Une semaine après sa formation en ligne sur l’Intelligence Artificielle à l’adresse des agences néerlandophones, EURAM a organisé un autre webinaire sur le même thème, jeudi dernier, ciblant cette fois les francophones. Un nouveau succès pour le spécialiste de la travel-tech 100% belge qui a comptabilisé plus de 120 participants.
Olivier Dewitt, Business Development Manager pour la Belgique et la France chez EURAM, avait souhaité inscrire ce webinaire dans une approche très « pratique », qu’il puisse montrer aux participants à quel point l’IA pouvait faciliter le travail au quotidien des agences de voyages et autres professionnels du tourisme. Ceci avec des outils gratuits ou du moins très abordables.
Il a d’abord rappelé ce qu’était l’intelligence artificielle générative, un type d’IA capable de générer du contenu – texte, image, vidéo, etc – à partir de prompts (requêtes). Et de faire le point sur les outils plus ou moins connus basés sur (ou utilisant) l’IA. On pense d’abord à ChatGPT développé par l’entreprise OpenAI, présent dans Bing (Microsoft), bientôt excel, word, powerpoint…
La liste est longue des autres outils et usages de l’IA, entre les logiciels de génération d’images artificielles Dall-E, Midjourney et Canva, la solution de traduction Deepl, l’assistant vocal Alexa d’Amazon, le correcteur de grammaire BonPatron, le créateur de logo Logomaster.ai, le transformateur de texte en vidéo Pictory.ai…
Dans le voyage, ses applications se retrouvent déjà dans les chatbots disponibles 24h/24 et 7j/7 (TUI), dans la tarification dynamique (ajustements des prix des hôtels/vols, dans une logique de yield-management), la personnalisation basée sur les préférences des clients, la traduction automatique des avis, les prévisions avec analyses des tendances sur bases de données historiques (une activité d’EURAM), les recommandations de visites et d’itinéraires par des offices de tourisme…
Olivier Dewitt a ensuite présenté des exemples pratiques de ce qu’on peut déjà faire aujourd’hui dans le secteur touristique avec ChatGPT. Il a ainsi montré la simplicité d’usage de l’outil pour concevoir des itinéraires, insistant sur la pertinence de la question pour avoir la meilleure réponse possible. Le principe étant de reformuler la question si nécessaire, et d’affiner progressivement sa demande.
Il a pris comme exemple la conception d’un itinéraire. Premier prompt formulé à ChatGPT : « Descriptif touristique de la ville de San Francisco généré sur une page de format A4 ». Seconde question : « Adapte le texte pour un public d’ados, avec un vocabulaire de jeunes ». Troisième prompt : « Réduit la taille du texte et résume en cinq points… ». Quatrième : Crée sur base de cette balade une communication facebook, un post instagram et un tweet.
Résultat, il faut quelques minutes à peine pour générer un itinéraire et des déclinaisons pour les réseaux sociaux, contre plusieurs heures de travail jusqu’à présent. Le gain de temps est énorme. Bien entendu, on peut recourir à l’outil pour beaucoup d’autres choses, répondre à des demandes de devis, générer des cartes basées sur les itinéraires, rédiger des e-mails d’excuse en cas de contentieux…
Chez Pagtour on se pose aussi quelques questions…
. Une première un peu basique mais fondamentale : l’IA nous fait gagner du temps. Mais qu’allons-nous faire de ce temps gagné ? Allons-nous l’utiliser intelligemment ?
. ChatGPT puise aujourd’hui les informations dans Wikipedia, des livres, des articles de presse, des revues scientifiques… Mais ces infos sont aujourd’hui antérieures à novembre 2021. On sait que les moteurs de recherche – Bing (Microsoft) aujourd’hui, Google demain – ont vocation à rassembler les informations les plus récentes au contenu généré par l’IA. Une menace pour les médias traditionnels (et pour les métiers de la communication, en fait tous ceux liés à la créativité), et pour la qualité de l’information des citoyens, sachant que l’esprit critique n’est pas le point fort de l’outil… Sur ce point, il est fort probable que les moteurs de recherche privilégiront à terme, dans leurs réponses, les contenus originaux plutôt que ceux générés par l’intelligence artificielle.. Et que ces derniers devront être clairement identifiés comme tel !
. ChatGPT nécessite aussi de sérieusement vérifier ses informations… L’Université de Hong-Kong a réalisé ces derniers mois une étude très solide sur le chiffre de pertinence de l’outil, soit la véracité des informations diffusées dans une réponse. Résultat : 64% d’infos vraies ! Imaginez-vous un instant qu’un journaliste publie un article avec 36% de réponses fausses… Sa crédibilité serait proche de zéro !
. L’IA générative soulève aussi de nombreuses questions concernant le copyright et les droits d’auteurs. Ceux qui ont recours à ces outils ont en effet un droit d’utilisation mais pas le copyright. Pour les auteurs de textes et les photographes, qui retrouvent une partie de leur « oeuvre » dans un résultat généré par ChapGPT ou Dall-E, cela nous promet bientôt de beaux débats sur le droit de la propriété intellectuelle et artistique…