L’association belge des tour-opérateurs note que l’augmentation des prix des voyages à forfait aériens réservés en début d’année, en glissement annuel, est proche de la hausse de l’inflation. Une maîtrise des prix qui peut surprendre. Explications.
Le niveau des réservations de voyages est bon en Belgique, en ce début d’année. Il laisse même entrevoir une année 2023 record (notre article du 11 avril), selon la dernière enquête mensuelle ABTO Travel Trend Report. Comme indiqué également dans l’enquête portant sur le marché des voyages organisés et non organisés (*), la hausse des prix des voyages à forfait aériens n’est « que » de 9% par rapport à l’an dernier (soit 1289 euros), en glissement annuel, contre 16% (697 euros) pour l’ensemble du marché (voir tableau ci-dessous).
Faut-il le rappeler, le prix moyen de “l’ensemble du marché” est bien plus bas car il n’inclut bien souvent que l’hôtel et pas l’avion. Au-delà de l’inflation, le prix du package aérien, lui, est donc davantage impacté par le mouvement haussier des tarifs du transport aérien, lié aux cours élevés du pétrole et donc du kérosène, à une capacité aérienne encore en dessous de celle de 2019, et probablement aussi à la volonté des compagnies aériennes de reconstituer leurs marges.
Or, la hausse du prix moyen des packages aériens semble maîtrisé, surtout sur le moyen-courrier. Un bon point pour les organisations de voyages professionnelles par l’interméiaire desquels sont réservés 86% de ces voyages à forfait en avion, comme l’a rappelé Pierre Fivet, le porte-parole de l’ABTO, lors d’une session en ligne ce mercredi présentant les résultats de l’ATTR.
“Il faut toutefois être prudent sur l’évolution des prix de 2023, car seule une partie des réservations de l’année a déjà été faite, à la différence des années précédentes, et les ventes de dernières minutes tendent à faire monter le prix moyen. Il semble heureusement que les consommateurs intègrent de plus en plus le fait que les early bookings sont intéressants et les lastminute beaucoup moins” a poursuivi Pierre Fivet. Lequel a par ailleurs indiqué qu’il était “toujours difficile de comparer les prix car de nombreux facteurs ont une influence sur le pricing”. Depuis la crise sanitaire, la reprise du long-courrier, notamment l’axe Europe-Asie, est ainsi plus lente que celle du moyen-courrier, ce qui a un impact sur le prix moyen du forfait aérien.
Les compagnies low-costs tireraient par ailleurs profit de la période actuelle, avec une partie des consommateurs regardant de très près leurs dépenses. Leurs hausses des prix semblent en effet moins perceptibles que celles des compagnies traditionnelles, lesquelles doivent en outre compenser la disparition (temporaire ?) d’une partie de la très lucrative clientèle d’affaires.
L’évolution des prix des voyages à forfait aériens peut en outre cacher des fortes disparités entre segments de marché. Otto Vanschamelhout, le directeur général d’Avitour, premier réseau volontaire d’agences de voyages belge, insistait récemment sur une “tendance à deux vitesses” au sein du marché, avec des ventes haut de gamme dynamiques quand les offres standardisées low-budget subissent davantage le contrecoups de l’inflation et son impact sur le pouvoir d’achat. Il peut s’avérer important, dès lors, d’aller chercher cette clientèle moins fortunée avec des prix adaptés à ses moyens.
« Le marché reste soumis à la loi de l’offre et de la demande”, souligne-t-on chez TUI Belgium, qui s’inscrit pour sa part dans une logique de groupe intégré doté d’avions qu’il faut remplir au maximum. “Notre bénéfice dépend bien davantage du taux d’occupation des avions que du prix du billet individuel. En ce sens, nous devons garantir des prix attractifs » expliquait cette semaine Piet Demeyere, porte-parole du leader du marché belge, dans un article publié sur le site de la RTBF.
On notera enfin que le voyage en avion reste à la seconde place (derrière celui en voiture) mais voit sa part de nouveau baisser dans la dernière enquête ATTR, au profit notamment du train. Le signe d’une plus grande prise de conscience écologique des consommateurs ? Avec à l’arrivée un prix moyen du forfait vraiment plus bas quand on privilégie le train plutôt qu’un vol moyen-courrier ? Au moins, avec le bus dont la part progresse elle-aussi (légèrement), l’on n’a pas de doute sur son impact sur le prix moyen du voyage. Une compagnie telle Flixbus fait ainsi valoir, avec un certain succès, ses tarifs très attractifs. Mais s’il commence à décarboner ses autocars longue distance, le géant de la mobilité ne vise plus désormais la neutralité carbone au plus tard qu’à l’horizon 2050…
(*) réservation d’un mode de transport et/ou hébergement, directe ou indirecte, tous canaux de vente confondus, pour au moins une nuit.