Depuis samedi, Istanbul est paralysée par la neige. D’habitude, la ville doit faire face à une semaine de neige chaque année. Une fréquence qui ne suffit pas pour investir dans les infrastructures et les services adéquats pour y faire face, comme peut le faire le Canada par exemple. Conséquence principale : annulation des vols. Mais les habitants en profitent …
Vols annulés et arrêt des transports
Les premiers flocons sont tombés vendredi, mais c’est samedi que la ville d’Istanbul a dû faire face à une véritable tempête de neige. Depuis, 40 à 65 centimètres de neige recouvrent la ville. Conséquence : annulation de certains vols et interruption du trafic sur le détroit du Bosphore.
Depuis vendredi, Turkish Airlines a ainsi annulé plus de 660 vols, tandis que 76 vols en direction de la mégalopole ont dû atterrir dans d’autres aéroports, essentiellement à cause du manque de visibilité pour les pilotes.
Quatre vols internationaux en direction d’Istanbul, en provenance d’Inde, des Maldives, d’Afrique du Sud et du Vietnam ont ainsi dû atterrir à Gaziantep, dans le sud du pays. En temps normal, l’aéroport Atatürk d’Istanbul enregistre 1.500 atterrissages et décollages par jour. Ce dimanche, le nombre d’atterrissages a été réduit à 209 et celui des décollages à 172.
Côté maritime, les garde-côtes ont interrompu tout trafic sur le Bosphore, l’un des détroits les plus empruntés au monde. Le service de transport par ferry permettant de relier les deux rives a également suspendu les traversées.
Heureusement, le métro et même le tramway ont continué de fonctionner toute la nuit pour permettre aux habitants de circuler malgré la tempête.
Les voyageurs bloqués
Plus de 10.000 voyageurs qui ne sont pas parvenus à rejoindre Istanbul ont été logés dans des hôtels tandis que 5.000 autres bloqués dans la mégalopole turque ont également été hébergés, a annoncé le directeur général de Turkish Airlines, Bilal Eksi, sur Twitter.
C’est notamment le cas de plusieurs citoyens belges. La chaîne flamande VTM indique qu’environ 14 Belges sont bloqués à Gaziantep, présents sur le vol en provenance d’Afrique du Sud qui a été dévié alors qu’il était censé atterrir à Istanbul.
Les Affaires étrangères belges suivent la situation, selon le porte-parole Michael Mareel : « Nos collègues à Ankara et le Consulat général à Istanbul rassemblent des informations sur Gaziantep. Nous ne pouvons pas encore dire combien de Belges sont concernés ». Proche des zones de conflit de par sa proximité avec la frontière syrienne, les « voyages non-essentiels » dans la ville de Gaziantep et sa région sont déconseillés par le Ministère.
Grand déblayage
La municipalité d’Istanbul a dépêché plus de 1.300 véhicules et 7.000 employés pour déblayer les rues, mais les services de la ville ne sont pas équipés pour être suffisamment efficaces.
En effet, la ville doit habituellement faire face à la neige une semaine par an, une fréquence qui ne suffit pas à justifier le coût d’investissements pour se donner plus de moyens.
Les vents se sont affaiblis et la visibilité s’améliore, permettant au trafic sur le Bosphore de reprendre progressivement ce dimanche. Les chutes de neige devraient diminuer, mais les températures resteront toutefois en dessous de zéro dans les prochains jours.
Les habitants en profitent malgré tout
Les habitants, surtout les jeunes, en profitent pour faire des batailles de boules de neige. Sur les réseaux sociaux, les photos et les vidéos pullulent. On a même pu voir le directeur de l’Institut français à Istanbul, Matthieu Bardiaux, chausser ses skis pour déambuler dans les rues !
Plus agréable encore, une piste de luge géante a été improvisée dans le centre de la ville. Dans le quartier de Taksim ou dans le parc de Maçka, on a vu beaucoup de Stambouliotes se réjouir de s’étaler dans la neige pour y laisser leur trace.
Si la neige rend les déplacements difficiles, surtout dans les rues à forte pente (qui ne manquent pas à Istanbul), la plupart des habitants se réjouissent plutôt de l’arrivée de la neige, qui donne une saveur particulière à leur ville et tranche avec l’ambiance un peu plus morose qu’avaient commencé à installer les attentats successifs.
La solidarité s’installe pour venir en aide aux personnes plus âgées qui ont plus de mal à se déplacer, et les cafés et les restaurants ne voient pas leur fréquentation diminuer.
Michaël Boumal à Istanbul