Jean-Claude Murat et son ami Harry Baum furent de grands précurseurs. Dans les années 1960, Jean-Claude, qui avait un grand succès aux USA comme agent réceptif pour la France (sous le nom de Treasure Tours International), avait eu l’idée de créer une association d’agences réceptives européennes, aptes à satisfaire la clientèle américaine, clientèle de groupe essentiellement. Il fonda le CMT, Common Market Travel, dont je faisais partie à mes débuts dans le tourisme avec l’agence Cobeltour. On y trouvait aussi, parmi ceux qui existent toujours, SM Travel en Suisse, United Tours au Danemark, Kaleva en Finlande, Risbecker en Suède, etc.
Un jour de 1972, Jean-Claude Murat vint à une réunion du CMT avec sa phrase favorite et son accent très français : “Guys, I’ve got news for you”. Et sa “nouvelle” était l’apparition d’un nouveau segment du marché aux USA, celui du voyage à motivation, ou Incentive Travel. Il expliqua aux participants qu’avec ce nouveau segment, ils allaient jouer dans la cour des grands : il ne s’agissait plus de rendre quelques services terrestres dans chaque pays, mais de devenir, comme Tom Risbecker allait le dire un peu plus tard, des managers de destination, autrement dit des Destination Management Companies : le sigle DMC était né.
Et pour travailler sur ce marché, il fallait impérativement devenir des spécialistes : c’était le moment de créer une nouvelle association, avec de gros moyens, pour attaquer cet immense marché américain du “MIC business” : meetings, incentives, conventions. Le E ne fut accolé au sigle pour devenir le MICE qu’au début des années 1980. Et en mars 1973, à Bâle naissait euromic, avec son logo au E majuscule si reconnaissable, hélas disparu.
L’association fut basée à Paris, et Jean-Claude Murat fit appel comme Secrétaire Général à un ami brillant : Philippe Duclos, celui-là même qui avait réalisé l’étude d’implantation d’Eurodisney à Marne-la-Vallée. L’association recruta parmi les grands spécialistes européens du destination management : Harry Baum dirigeait Spectra (Specialised Travel) en Grande-Bretagne. Dinos Arvanitis était en Grèce, la famille Teyema dirigeait Delta Travel aux Pays-Bas, et El Hamy el Zayat, en voyage aux Etats-Unis, inventait Emeco sur le champ. Au décès inopiné de Murat, ce sont Alan et Susan Holt qui prirent – et de quelle manière ! – le relais à Paris.
Petit à petit, euromic s’ouvrait à tout le bassin méditerranéen en accueillant des membres en Israël, en Jordanie, en Tunisie, au Maroc, mais aussi vers le nord avec la Norvège et l’Islande, et puis, dès la chute du Mur, en Russie, en Hongrie, en Pologne, en République Tchèque, en Roumanie, en Croatie… J’eus l’honneur et le privilège d’être élu de présider euromic durant trois ans, des années de grands changements géopolitiques, où l’association se cherchait entre un groupe d’affaires et une “famille” au marketing commun.
Le XXIème siècle voyait l’association s’ouvrir encore plus en devenant mondiale, avec l’arrivée des grands pays d’Asie-Pacifique, d’Afrique et d’Amérique Latine, sous la présidence de Giancarlo Carrera, SM Tavel Genève, et avec l’appui d’un Secrétariat Général (Christophe Verstraete) à Bruxelles et d’un Manager (Joe Lustenberger) à Chicago.
euromic est toujours le leader incontesté du MICE dans le monde : malgré l’apparition de nombreux groupements concurrents, malgré la disparition de grands entrepreneurs, les hommes et les femmes changent, mais le leadership demeure ! Souhaitons encore 50 ans de succès à euromic !