Dorothea von Boxberg a mis les pieds dans le plat, ce samedi, dans les colonnes de La Libre. Celle qui est depuis mi-avril la CEO de Brussels Airlines a en effet annoncé qu’elle allait porter plainte contre l’aéroport de Charleroi, pour concurrence déloyale. “On arrivera mieux à rivaliser avec Ryanair quand elle n’aura plus tous ses avantages illégaux à Charleroi”, a-t-elle expliqué dans le quotidien.
L’initiative, de manière indirecte, vise en effet Ryanair. En situation de quasi-monopole à Brussels South Charleroi Airport (BSCA), et davantage depuis la décision de TUI fly de se retirer de la plateforme l’hiver prochain, la low-cost irlandaise va encore y étendre ses opérations dans les prochaines semaines. Au point de représenter plus de 85% des vols sur l’aéroport carolo. Elle a annoncé en effet, jeudi dernier, l’ouverture de trois nouvelles destinations, et le renforcement des fréquences d’autres lignes existantes, à compter d’octobre prochain.
«Nous allons déployer deux avions supplémentaires (deux B737, portant à 17 le nombre d’avions basés sur cet aéroport, ndr) à Charleroi cet hiver. Nous ouvrirons sept nouvelles lignes et augmenterons la fréquence sur 30 autres lignes. Avec ces nouveaux investissements et ces nouveaux emplois, nous espérons que notre trafic de passagers à destination et en provenance de Bruxelles (*) augmentera cette année pour atteindre environ 10 millions de passagers », a précisé le patron de la compagnie low cost, interviewé par Luk De Wilde pour Business AM, en marge d’un point presse dans la capitale belge. Et Michael O’Leary de rappeler que Charleroi opère aujourd’hui à plus de 120% du niveau de trafic pré-Covid quand Zaventem est à 80%…
Michael O’Leary n’a pas non plus manqué de se présenter en chevalier blanc des consommateurs, fort d’une pétition « Protéger les survols : garder le ciel européen ouvert » ayant recueilli 1,5 million de signatures. Une pétition remise à la Commission européenne, l’appellant à « garantir les survols et la liberté de mouvement des citoyens de l’UE lors des grèves récurrentes du contrôle du trafic aérien (ATC)« .
Mais le patron de Ryanair n’aura pas non plus passé une journée complètement tranquille. Il a été entarté par deux militantes écologistes devant les bâtiments de la Commission européenne, ce qui relève plutôt de l’anecdotique. Plus préoccupant pour lui est en revanche le nouvel appel à la grève des pilotes belges de la compagnie et syndicats CNE et ACV Puls, les jeudi 14 et vendredi 15 septembre. Ce sera en effet leur quatrième débrayage en deux mois. Et ils n’entendent rien céder sur leurs revendications, notamment la restauration de leur salaire au niveau d’avant-Covid et les problèmes concernant leur temps de repos. Pas davantage que Ryanair qui campe sur ses positions et n’hésite pas à faire venir des pilotes d’autres pays européens.
Les pilotes belges de Ryanair ayant attaqué la compagnie en justice, les premières plaidoiries devant le tribunal de Charleroi sont prévues le 4 décembre.
NB : Michael O’Leary, au micro de Luk De Wilde, a rendu hommage à notre confrère Patrick Anspach qui nous a quittés la semaine dernière.
(*) Comprendre Brussels South Charleroi Airport. Ryanair s’est retiré l’an dernier de Zaventem, et n’acceptera de revenir à Brussels Airport qu’en cas de suppression de la hausse de 30% des taxes d’aéroports appliquée depuis l’an dernier.
