Le projet ressort des limbes à intervalle régulier, lorsque se réchauffent les relations diplomatiques entre le Maroc et l’Espagne. Lesquelles sont aujourd’hui au beau fixe, y compris sur la question du Sahara occidental, malgré la persistance de quelques conflits territoriaux (Ceuta et Melilla). Envisagé depuis 1979, ce projet de tunnel sous-marin vise à relier les deux rives de la Méditerranée, en traversant le détroit de Gibraltar.
Les études de faisabilité ont donc repris. L’entreprise publique d’ingénierie espagnole Ineco s’est vu confier récemment un avant-projet par le gouvernement de Madrid. Mais ses promoteurs devront surmonter de nombreux obstacles dont le premier d’ordre financier : la construction du tunnel est estimée à près de 30 milliards d’euros.
Compte tenu de la topologie compliquée des fonds sous-marins (bathymétrie), les tubes dans lesquels circuleraient les trains seraient construits à un endroit où le détroit est plus large mais la profondeur moindre (jusqu’à 400 mètres tout de même – bien plus que le tunnel sous la Manche – sachant qu’un tel ouvrage doit être construit une centaine de mètres sous la mer). Le tunnel relierait ainsi Malabata près de Tanger, à Punta Paloma non loin de Tarifa. Un tunnel long de 38,5 kilomètres dont 28 kilomètres sous la mer (une dizaine de moins que celui reliant la France et l’Angleterre).
Le tunnel devra aussi connecter les réseaux ferroviaires marocain et espagnol, permettant grâce aux tronçons à grande vitesse, de relier Madrid à Rabat en moins de 6 heures. Des navettes permettraient également de transporter voitures et camions, comme le fait EurotunnelLeShuttle pour la Manche.
Les promoteurs du projet tablent sur environ 12,8 millions de passagers en année pleine. Marocains et Espagnols rêveraient de pouvoir inaugurer ce tunnel avant la Coupe du Monde de foot 2030 qui se tient dans les deux pays ainsi qu’au Portugal. Mais les plus réalistes visent plutôt une construction entre 2030 et 2040.