«Le pire est arrivé… et pourtant, les Bourses sont euphoriques»

Le pire qui pouvait se produire en Bourse a eu lieu au cours des derniers mois. Pourtant, plutôt que de sombrer, elle est euphorique, enchaînant record sur record. A croire que la Bourse a décidé de ne se focaliser que sur les bonnes nouvelles en dédaignant les mauvaises.

Généralement, quand le pire des scenarii se produit, on ne se sent pas bien, on est dans ses petits souliers et on sue souvent à grosses gouttes par peur des conséquences. C’est vrai sauf en Bourse. Souvenez-vous, en quelques mois seulement, le pire de ce qui était possible est arrivé et pourtant les Bourses sont littéralement euphoriques en cette fin d’année.

Le pire c’était quoi ? En juin : la sortie de la Grande-Bretagne de l’Union européenne. Les experts nous avaient dit que ce serait un désastre et qu’il y aurait du sang sur les murs de la Bourse.

Résultat : après quelques jours, tout est rentré dans les rangs et la Bourse de Londres a effacé toutes ces pertes post-Brexit. Le pire, c’était aussi la candidature de Donald Trump. Accusé de tous les maux de la Terre, le milliardaire new-yorkais a remporté l’élection présidentielle. La Bourse lui rend pourtant hommage chaque jour qui passe en enfilant record après record.

Le pire, c’était quoi encore ? Mais le pire venait de nos amis italiens qui devaient absolument voter en faveur du référendum sans quoi leur pays allait plonger dans un chaos indescriptible. Dans le cas contraire, les banques italiennes qui sont déjà très mal en point allaient tomber en faillite les unes après les autres.

Au final, les Italiens ont voté « NON » au référendum, et non seulement les Bourses sont restées de marbre, mais en plus, l’indice VIX, le fameux indice de la peur de la Bourse qui mesure la nervosité des opérateurs, n’en finit pas de chuter.

Traduction en français courant : cela veut dire que non seulement, les bourses sont euphoriques, mais qu’en plus, elles sont sereines. Bien entendu, les mêmes experts qui prédisaient hier la fin du monde sortent des explications pour justifier l’exagération de leurs propres prédictions et pour justifier l’injustifiable.

« En quelques mois seulement, le pire de ce qui était possible est arrivé et pourtant les Bourses sont littéralement euphoriques en cette fin d’année. »

C’est le propre des experts de retourner leur veste avec le même aplomb, mais encore faut-il le faire intelligemment. Exactement comme les médecins de Molière parlaient latin pour masquer leur incompétence, ces mêmes experts jargonnent.

Sauf qu’aujourd’hui les mots financiers anglo-saxons ont remplacé les mots latins, l’esprit y est tout de même. Un seul exemple : on nous dit que si la Bourse américaine est en phase ascendante, c’est aussi parce que certains investisseurs ont compris que les taux d’intérêt sont en train de remonter.

Donc, plutôt que de garder des obligations d’Etat qui ne rapportent rien, ces mêmes investisseurs sont en train de vendre leurs obligations pour acheter des actions américaines.

Ce sont pourtant les mêmes qui vous disaient 15 secondes, avant « que les actions américaines sont déjà très chères ». Cela qui signifie que la hausse actuelle est en quelque sorte malsaine. Bien entendu, ces mêmes experts ont réponse à tout et leur argument suprême, c’est « mais cette fois, c’est différent et je vais vous le démontrer ».

Évidemment, si cette fois c’est différent, que voulez-vous que je vous dise ? Je m’incline jusqu’à ce que ce même expert m’explique demain ou après-demain pourquoi le krach qu’il n’a pas vu ne pouvait que se produire parce que « voulez-vous, cher ami, les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel ».

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