en aura pour tous les goûts et tous les publics, de quoi attirer les touristes et les amener à sortir des espaces hôteliers pour participer à leur tour à cette grande rencontre.
Un site : www.pafos2017.eu
Y aller : Ryanair offre une liaison directe avec Paphos (seconde orthographe de la ville) au départ de Charleroi où il est possible d’abandonner sa voiture. www.ryanair.com
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux