Le Lufthansa Group se trouvait en position de force avant la crise sanitaire, face à ses deux grands rivaux, le groupe IAG (British Airways, Iberia…) et Air France-KLM. Mais les positions de la maison mère de Brussels Airlines se sont affaiblies sur le Vieux Continent depuis cinq ans.
Dernier coup dur en date, son offre de reprise d’ITA Airways connait des ratées : la Commission européenne traine des pieds pour valider sa participation dans la compagnie italienne, estimant qu’une telle prise de contrôle opérationnelle pourrait fausser la concurrence et faire grimper les prix. La scandinave SAS, elle, est en train de passer sous la coupe d’Air France-KLM, au nez et à la barbe du groupe allemand.
Le ministère américain des Transports (DoT) vient par ailleurs d’obtenir de Lufthansa (deux autres transporteurs aériens sont aussi sanctionnés) qu’elle accepte de restituer 775 millions de dollars à des passagers pour annulations ou modifications importantes de vols du fait de la pandémie de Covid-19. Lufthansa doit aussi gérer des retards de livraison de Boeing. Des retards « extrêmement ennuyeux » a récemment jugé son directeur général, Carsten Spohr, interrogé par le journal suisse Neue Zuercher Zeitung, estimant que « cela nous coûte beaucoup d’argent« .
La compagnie allemande doit également gérer des problèmes d’effectifs, peinant à recruter après avoir supprimé plus de 30 000 emplois du fait de la pandémie. Cette difficulté explique en partie les grèves à répétition qu’elle subit depuis la fin de la crise sanitaire. Lesquelles grèves auraient contribué aux triplements de ses pertes au premier trimestre 2024, à elles seules à hauteur de 350 millions d’euros selon certaines estimations. Résultat, sur les trois premiers mois de l’année, traditionnellement en perte, le bénéfice avant intérêt et taxes (Ebit) de la compagnie est négatif à hauteur de 871 millions d’euros.
Peu probable donc que LH Group retrouve cette année les profits de l’an dernier. Le groupe avait dégagé un résultat net de 1,67 milliard d’euros sur son exercice 2023 (*). Et toutes les compagnies du groupe – Lufthansa, Brussels Airlines, Austrian, Eurowings et Swiss – avaient bouclé leur dernier exercice dans le vert sur le plan du bénéfice opérationnel.
Mais leurs résultats peuvent être quelque peu trompeur sur la santé du Lufthansa Group. On notera en effet que la compagnie suisse a dégagé, à elle seule, un bénéfice ajusté avant intérêts et impôts de près de 750 millions d’euros, le plus élevé de l’histoire de Swiss à ce jour. De quoi relativiser les résultats des autres transporteurs dont surtout celui de la compagnie allemande.
VDM
(*) Les deux grands concurrents du Lufthansa Group ont annoncé eux aussi de bons résultats sur leur dernier exercice complet. Air France-KLM a bouclé son exercice 2023 sur un bénéfice net de 934 millions d’euros. Un excellent résultat, pourtant bien moindre que le spectaculaire bénéfice après impôts de son concurrent IAG de 2,7 milliards d’euros, multiplié par six par rapport à celui de 2022 !