Taux: « Ce qui est perdu d’un côté est rattrapé de l’autre… sauf pour les pensionnés »

L’épargnant belge se plaint moins que son voisin allemand de la maigre rémunération de son livret d’épargne. Et pourtant, il est celui qui a le plus de raison de le faire !

Tant la Banque Nationale de Belgique que l’économiste belge Eric Dor ont calculé que l’épargnant belge est celui qui souffre le plus des taux d’intérêt bas en zone euro. Selon Eric Dor, le Belge est en effet le plus pénalisé de la zone euro à égalité avec le Letton.

C’est évidemment un palmarès qui ne nous fait pas plaisir en tant qu’épargnant. Et pourtant, malgré cela, le Belge continue à épargner. Le montant déposé sur les livrets d’épargne s’élevait à 261 milliards en décembre 2016, selon les derniers chiffres officiels.

Ce qui veut dire qu’en moyenne le Belge a 23.000 € en épargne, les nouveau-nés inclus dans ce calcul par tête d’habitant. Cette moyenne n’est bien entendu pas à prendre à la lettre, vu notamment que pas mal de contribuables ont plusieurs livrets d’épargne, mais la tendance est là.

« À taux d’inflation et taux d’intérêt inchangés, l’épargnant perdra la moitié de son capital après 35 ans! »

Question: pourquoi sommes-nous les plus mal lotis pour la rémunération de nos livrets d’épargne ? A priori, c’est moins le problème du niveau des taux d’intérêt, vu qu’il est faible presque partout en zone euro. En revanche, au niveau de l’inflation, nous ne sommes pas tous logés à la même enseigne.

Il y a des pays comme l’Italie ou l’Espagne où l’inflation recule, voire est négative. Alors qu’en Belgique, le mois de janvier l’a démontré, nous avons un taux d’inflation élevé de 2.65%. C’est d’ailleurs le plus haut taux d’inflation en zone euro. Et les calculs du professeur Eric Dor tiennent évidemment compte de cette inflation pour nous classer au top des pays dont les livrets d’épargne rapportent le moins.

En fait, le taux d’intérêt réel, ce que vous touchez réellement, c’est le taux nominal de votre livret moins l’inflation. Et sur ce coup-là, comme notre inflation est plus élevée que celles de nos 17 pays voisins de la zone euro, nous avons en réalité, un rendement négatif, un rendement négatif d’en moyenne de 2% ! C’est simple, si on imagine que ce taux d’inflation ne change pas, et que les taux d’intérêt restent bas, et si on laisse son argent dormir sur un livret d’épargne, au final, l’épargnant perdra la moitié de son capital après 35 ans !

C’est évidemment un argument en or pour les banquiers qui auront beau jeu d’affirmer que si vous ne voulez pas perdre de l’argent, il faut penser à investir en actions. « C’est pas faux », comme dirait un collègue journaliste qui adore l’art de la litote.

Mais ce qu’il faut aussi garder à l’esprit, c’est que tout le monde n’est pas épargnant, d’autres sont aussi emprunteurs ou les deux à la fois. Et sur ce plan-là, la baisse des taux d’intérêt est plutôt une bonne nouvelle. Pensons notamment à ces centaines de milliers de Belges qui ont refinancé leurs crédits hypothécaires à très bon compte.

Au final, ce qui est perdu d’un côté est rattrapé de l’autre, sauf pour les pensionnés qui eux, en plus de leur pension légale, tentent aussi de vivre de leurs placements à revenus fixes. Le verbe survivre serait d’ailleurs plus adéquat…

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