Les Péchés Capitaux du tourisme, en Wallonie comme en France

Peut-être avez-vous suivi mon périple annuel en France : je ne me lasse pas de cette destination qui reste la préférée des Belges et dont on ne finit jamais l’exploration de ses plus beaux coins. Cette année, comme les précédentes d’ailleurs, je ne peux m’empêcher d’avoir une réflexion sur ce qui fait l’attrait d’un pays, par comparaison au nôtre. Et je crois que la Belgique et la Wallonie en particulier ont encore énormément à apprendre de nos voisins français en matière de tourisme réceptif.

On sait que Visit Wallonia, en bonne coopération avec l’UPAV, voudrait (re)lancer un programme réceptif, et c’est évidemment une très bonne chose. Malheureusement, cette belle intention va dépendre d’un tas de facteurs qui ne sont de la compétence ni de l’un ni de l’autre : leur seul pouvoir sera le lobbying, et je les soutiens dans ce sens. D’où cet article.

Que faut-il pour attirer les touristes ? Travailler sur nos Sept Péchés Capitaux !

1.La France offre une infinité de « destinations » : sites naturels, plages immenses, trois chaînes de montagnes, des îles dont la moindre n’est pas la Corse, des villes de culture très nombreuses et plus de 150 villages d’exception sortis tout droit du Moyen Âge et tous d’une beauté à couper le souffle. Proportionnellement à notre territoire, la Wallonie a 40 fois moins de tout cela, mais on commence à mettre en valeur un énorme patrimoine qui sort des sentiers battus : c’est très bien.

2.La France offre un service qui a quasi complètement disparu en Belgique et qui pourtant revêt une importance capitale pour le tourisme : chaque ville et même chaque village quelque peu touristique propose des toilettes publiques, et donc gratuites ; il n’est pas nécessaire de mendier l’accès dans un café pour aller se soulager.

3.La nourriture est une donnée essentielle du tourisme. Et là, pourvu que nous ne prenions pas le mauvais exemple français ! J’ai pratiqué une bonne quinzaine de restaurants durant mon voyage, et une seule fois, une seule, j’ai pu manger autre chose que… des frites ! Au point que je ne peux plus les voir. Passons sur les pizzerias et autres kebabs qui envahissent les moindres villages, j’en ai déjà parlé. Il devient de plus en plus difficile de trouver un restaurant qui ose proposer une cuisine française traditionnelle, de terroir. Il faut que la Wallonie garde à tout prix ses bonnes tables et son circuit court.

4.Autre péché bien belge : faire payer l’eau ! En France, mettre une carafe d’eau à disposition des clients est chose évidente. En Belgique, l’eau est payante ! Normal pour l’eau en bouteille, mais l’eau « du robinet » est excellente chez nous et ne coûte quasi rien, alors il est temps de changer cette mauvaise habitude, n’est déplaise au secteur Horeca.

5.Ceci m’amène naturellement à parler des prix. J’ai payé 0,89 € dans une épicerie de village pour une grande bouteille de Cristalline. J’ai aussi payé 3 € pour une demi-bouteille de la même marque sur un site ultra touristique. Normal. J’ai aussi fait des courses puisque j’étais en location durant une semaine. Le seul magasin du village était un Super-U. Je m’en sortais avec une note 50% moins chère que chez nous. Nous sommes trop chers, c’est indéniable. On en connaît plusieurs raisons, mais travaillons dessus pour améliorer les choses.

6.Encore un péché capital : l’état de nos routes. Je pense que nous avons probablement les pires ingénieurs des routes au monde. On me dit que c’est dû à notre climat : comme si la France n’avait pas des hivers très rudes en montagne, des étés très chauds dans le sud, du trafic très dense dans le nord, etc. Dès qu’on passe la frontière, par exemple sur la E411 en venant du Luxembourg, on sait qu’on est en Belgique rien qu’à voir l’état du revêtement. C’est une question hautement politique, et donc de volonté. On nous avait promis que la taxe sur les poids-lourds irait à l’amélioration du réseau. On demande encore à voir.

7.Dernier point capital, et il est valable surtout pour la France : la lutte contre le surtourisme. On y arrive de plus en plus, et c’est indispensable. Le pire ennemi du tourisme est le touriste, et si nous voulons continuer à en vivre, continuer à offrir à tous la liberté et le plaisir de découvrir le monde, il faudra impérativement réguler le tourisme. En Wallonie, nous sommes encore loin de ces excès ; en Flandre, demandez aux Brugeois, par exemple, ce qu’ils en pensent.

En conclusion, du réceptif en Wallonie, oui, nous sommes pour. Mais ce n’est pas parce que quelques courageuses agences vont offrir l’un ou l’autre programme ou quelques circuits que ça va fonctionner : nous sommes un pays très compliqué où les bonnes intentions sont rarement suivies d’effets. Compliqué parce que nous ne pouvons pas capitaliser uniquement sur les beautés naturelles, sur les sites exceptionnels, sur l’offre culturelle. Il ne faut surtout pas négliger l’événementiel, en ce compris le MICE, sans quoi nos chiffres du « tourisme » s’effondreraient.

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