Les banquiers n’ont jamais été aussi euphoriques à Wall Street. C’est simple, la Bourse ne s’y est pas trompée, quasi toutes les valeurs bancaires américaines ont vu leurs cours grimper depuis que Donald Trump a été élu, en particulier depuis qu’il est la Maison-Blanche.
Il faut dire que Trump a promis de libérer les banques de leurs chaînes réglementaires, de les rendre plus libres de leurs mouvements. Ça mérite une hausse des cours bien entendu !
Et comme d’habitude, Donald Trump n’y va pas de main morte. Il pense que les mesures prises pour réglementer les banques américaines après la crise sont excessives, qu’elles vont trop loin et que, paradoxalement, elles empêchent les banques de prêter autant qu’elles le voudraient.
Il en est tellement convaincu que la personne qu’il a engagée à ses côtés pour déréglementer le secteur bancaire… est un ancien banquier. Et pas n’importe lequel, l’ancien numéro 2 de la banque Goldman Sachs. Autrement dit, pour verser dans la métaphore, il a demandé à un ancien contrebandier en chef de se transformer en garde-chasse.
En fait, Trump est sensible aux arguments des banques qui disent qu’à force de vouloir trop les réglementer, on aboutit à l’effet inverse escompté, c’est-à-dire un tarissement du financement de l’économie. En Europe, c’est d’ailleurs un peu le même discours, mais en plus feutré. Et donc, si les nouveaux décrets de Donald Trump sont avalisés par le Congrès, ce qui ne devrait pas poser trop de problèmes, vu que les républicains sont sur la même longueur d’onde, nous aurons d’ici peu, une finance américaine plus forte que jamais.
« Trump va détricoter une réglementation dont le seul but était d’éviter un remake de la crise de 2008 »
En soi, c’est un retournement fantastique. Alors que les banques américaines ont été à l’origine de la plus grande crise financière depuis 1929, ce sont elles qui seront libérées du carcan du contrôle réglementaire, alors que les banques européennes, qui sont davantage victimes de cette crise, seront, elles, corsetées par une réglementation plus dure. Au final, Donald Trump va donc détricoter au pas de charge une réglementation dont le seul but était d’éviter un remake de la crise de 2008. Grâce à cette déréglementation, les banques américaines vont dominer le monde de la finance et sans doute racheter des banques européennes qui, elles, resteront engluées dans les carcans réglementaires.
Mais le pire, pour reprendre les propos de Mario Draghi, le président de la Banque centrale européenne, c’est qu’en déréglementant la finance américaine, Donald Trump est en train de semer les graines de la prochaine crise financière. Comme Mario Draghi l’a dit devant le Parlement européen, relâcher le contrôle sur les banques est la dernière chose dont nous avions besoin en ce moment.