Le BIP était bien rempli ce mardi matin pour la présentation d’un ambitieux plan d’action (au singulier ?) pour 2017. Pas au-delà… ?
Fédérer le secteur à Bruxelles
Dès la présentation finie, on me demande à brûle pourpoint ce que j’en pense. Voici donc quelques réflexions toutes personnelles. Comme toujours, il y a du positif et du négatif, et l’on dira naturellement que c’est positif quand nos propres idées sont partagées, et que c’est négatif quand nous ne sommes pas d’accord. Mes opinions sont donc, comme les autres, toutes relatives.
Première impression positive : on a compris –à défaut d’un vrai « ministère » du tourisme au sens large (c’est-à-dire incluant le MICE)- qu’il fallait créer une grande et puissante structure pour fédérer toutes les forces vives des industries de l’hospitalité de la région. On devrait alors arriver peut-être à des économies d’échelle, mais surtout à une politique plus cohérente et mieux suivie, mieux contrôlée aussi.
Usine à gaz ?
Le revers de la médaille, c’est qu’on a l’impression d’être devant une énorme usine à gaz. L’organigramme est sans doute d’une complexité telle qu’il n’a pas été présenté.
Parlant avec l’un ou l’autre, on a le sentiment que les acteurs ne savent pas encore bien dans quelle pièce ils doivent jouer. Mais cela viendra, espérons-le.
Il faut les budgets !
Deuxième réflexion négative : qu’est-ce que cela doit coûter ! Il n’est que de voir la brochure détaillant ce plan d’action : un bouquin de 190 pages au format A4, tout en couleurs, agréable à consulter, mais franchement, il faut les budgets pour sortir cela chaque année.
Et ce n’est évidemment qu’une minuscule goutte d’eau. Il faudra payer 160 personnes et mettre sur pied des actions (au pluriel cette fois) qui représentent de sacrés budgets.
Nos bonnes idées
Du positif à nouveau : quelques bonnes idées. Je ne peux les détailler ici, mais comme je le disais en introduction, ces idées sont sans doute bonnes puisque les professionnels les réclamaient depuis des lustres, et qu’elles sont enfin d’applications ou en voie de l’être.
À titre d’exemple uniquement, citons en matière de congrès : organiser des visites techniques, donner une carte de transport aux congressistes, leur donner un package de documentation avec plan de ville et vouchers d’achats, faciliter leur accueil à l’aéroport, etc…
Un secteur privé détricoté et avalé
En fait, c’est une reconnaissance de la juste vision des choses que le secteur privé avait quant à une bonne coopération privé-public. Mais le privé ne l’a jamais obtenue : on a commencé par le démanteler, et maintenant que c’est fait, on met en pratique ses bonnes idées. Au fond, pourquoi pas ? C’est un choix de société que le service public prenne plus d’ampleur que le privé.
Mais je rappellerai quand même ceci :
Quand les acteurs privés, depuis 40 ans, allaient sur les grands salons professionnels, c’était avant tout pour vendre la destination, bien avant leurs propres services. Quand ils demandaient un support local relativement bon marché, c’était au profit de l’image de la destination. Tout le reste, ils le fournissaient, sur leurs fonds propres, sans demander aucune subvention.
La plupart des DMC de Bruxelles ont fermé leurs portes puisque toute leur valeur ajoutée, leur fonction de « one stop shop », a été détricotée et est remplie maintenant par le service public, avec l’argent de la collectivité. Les PCO ne sont pas beaucoup mieux lotis.
Est-ce forcément mieux ?
Je suis étonné de la réaction du représentant de BHA (Brussels Hotels Association), qui se réjouit de ce qu’enfin Bruxelles se vende séparément des deux autres régions…
C’est comme si le travail des prédécesseurs avait ignoré la Capitale, alors qu’on a toujours dit que Bruxelles était une formidable porte d’entrée pour tout le pays.
On est curieux de voir si cette nouvelle promotion sera plus favorable à l’hôtellerie bruxelloise. En MICE, c’est probable. En tourisme, c’est douteux, sauf si l’événementiel vient avec une offre irrésistible, et que le terrorisme nous foute la paix.
Wait and see
Il restera à me convaincre que c’est mieux qu’avant. Sans tomber dans une nostalgie de « has been » qui n’apporte rien, il reste que le moteur de l’excellence est attaché à la réussite financière d’une entreprise privée. Aussi bons soient les employés de Visit Brussels, ils n’auront que très peu cette adrénaline dont la mesure, et aussi la sanction, est double : le chiffre d’affaires, et la satisfaction du client.
Mais puisque le secteur privé a été écarté (et c’est en partie de sa faute), reconnaissons le grand mérite de l’équipe dirigeante du secteur public de l’avoir remplacé au mieux, en lui empruntant ses bonnes idées. Quant à la mesure et à la sanction, nous l’attendrons avec impatience, sans jalousie, avec un réel espoir d’optimisme.
PS (sans mauvais jeu de mots)
Pas un mot sur le piétonnier, ni en positif, ni en négatif, comme s’il n’avait aucune incidence. Finalement, en a-t-il ou pas ? Ou n’est-il qu’une péripétie ? Ce n’était évidemment pas le sujet, mais c’est un problème très exemplatif d’un choix de société encore plus général.
À quand l’interdiction des cars en ville comme à Paris ? En conséquence, à quand les dames qui iront aux soirées de gala en métro ? On ne peut pas avoir à la fois tous les avantages de l’écologie, du durable, du responsable en même temps que tous les avantages d’un secteur MICE dynamique mais exigeant.