Snapchat, un gouffre financier qui attire pourtant les investisseurs

Snapchat a finalement réussi son introduction en Bourse la semaine dernière. Mais voilà, cette application ne gagne toujours pas d’argent. Pire encore, elle fait d’immenses pertes. Comment expliquer ce tour de passe-passe ?

Snapchat, c’est cette application très populaire auprès des jeunes et qui fait plutôt sourire les plus âgés, car sa spécificité consiste à permettre d’échanger des photos ou des vidéos, souvent retouchées de manière humoristique, mais de manière éphémère puisque le contenu en question disparaît après 10 secondes maximum. Un peu comme dans le célèbre feuilleton américain « Mission Impossible » et son célèbre message qui s’autodétruit une fois qu’il a été écouté. Il faut dire qu’à l’origine Snapchat était destiné à envoyer des photos plutôt coquines sans se faire prendre.

Mais voilà que cette application a rendu milliardaires ses jeunes actionnaires, dont le fameux Evan Spiegel qui n’a que 26 ans au compteur. Ce dernier est aujourd’hui multimilliardaire… alors que Snapchat ne gagne toujours pas d’argent. Pire encore, sa société fait d’immenses pertes: 515 millions de dollars au dernier décompte. Mais cela n’a pas empêché les investisseurs de s’enthousiasmer pour les actions de Snapchat et de valoriser indirectement la société à 25 milliards de dollars.

Comment expliquer ce tour de passe-passe ? Pourquoi les investisseurs achètent-ils ces actions ? La réponse, c’est qu’ils estiment que la croissance de cette société est durable et que Snapchat a en plus l’avantage immense d’être très populaire chez les adolescents. Or, les adolescents sont une cible difficile à capturer, notamment parce qu’ils sont de moins en moins devant la télévision. Bien entendu, Snapchat essaie de monétiser l’engouement de ces jeunes via des publicités ciblées, visibles aux côtés des messages, des photos et autres clips que les utilisateurs s’échangent.

Mais force est de constater que la pub ne suffit pas à éponger les pertes liées au développement de l’entreprise. Pour vous donner un exemple, Snapchat est très dépendante de Google et d’Amazon et doit leur verser au moins 3 milliards de dollars pour l’hébergement de ses services sur leurs plateformes de cloud. C’est une des faiblesses du modèle économique de Snapchat.

« Les seuls gagnants de l’introduction en Bourse de Snapchat sont pour l’instant ses fondateurs »

Et puis, les jeunes dirigeants de Snapchat ont réussi l’exploit de vendre des actions sans droit de vote. En clair, les investisseurs qui ont acheté des actions Snapchat ont juste le droit de se taire et n’ont aucune voix au chapitre sur la stratégie de l’entreprise. C’est exactement comme une république bananière, sauf que cela se passe à Wall Street, à New York !

Mais l’autre danger qui guette très fortement Snapchat, c’est Facebook. Le premier réseau social au monde copie sans vergogne toutes les fonctionnalités sympas de Snapchat et les adapte sur Instagram, le site d’échange de photos qui lui appartient. Or, chacun sait qu’en matière de business, le fait d’être l’original ne protège pas des copies, surtout si les copieurs sont plus riches et ont plus de clients que vous.

En résumé, les seuls gagnants dans cette introduction en Bourse sont pour l’heure les fondateurs de Snapchat. Le business model, lui, reste encore à construire. Sinon, le petit fantôme sur fond jaune, qui représente le logo de Snapchat, démontrera que toute cette histoire n’était qu’une illusion… Un rêve très éphémère !

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