Liège, incomparable ! 

On pourra dire ce qu’on veut, Liège, c’est quand même autre chose ! Je parle bien sûr du marché de Noël, mais pas que…

Chaque année depuis plus de 10 ans, nous sommes quelques anciens du tourisme (tous encore actifs) à effectuer le pèlerinage à Liège. Cela commence par un lunch, mais je ne révèlerai pas l’endroit parce que c’est déjà surchargé. Un restaurant plus liégeois que Liège même, avec les grands plats de la tradition locale : cervelle meunière, tête de veau, rognons aux baies de genévrier, lard croustillant, incontournables boulets, poireaux à la vinaigrette… tout fait sur place avec des produits locaux. Un indice : c’est en Feronstrée, juste là où on commence à voir les rails du futur tram.  

Ensuite, c’est le Marché de Noël, le plus ancien du pays, et à vrai dire il est très différent des autres, à moins que mon chauvinisme fasse que je m’emballe… Grande qualité et variété des produits offerts, on a envie de s’arrêter à chaque chalet et à acheter. On trouve de tout : des spécialités gastronomiques locales comme les potées à la saucisse, des bars à vin, à bières, à alcools dont l’incontournable pèkèt, ou encore un stand de littérature et BD uniquement en wallon, depuis la grammaire et le dictionnaire français-wallon jusqu’à Astérix et Obélix qui échangent dans notre très vieille langue, savant mélange de bas-latin, de français, de bas-teuton sur un fond celtique.  

Nous avons passé un certain temps à nous mettre en train avec quelques pèkèts, avant de goûter les Irish coffees. Je précise que nous étions (presque) tous venus en train, le seul automobiliste n’a pas bu d’alcool, et d’ailleurs pour sauvegarder son anonymat, il n’est même pas sur la photo. Dommage, Denis !  

Lorenzo, qui ne connaît pas du tout la ville, voudrait y revenir en famille, et je me suis proposé comme guide. Un partant de la splendide gare “Calatrava”, on se dirigerait d’abord vers “Li Torê”, le taureau de bronze dont les attributs sont chaque année peints en rouge par les étudiants, puis vers l’église St-Jacques, peintes à l’intérieur de couleurs très vives, ensuite la cathédrale St-Paul, gothique à l’exception du mur autour de l’entrée principale, qui est roman. Sur la place, le Vierge du sculpteur Delcour est un chef d’œuvre incomparable. Le dimanche, le marché de la Batte sur les quais de Meuse (ici, on ne dit pas “la Meuse”) fait plus d’un kilomètre de long, pour s’approcher de la maison Curtius, exemple magnifique de l’architecture civile liégeoise.

S’y trouvent les musées de la Vie Wallonne, d’Ansemboug, d’armes, etc. À l’arrière, la collégiale St-Barthélemy est un chef d’œuvre d’art roman rhénan, tant il faut dire que Liège est à la frontière de l’Empire romain germanique et du monde bourguignon. On peut y admirer l’œuvre majeure de la sculpture et fonderie liégeoise de la Renaissance : les fonts baptismaux dit de St-Barthélemy. Le retour vers le centre se fait par la rue Hors-Château et ses ruelles datant de Moyen Âge, ou encore l’escalier impressionnant de la montagne de Bueren qui, jadis, conduisait aux vignobles des côteaux de Meuse.

Pour terminer, la Place du Marché, avec trois immanquables de la vie civile : la Maison du Pèkèt et son infinie variété de couleurs et de goûts, la Violette ou Hôtel de Ville de style Renaissance liégeoise, et le Perron, symbole éternel des Libertés de la ville et de la Principauté, symbole aussi de l’esprit frondeur des Liégeois, ces gens sympathiques qui vous apostrophent dans la rue, comme ça, juste pour rire un peu. 

J’en aurais presque oublié la Place St-Lambert, là même où se situe la plus grande partie du Marché de Noël, bordée de l’immense Palais des Prince-Évêques, et ornée de colonnes ajourées située à l’emplacement exact des antiques colonnes de pierre de la cathédrale St-Lambert, détruite pierre à pierre lors de la Révolution, malgré son surnom de “la Perle de l’Occident”.  

Liège, c’est vraiment autre chose…