Il fut un temps où les offices de tourisme rencontraient les tour-opérateurs pour les aider à créer des produits destinés aux agences de voyage, qui les proposaient à leur tour à leurs clients…
Leur démarche était parallèlement soutenue par des campagnes publicitaires à la télé, ou d’affichage grand format, elles-mêmes soutenues par l’organisation de voyages de presse. Les offices de tourisme éditaient eux-mêmes de luxueuses brochures, ou participaient financièrement à l’édition de celles des tour-opérateurs, et louaient à grands frais des mètres carrés dans tous les salons des vacances que comptait le pays.
Triple crise
La crise, évidemment, est passée par là. Crise financière, d’abord, qui a restreint les moyens financiers de tous. Crise politique, ensuite, avec le Printemps arabe, sécuritaire, enfin, avec les attentats qui ont éclaté dans tout le Moyen Orient d’abord, avant que le terrorisme ne s’exporte dans les pays occidentaux qui le combattent.
Or le tourisme, on le sait, représente une part importante de l’activité économique de tous les pays bordant la Méditerranée, notamment, et il faut le préserver à tout prix. On a vu alors s’accroître considérablement la participation économique directe des pays dans l’activité des tour-opérateurs, à travers notamment le financement des liaisons aériennes.
Les destinations mettent la main au portefeuille
Peu de touristes le savent, mais lorsqu’ils se rendent en Egypte, en Tunisie ou dans d’autres pays « sensibles », c’est le pays de destination qui, en tout ou en partie, et d’une manière ou d’une autre, paie leur billet d’avion !
On pourrait ajouter que, compte tenu des prix qu’ils parviennent à obtenir des hôteliers en ces périodes de disette, les tour-opérateurs se font alors beaucoup d’argent sans rien faire, ou pas grand-chose, sans réel bénéfice pour le client final — mais ceci est un autre débat et fait partie, qu’on le veuille ou non, de la nouvelle donne dans l’industrie touristique.
Les contacts directs ont disparu
Les offices de tourisme interviennent aussi dans les frais de publicité ou de participation aux foires et salons des vacances. Il n’y a quasiment plus de contacts directs avec le public. La promotion d’une destination passe désormais par les opérateurs du tourisme. Pour le reste, on compte sur le bouche à oreille sur des marchés de niche, un rôle que jouent plutôt bien les amateurs qui sévissent sur le Net à travers leurs blogs et, de plus en plus, YouTube.
Vous avez dit blogueurs ? YouTubeurs ?
Le problème est que la clientèle visée est de plus en plus infidèle. Qu’on ne compte pas voir revenir ceux qui ont été séduits un jour par une phrase dans un blog ou un plan spectaculaire dans une vidéo.
D’autant qu’en Belgique, on ne compte guère qu’une petite dizaine des blogueurs « influents », qui n’attirent que rarement plus de quelques milliers de « followers », et encore, pas que dans le tourisme, et les « youtubeurs », à la différence de la France, y sont encore quasi inexistants.
Tout a changé !
En dix ans, la physionomie du secteur du tourisme a changé du tout au tout (lire : http://urlz.fr/4BoD). Mais si personne ne pouvait prévoir la vague de terrorisme — quoique… — il faut bien reconnaître que les fonctionnaires à la tête des offices de tourisme, dans la plupart des pays concernés, ont continué à vivre sur leurs acquis, assis sur leurs belles certitudes.
Mauvaise nouvelle pour eux : la recomposition du secteur touristique et les modes d’accès aux marchés n’ont pas fini de changer non plus.
(A suivre)