Ducasse d’Ath ou l’entrisme du wokisme dans le tourisme

Après Alost, l’Unesco retire de sa liste du Patrimoine Immatériel un autre événement belge, jugé lui aussi raciste. Lequel existe depuis le XVIe siècle et rassemble des dizaines de milliers de personnes le dernier week-end d’août. Réflexions.

Entendons-nous bien : tout le monde devrait être “woke”, terme argotique pour “awake”, éveillé. Mais on se méfie toujours des mots en “isme”, parce que le plus souvent ils sont une caricature, une exagération du mot originel.

Penchons-nous sur les définitions qu’on trouve sur le web, chez Wikipedia par exemple :
-Le wokisme désigne le fait d’être éveillé face aux discriminations ethniques, sexuelles, etc.
-Expression politique et polémique utilisée pour stigmatiser une vision radicale de la justice sociale et de la défense des minorités.

Le quotidien La Libre avait récemment publié une analyse plus profonde, plus sociétale, qui fait penser aux Gilets Jaunes, regroupant les mécontents de tous bords, depuis les pourfendeurs des prix du pétrole jusqu’aux libertaires sexuels en passant, évidemment, par les anticapitalistes, anticolonialistes, anti-flics, et j’en passe. Et tous n’ont pas tout à fait tort, bien sûr. 

Voici donc ce que disait La Libre : “En ce sens, le tenant de la pensée woke entend combattre un système, un mode de vie, une culture (le « patriarcat blanc » par exemple)”.

On vient d’en avoir un mauvais exemple avec le bannissement par l’UNESCO du Carnaval d’Ath, pour la raison qu’il s’y trouve un personnage traditionnel, le “Sauvage”, qui est noir de peau. Eut-il été blanc, cela ne posait pas de problème, il pouvait bien être sauvage. Ce n’est donc qu’un mauvais choix de couleur.

Ce qui semble outrancier dans le retrait de ce carnaval de la liste du Patrimoine Mondial Immatériel, c’est qu’un organisme multiculturel dont le but devrait être de protéger les traditions séculaires recommande un changement dans l’une de ses traditions, plutôt que d’en accepter le côté humoristique.

Les “Blancs Moussî” du Carnaval de Stavelot représentent ironiquement les moines de l’abbaye, habillés de blanc, avec un long nez rouge. L’Eglise catholique aurait un argument pour le faire retirer de la liste du patrimoine, non ? Les pénitents de Furnes ou de Lessines sortent cagoulés, ce qui en principe est interdit, et en plus il s’agit d’une cagoule pointue, type Ku-Klux-Klan : une honte !

On pourrait multiplier les exemples à l’infini : il y a toujours et partout des personnes qui ont une opinion allant à l’encontre d’une tradition, d’un folklore. On s’attaque maintenant aux carnavals, comme on s’est attaqué à Hergé à cause de Tintin au Congo, reflet d’une société colonialiste des années 1930, alors que personne n’a porté plainte quand les “mauvais” de ses albums portaient un patronyme japonais ou grec !

Le tourisme est un facteur de connaissance des autres cultures, et donc d’échanges. Et il intègre aussi le passé de toutes les cultures qui devient au fil du temps des traditions. Ne tuons pas ces traditions sous de faux prétextes. Une personne à la peau noire devrait être fière de la couleur de sa peau, un couple homosexuel ne devrait jamais cacher ses préférences, un village ne devrait jamais devoir changer ses traditions sous prétexte de ne pas offenser “une minorité”. Parce que, dans le monde, il n’y a que des minorités, des milliers de minorités. Laissons-les vivre selon leurs coutumes.

Je terminerais par cette citation du poète et auteur André Velter : « Toute la morale que l’on nous vend,  avec ses longs cils de bébé-phoque, avec son rot d’évêque analysé, avec sa camisole de farce télévisée, toute la morale que l’on nous vend est un neuroleptique, tisane du piètre, tison mourant, théine éventée et atone  qui changent le sang en cendre, la passion en passoire  et le jus des couilles en gomme pasteurisée ».

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