Dans le voyage, le français à la peine face à l’anglais…

Dans le monde du voyage francophone, cela fait des decennies que l’on constate – avec parfois une certaine amertume – l’usage immodéré des mots anglais, et le recours aux anglicismes. Parmi les plus communs, on peut citer package, flyanddrive, roadtrip, no-show, all-inclusive, charter, earlybooking, lastminute, open-jaw, room-service, boarding-pass, code-share, stop-over, hub, billet open, pre-paid, stand-by, voucher, city-tour, MICE, travel managers… Liste non exhaustive ! Le français n’en fait pas moins de la résistance avec son propre vocabulaire : voyage à forfait, autotour, vol affrété, réservation précoce, tout-compris, dernière minute, carte d’embarquement, partage de code….

On peut dans le même temps observer l’arrivée d’une vague de nouveaux anglicismes ces toutes dernières années, associée bien souvent à des innovations technologiques, à des préoccupations d’ordre sanitaire ou environnemental.

On a ainsi vu apparaitre ces derniers mois l’expression Revenge Travel, cette volonté de compenser le temps de voyage perdu lors des confinements. Pendant le Covid s’est amplifiée une autre tendance, celle de passer ses vacances chez soi, phénomène baptisé “Staycation” (contraction de « stay » pour rester et de « vacation» pour vacances). Une notion associée parfois à celle plus ancienne de « slow tourisme”, dont on peut noter l’attraction croissante, comme en témoignent le succès de la randonnée et du cyclotourisme, l’attrait pour les voyages en train ou en bateau.

Babbel, la plateforme d’apprentissage des langues, publie un glossaire des mots et expressions populaires traduisant d’autres tendances dans le secteur du voyage. “Hay-cation” (“hay” pour “foin”) est une expression faisant donc directement référence à la campagne, soulignant une volonté de privilégier les escapades rustiques et des séjours à la ferme ou dans des granges converties. Une démarche associée parfois à une forme plus ou moins radicale de déconnexion numérique (ou “digital detox”…). Et beaucoup de jeunes ont redécouvert pendant la pandémie les vertus du wwoofing (pour « world wide opportunities on organic farms ») permettant de séjourner dans des fermes en échange de sa force de travail, démarche répondant à l’envie croissante de mettre du sens à ses “vacances”.

Les difficultés économiques actuelles (pouvoir d’achat, inflation…) soulignent une autre tendance, que certains résument par l’expression “Three-Star Travelling” (en français le “voyages 3 étoiles”), soit la volonté de certains de continuer à voyager mais avec des budgets plus serrés.

L’influence de la vie culturelle se ressent également dans les intentions de voyages. Le “Set-jetting (ciné-tourisme) met en exergue les lieux de tournage comme destination, avec 68 % des voyageurs qui envisagent d’aller à tel ou tel endroit après l’avoir vu à la télévision ou dans un film, selon une récente enquête d’Expedia. Le concept de “Book-tour (Circuits littéraires)”, qui ne date pas d’hier, a pour sa part connu une nouvelle impulsion avec l’essor du #booktok, sur le réseau social TikTok, et le pic des ventes de livres imprimés pendant la pandémie. Ainsi, la génération Z se lance volontiers dans des tournées littéraires en visitant les lieux de leurs livres préférés.

Depuis les différents confinements, de nombreuses entreprises ont assoupli leur condition de travail, notamment avec le “Work from Roam (Travail en itinérance), un nomadisme numérique qu’on associe parfois au “coworking”, à la beauté et au coût de la vie bas de certaines destinations. Avec les préoccupations environnementales croissantes, on notera aussi l’usage décuplé du mot “green”, bien souvent associé au mot “washing”…

Côté technologie, on peut bien sûr se projeter dans un avenir plus ou moins proche, anticiper sur les Virtual tours (Voyages virtuels) et les “MetaHotels” rendus populaires avec la croissance de l’IA et du métaverse. De quoi permettre de choisir et d’explorer une destination depuis le confort de son canapé, voire dans son agence de voyages préférée, ce qui est susceptible d’augmenter les réservations. Thomas Cook a introduit un survol virtuel de la ligne d’horizon de Manhattan à New York. Avec à la clé un retour sur investissement de 40 % et une augmentation de 190 % des excursions à New York…

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