Le Salon de l’Auto, qui a ouvert ses portes le week-end dernier à Bruxelles, est ce qu’on appelle dans le jargon du secteur un « petit » salon. Et cette expression se justifie toujours plus. Pour savoir à quoi va ressembler la voiture du futur, c’est à Las Vegas qu’il faudra aller.
Les salons, que ce soit celui de Bruxelles ou même de Detroit, seront à l’avenir surtout des show-rooms pour montrer les modèles de l’année en cours. En revanche, si vous voulez savoir à quoi va ressembler la voiture du futur, ce n’est ni à Bruxelles, ni à Detroit qu’il faut aller, mais à Las Vegas. Début janvier, c’est là que se dessine l’avenir de l’automobile, au coeur même du salon mondial de l’électronique grand public.
Avant, au CES, les stands des constructeurs automobiles étaient rares. Mais aujourd’hui, toutes les marques y sont présentes et même leurs PDG font le voyage vers Las Vegas. Pourquoi ce déplacement jusque dans la ville du jeu ? Parce que le moteur à combustion ne sera plus le coeur des voitures de demain. Les puces, l’électronique, les logiciels comptent désormais plus que la motorisation.
Les constructeurs ont vu la progression fulgurante et inattendue d’Elon Musk et de sa Tesla. Ils ont compris que Google, Apple ou Amazon voulaient contrôler l’habitacle des voitures de demain avec leurs logiciels et leurs technologies vocales. Et ils ont également compris que les entreprises qui contrôleront la cartographie et le guidage automatique des voitures de demain seront les vrais gagnants, ceux qui capteront la majeure partie du prix de cette voiture du futur.
« Ce qui comptera dans la voiture de demain, ce n’est pas la puissance moteur ou la tenue de route, mais l’expérience utilisateur. Les services connectés feront la différence… »
Mais les constructeurs ont aussi compris qu’ils devront composer avec Apple, Google et les autres géants de la Silicon Valley. En effet, avant le monde de l’automobile était simple à comprendre: le constructeur était le donneur d’ordre qui travaillait avec des fournisseurs. Aujourd’hui, avec la révolution numérique et l’arrivée de la voiture autonome, les cloisons sautent. Et disons-le, il est impossible pour un constructeur automobile de tout maîtriser. Il faut donc collaborer avec les géants d’Internet, sans se faire manger.
C’est ce qui explique qu’Amazon a réussi à intégrer son système de domotique Alexa dans les voitures Ford, ce qui permettra au propriétaire de la voiture de contrôler les objets connectés de sa maison depuis sa voiture et vice versa. Autre exemple: Microsoft apporte de son côté les conférences audio Skype dans les voitures Volvo, et le même Microsoft embarque son assistant vocal Cortana dans les voitures BMW et Nissan.
Voilà pourquoi le vrai Salon de l’Auto est déjà terminé et a en fait eu lieu, il y a quelques jours, au salon mondial de l’électronique grand public à Las Vegas. Car demain ce qui va compter, ce n’est plus la puissance moteur ou la tenue de route, mais l’expérience utilisateur. Ce seront les services connectés qui feront la différence…
Mais encore faut-il que Google, Microsoft et Apple restent de simples fournisseurs et ne prennent pas le pouvoir au sein de la voiture en réduisant le rôle des constructeurs à de simples fabricants de carrosserie, comme Apple le fait avec les constructeurs chinois de smartphones. C’est le grand défi du secteur automobile: collaborer sans se faire manger. Et ce défi se joue à la Silicon Valley, pas au « petit » salon de Bruxelles.