Pourquoi tout le monde continue d’écouter les prévisionnistes boursiers ?

Le début de l’année est réservé aux prévisions et notamment aux pronostics boursiers. Chacun sait pourtant que ces prévisions se révèlent souvent fausses, mais tout le monde continue à les écouter ou à les lire. Pourquoi ?

C’est toujours la même chose en cette période de l’année : les médias sont envahis de pronostics boursiers. Dans une très grande majorité des cas, ces pronostics se révèlent faux sur toute la ligne. 2016 n’a pas dérogé à la règle, c’est même l’une des pires de l’histoire des pronostics. Tous les prévisionnistes boursiers ont été pris de court par le Brexit et l’élection de Trump.

Si l’écrasante majorité des experts boursiers avait tablé sur les actions européennes, leurs clients en ont été pour leurs frais puisque ce sont les actions américaines qui ont le mieux performé alors qu’on disait qu’elles étaient déjà trop chères. Mais si les experts se trompent à ce point, pourquoi les écouter et pourquoi donc le succès de ces prévisions de début d’année ? La réponse est simple : la tradition boursière non écrite veut qu’au 31 décembre on efface tout, et qu’au 1er janvier, l’espoir renaît à nouveau. La fin de l’année est une sorte de grand pardon en quelque sorte.

En fait, les recommandations d’achat faites en début d’année sont également théoriques, car on voit mal les épargnants les suivre à la lettre, et vendre aussitôt toutes leurs actions pour les remplacer par les nouvelles recommandées par ces experts. C’est juste une vue de l’esprit, personne ne démarre d’une feuille blanche sauf si vous avez hérité en début d’année.

Mais bon, le rituel est là, bien ancré dans les mentalités. Mais si l’historique des prévisions est aussi médiocre, pourquoi les clients – vous et moi donc – nous nous entêtons à écouter ou à lire ces experts ? La réponse s’explique par ce que les psychologues appellent le biais d’autorité. En clair, en présence d’une figure d’autorité, que ce soit un médecin ou un économiste, nous sommes moins circonspects face à leurs avis que face à d’autres opinions.

Pire, des études montrent que nous obéissons à l’autorité même si c’est contraire à la raison ou à la morale. N’oublions pas que la Genèse nous a montré ce qui se passe quand on n’obéit pas à l’autorité suprême : on est chassé du Paradis ! Et ce Paradis ici-bas, c’est le leurre de croire qu’on peut prédire l’avenir.

La seule manière d’améliorer sans doute la fiabilité des prévisions, c’est d’imposer aux prévisionnistes d’investir leur argent selon leurs propres prévisions, et donc avoir tort leur coûterait de l’argent. Si vous pensez que l’idée est saugrenue, souvenez-vous que du temps des Romains, les architectes étaient forcés de se placer sous les ponts jusqu’à ce qu’on retire les échafaudages – de sorte que si leurs calculs étaient mauvais, le pont s’effondrait sur eux.

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