Quid des intentions de voyages de nos compatriotes pour les prochains mois, notamment sur le segment spécifique du forfait aérien ? Qu’en est-il des mois de réservation et de départ envisagés, du budget vacances prévu, des intentions de départ en dernière minute, du recours à internet pour réserver, du choix des destinations, du mode de transport, du type d’hébergement ? Les réponses en chiffres de l’ABTO.
Cela fait maintenant trois ans que le GFG Travel Intentions Report (GTIR) permet d’appréhender les intentions de voyages des Belges dans les 24 mois suivants. Un tableau de bord très instructif, diffusé tous les trimestres aux membres et partenaires de l’ABTO, l’association belge des tour-opérateurs. Cette enquête se base sur les réponses d’un échantillon représentatif de 850 citoyens belges de 18 ans et plus, une population extraite d’un panel de 35 000 contacts établi par l’institut d’études de marché et d’audit marketing GfK
Les personnes ayant répondu à l’étude – ils doivent remplir un questionnaire de 15 minutes – ont pour caractéristique de n’avoir pas encore réservé leurs prochaines vacances. Avant de commenter les résultats lors d’une session en ligne ce mercredi, Pierre Fivet, le porte-parole de l’ABTO, a d’abord insisté sur le fait que les résultats du rapport traduisaient des intentions manifestées à un instant T, et que l’on ne retrouverait pas obligatoirement les mêmes chiffres dans les réservations des sondés, surtout dans une époque aussi instable sur le plan économique et géopolitique…
Il faut aussi savoir que l’enquête, réalisée mi-février, prend en compte les intentions de voyages en Belgique et à l’étranger, dans le cadre d’un déplacement d’au moins une nuit en dehors de son domicile. Les réponses sont également celles de personnes ayant prévu de payer leur hébergement et/ou leur mode de transport.
L’ABTO a enfin insisté sur le fait que la comparaison des chiffres du 1er trimestre 2023 avec ceux de 2020 était pertinente : la toute première enquête a en effet été réalisée elle aussi au mois de février, avant que la population n’ait pris la mesure de ce qui allait se produire quelques semaines plus tard avec le Corona.
Voici donc les enseignements principaux du Travel Intentions Report du premier trimestre 2023 :
. Le pourcentage de sondés qui ont l’intention de réserver un voyage dans les 12 prochains mois reste élevé (78%), proche des résultats de 2022 (80%) et 2020 (79%) ; 7% des personnes interrogées prévoient plutôt de réserver un voyage dans les 12 mois suivants. En revanche, le pourcentage de ceux qui n’ont pas l’intention de réserver un voyage progresse encore (15% contre 11% en 2022 et 10% en 2020), en raison de difficultés financières ou d’un arbitrage en faveur d’un autre poste de dépense que le voyage.
. Plus d’une personne sur deux déclare avoir déjà réservé son voyage pour un départ dans les 24 prochains mois. Ce chiffre monte à 66% pour ceux qui ont opté pour un forfait aérien (53% en 2022, 76% en 2020), lesquels réservent plus tôt que les autres.
. Les principales raisons pour lesquelles les sondés ayant l’intention de partir n’ont pas encore réservé leur voyage dans les prochains 24 mois sont multiples. On notera notamment que 31% déclarent ne pas avoir encore décidé de leur destination, que 23% n’ont pas encore les dates de leurs congés, que 19% attendent d’en savoir davantage sur leur budget, que 15% attendent les promotions et les dernières minutes, que 17% n’ont pas encore eu le temps de s’en occuper… Pour l’ABTO, les 31% ne sachant pas encore où partir constituent une opportunité pour l’industrie du voyage, et invitent ses membres à aller les convaincre d’aller visiter telle ou telle destination…
. Les intentions de départ en dernière minute ont plutôt tendance à diminuer par rapport aux deux dernières années (mais elles restent plus élevées qu’au 1er trimestre de 2020). Et ceux qui partent notamment en voiture sont plus nombreux (20%) à opter pour le last minute que ceux qui optent pour un forfait incluant l’avion (13%). Les consommateurs semblent réaliser que les offres de voyages à forfait peuvent être plus cher en dernière minute, avec un choix restreint.
. Autre constat : l’actuel mois de mars et celui d’avril devraient compter à eux deux pour 41% des réservations pour des départs en 2023, 30% si l’on ne retient que les voyages à forfait avec un vol (17% en juillet).
. La part des réservations en ligne pour des départs dans les 24 prochains mois devrait par ailleurs s’inscrire encore en hausse sur le marché du package aérien : 64% des sondés déclarent envisager de privilégier le online (62% en 2022, 50% en 2020). L’évolution ne joue pas en faveur des agences de voyages.
. La majorité des intentions de départ, dans le cadre d’un forfait aérien, se porte sur le mois de juillet (31%), devant septembre (19%), août (18%) et mai (16%) du fait notamment des dates de vacances de Pâques en Fédération Wallonie-Bruxelles (les deux premières semaines du mois).
. Le budget moyen de dépenses maximum pour leurs vacances, d’après les intentions de nos concitoyens, s’élève à 858 euros par personne, en hausse par rapport à 2020 (769 euros) mais pas de manière spectaculaire, surtout si l’on tient compte de l’inflation. Il s’inscrit à un niveau proche de celui de 2021 où l’envie de revoyager et d’en profiter après des mois de confinement était très forte. Si l’on regarde plus spécifiquement le budget maximum par personne pour un voyage à forfait en avion, celui-ci monte à 1207 euros, largement plus qu’avant le Corona (927 euros) : la hausse atteint les 30 % entre 2020 et 2023 !
. Côté hébergement, l’hôtel est de plus en plus concurrencé par les locations de maisons, villas et autres appartements. Mais il maintient ses positions dans le cadre des voyages à forfait avec avion (84% le privilégient encore).
. L’avion reprend des couleurs (39% en 2023) mais ne retrouve pas ses positions d’avant la pandémie (49%). Le train et l’autocar progressent légèrement.
. Si nos compatriotes semblent sensibles aux problématiques climatiques et environnementales, le rapport ne note aucune évolution notable dans le comportement du “consommateur” belge depuis trois ans. Sur ce plan, un sérieux défi reste à relever pour le secteur du voyage.
. Côté choix des destinations, l’Espagne fait toujours la course en tête et progresse dans les intentions de voyage, sans toutefois atteindre les niveaux pré-Covid. La Grèce, elle, retrouve ses niveaux d’avant le Corona. Les packages aériens sur la France font un bond en avant spectaculaire, phénomène probablement liée à une offre en hausse sur la Côte d’Azur et la Corse. Le Portugal et la Croatie sont en forte croissance. Les packages aériens sur l’Italie sont en revanche plutôt en retrait. Difficile par ailleurs de mesurer les intentions sur la Turquie à un moment où le pays est secoué par un tremblement de terre. En Afrique, on peut noter la forte reprise de l’Egypte, et dans une moindre mesure de la Tunisie et du Maroc. Le Kenya et la Tanzanie font aussi leur come-back. En Asie, la Thaïlande peine à retrouver ses chiffres d’avant la pandémie.