Entre 2019 et aujourd’hui, le nombre de salariés et indépendants actifs dans le secteur a davantage diminué (-35%) que le nombre d’agences (-7,4%). Avec désormais un problème majeur pour accompagner la reprise : la pénurie de personnel et la difficulté de recrutement.
Le tourisme, on le sait, a été très impacté par la crise de Covid-19. Le nouvel outil de statistiques mis en place par la BTC (*) le confirme, fournissant des informations instructives sur l’évolution du secteur des agences de voyages, francophones comme néerlandophones, ces trois dernières années.
Le nombre d’agences de voyages a diminué, passant de 1 666 en 2019 à 1542 (pour 1005 enseignes) en 2022. Dans le même temps, le nombre de salariés et indépendants actifs dans le secteur, en tant qu’emploi principal (statistiques Stabel), est estimé à environ 6 500 aujourd’hui contre quelque 10 000 avant 2020.
Vu la différence de ratio entre la baisse du nombre d’agences (-7,4%) et celle du nombre de personnes actives dans le secteur (-35%), et au regard du faible nombre d’employés dans le millier d’enseignes (quatre sur cinq d’entre elles comptent entre un et quatre employés, dont plus de la moitié sont des indépendants), on peut penser que les diminutions d’effectifs ont d’abord concernées les plus grosses structures.
Avec l’arrêt de l’activité pendant plusieurs mois durant la pandémie, la mise en congé économique de nombreux agents de voyages et les reconversions massives dans d’autres métiers, le secteur ne manque pas de soulever aujourd’hui un vrai problème : la pénurie de personnel et la difficulté de recrutement, surtout depuis la forte reprise du tourisme l’été dernier.
La baisse du nombre d’agences de voyages ne date bien sûr pas de la crise sanitaire, loin de là. Le secteur connait une lente érosion depuis des décennies. En 2000, il comptait plus de 2 000 agences de voyages, et encore 1 850 en 2010. Les raisons invoquées sont connues. Parmi celles-ci, la désintermédiation liée entre autres au développement d’internet et des compagnies low-costs. Les nouvelles générations sont notamment plus à l’aise avec les outils leur permettant d’organiser elles-mêmes leurs voyages.
Or, les derniers chiffres de la BTC infirment plutôt cette tendance. La part des réservations en agence et chez les tour-opérateurs auraient augmenté avec la crise : 26% de part de marché avant la crise, 37% aujourd’hui. Avec en outre un recours accru aux forfaits tout compris (vol + hôtel +…). Dans une période de forte instabilité, le secteur fait en effet valoir les avantages de recourir à ses services, entre garantie financière et facilité pour joindre un interlocuteur au téléphone en cas de problème. Mais il doit probablement mieux communiquer sur sa valeur ajoutée, et améliorer l’image du secteur ternie par certaines faillites, surtout lorsque des clients ont subi une perte sèche et n’ont pas été remboursés.
Le fonds de garantie des assurances en insolvabilité y contribuera. Globalement, le secteur aura donc bien résisté à la crise sanitaire. Comme le rappelait Christophe Depreter, le Secrétaire général de l’Upav, dans nos colonnes en janvier dernier : “Nous n’avons enregistré que 11 faillites pendant la pandémie, ce qui témoigne d’une forte résilience. Et d’une capacité de rebond surprenante”.
(*) La Belgian Travel Confederation a été créée en octobre 2021 par les deux associations régionales représentatives des agences de voyages belges, l’UPAV (francophone) et la VVR (néerlandophone).