Pendant encore combien de temps les entreprises de voyage et leurs fonds de garantie devront-elles faire face et gérer les faillites des compagnies aériennes ? Pour les membres de l’EGFATT, soit huit fonds de garantie, il est urgent que la Commission européenne consacre autant d’efforts à l’amélioration des droits des passagers des compagnies aériennes qu’elle ne le fait dans le cadre de la directive européenne sur les voyages à forfait.
La décision d’Air Belgium d’arrêter son activité passager, à compter du 3 octobre prochain, continue à faire des remous. Après l’ECTAA (notre article), c’est au tour d’une autre association de sortir du bois, l’EGFATT, l’Association européenne des fonds de garantie pour les voyages et le tourisme, pour s’insurger contre une situation récurrente qui pénalise les voyagistes : près de 150 compagnies aériennes ont laisser des consommateurs sur le carreau depuis 2017.
“Le contraste est saisissant avec la protection offerte par les entreprises de voyage à leurs voyageurs, rappelle en effet l’EGFATT dans un communiqué. Depuis 1990, la directive européenne sur les voyages à forfait les oblige à protéger leurs voyageurs de l’insolvabilité financière (et donc de la faillite)”. Les huit fonds de garantie, membres d’EGFATT, prennent cette protection très au sérieux et aident les voyageurs tout au long de l’année, soit en remboursant les sommes perdues, soit en les assistant (ou en les rapatriant) à destination”.
“Il n’est pas logique, poursuit l’association, que la Commission européenne fasse une distinction entre les voyageurs, à savoir ceux qui n’ont qu’un billet d’avion (non protégés) et ceux qui ont réservé un voyage à forfait (protégés). Un voyage à forfait est généralement une combinaison entre un vol et un hébergement ».
Mais le monde marche encore plus sur la tête, relève l’EGFATT : « Il arrive en effet que les voyagistes paient pour la faillite (ou les problèmes financiers) d’une compagnie aérienne ! Dans le cas d’Air Belgium, ils doivent acheter pour leurs voyageurs de nouveaux billets d’avion beaucoup plus chers, proposer des plans de voyage plus difficiles (seule Air Belgium volait directement depuis Bruxelles), voire être contraints d’annuler le voyage pour cause de force majeure. Dans ce dernier cas, ils doivent rembourser les voyageurs dans un délai de 14 jours, sans avoir l’assurance d’être remboursés par Air Belgium« .
« Outre les coûts purement financiers, elles subissent également des pertes supplémentaires en raison du déploiement de personnel additionnel pour mettre en ordre les questions susmentionnées pour leurs voyageurs, et ce avec un grand dévouement et entièrement au service de leurs voyageurs« .
Les fonds de garantie qui protègent ces compagnies de voyage contre l’insolvabilité financière s’interrogent donc sérieusement sur l’impact possible des faillites passées et futures des compagnies aériennes sur leurs activités.
EGFATT, avec ECTAA et d’autres organisations, demande depuis des années à l’industrie du transport aérien de mettre en place son propre fonds de garantie ou de prendre toute autre initiative digne de ce nom à cet égard. Aujourd’hui, EGFATT constate que « l’absence d’initiative au niveau de l’Union européenne pour protéger les passagers et les organisations de voyage contre les faillites des compagnies aériennes peut avoir un effet préjudiciable sur la solvabilité des organisations de voyage qui sont en effet strictement réglementées et contrôlées sur le plan financier (en raison… des réglementations de l’Union européenne)« .
EGFATT ne comprend pas pourquoi la Commission européenne ne consacre pas autant d’efforts à l’amélioration des droits des passagers qu’elle le fait pour la directive européenne sur les voyages à forfait. « Des mesures concrètes n’ont pas encore été développées pour protéger les voyageurs et les organisations de voyage contre les faillites des compagnies aériennes. Cela devient maintenant très urgent”, conclut-t-elle.
VDM
> Lire aussi : Fonds de garantie voyages : l’EGFATT qualifie l’année 2022 d’excellente