Le retour des Chinois, la perte de BMI et d’Air Corsica, le retrait de Thomas Cook, la venue possible d’Air Belgium : les sujets ne manquaient pas pour notre rendez-vous avec Luc Partoune, Directeur Général de Liège Airport.
Un paradoxe étonnant…
C’est tout d’abord Christian Delcourt, Porte-Parole de l’Aéroport qui nous reçoit, Luc Partoune nous rejoint peu après. Notre première question, très générale : comment se porte Liège Airport ?
Assez bien, nous dit Ch.Delcourt. Paradoxalement, Liège Airport va faire sa meilleure année, avec 400.000 passagers contre 300.000 lors d’une année « normale ». Ce n’est évidemment pas le reflet de la réalité, puisque ce chiffre est gonflé suite aux événements de mars et avril, quand Brussels Airport a fermé pendant de longs jours.
Durant ces deux mois, Brussels Airlines est venu baser 10 avions à Liège, et l’aéroport a connu 1.600 mouvements d’avions. Liège Airport a pu montrer à cette occasion sa grande souplesse opérationnelle, sa grande capacité d’adaptation. Nous avions eu l’occasion d’expérimenter cela personnellement, et Pagtour s’en était fait l’écho.
Pagtour : Quels vols passagers utilisent encore Liège Airport ?
« Les Chinois reviennent, c’est confirmé. Ils utiliseront les services de VIM Airlines, une société russe comme la précédente, et qui viendra 4 fois par semaine à partir d’avril. Il y a même des bruits qui annoncent 8 vols par semaine, mais c’est peut-être dû à l’incertitude sur le type d’avion, puisque qu’on parle soit de B-777, soit de B-757. »
PG: BMI et Air Corsica sont partis… Cela a fait mal ?
« Ce n’est jamais agréable de perdre un client, encore moins quand on a investi pas mal d’argent pour l’aider à s’implanter. BMI n’est resté que 8 mois avec ses vols Liège-Munich. Ils ont estimé avoir perdu trop d’argent… Ce qui a foiré ? De mauvais slots, entre autres, qui ne permettaient pas aux voyageurs belges d’avoir de bonnes correspondances avec des vols long-courriers partant de Munich. Un aéroport comme Liège ne peut vivre que par et pour le « feeding » en ce qui concerne les vols passagers. »
« Pour Air Corsica, c’est différent : on était arrivé au bout d’un contrat de 3 ans, les taux de remplissages étaient corrects, surtout en Juillet-Août. Mais la compagnie a aussi commis des erreurs : un site web unilingue français, par exemple, alors que Liège est à 25 km de la Flandre, des Pays-Bas et de l’Allemagne. La méconnaissance de la zone de chalandise a joué un rôle. »
PG: En voulez-vous à BSCA (Charleroi)?
« Pas du tout, la concurrence est normale. Charleroi nous a montré notre point faible : des coûts opérationnels trop élevés. CRL a une « masse critique » bien supérieure à celle de Liège, et sa taille lui permet de proposer des tarifs bien meilleurs aux compagnies. »
« Liège Airport va donc dorénavant travailler beaucoup sur la réduction des coûts. En attendant, on se positionne déjà pour les futures opérations d’Air Belgium. Le passé liégeois de Nick Terzakis est un petit atout, comme le fait que la piste de Liège est assez longue dès maintenant, alors que Charleroi doit travailler à l’allongement de sa piste. Mais Bruxelles est aussi en course, rien n’est fait. »
PG: La Flyin’Farm : un concept unique
« Un concept qui a permis d’envoyer 250 chevaux vers Rio pour les Jeux Olympiques. Liège Airport est parfaitement équipé pour l’accueil et l’ « hôtellerie » des équidés, surtout pour leur réception lorsqu’ils viennent d’un autre continent. Il faut en effet passer alors par un service de contrôle vétérinaire. Et dans ce concept « Farm », il n’y a pas que les animaux : des produits agricoles très frais sont aussi concernés. »
PG: Et les grands TO ?
« C’est donc le fret qui a une priorité de fait. Des deux grands T-O belges, seul TUI vole encore sur 4 destinations espagnoles en hiver, et en proposera 13 en été. Thomas Cook lui a laissé entièrement la place en se retirant : il est vrai que l’opérateur britannique avait visé essentiellement la Tunisie, l’Égypte, la Turquie, soit des destinations en très net recul. »
PG: Les projets ?
« Développer Airport City, une zone pour les entreprises dans le cône de bruit de l’aéroport, et Flex Port City qui constituera une 3e zone de cargo. Un nouveau bâtiment cargo sera construit sur 6.000 m², et ce ne sera pas pour TNT. De nouveaux parkings pour avions seront aménagés, de même qu’il est prévu un développement de la zone « affaires » avec un nouvel hangar. »
« Reste le problème majeur : celui de la liaison avec le centre-ville et/ou la gare des Guillemins. Les TEC n’ont pas d’argent, ou pas la volonté. Une société privée assure ces transferts sur réservation : liegeairportshuttle.com, c’est mieux que rien… »
Conclusion
Nous avons rencontré un directeur assez heureux, parce que le monde politique le laisse travailler, parce qu’il a des projets, parce qu’il n’a pas des riverains vindicatifs… Il faut savoir que Liège Airport a déplacé 6.000 personnes, 5.000 maisons ont été insonorisées à ses frais pour supporter les quelques 80 mouvements nocturnes : c’est un investissement qui assure une relative tranquillité !