Le domaine des grottes de Han, troisième site touristique wallon, combine parfaitement les deux activités (re)découvertes par les Belges pendant la crise sanitaire et qu’ils continuent de favoriser : le tourisme local et la marche. Il constitue une visite en famille idéale – surtout depuis l’ouverture du Cocoon Village qui incite à un séjour prolongé bienvenu.
Plusieurs générations y ont déjà fait la file et le site reste incontournable. D’autant qu’il a su se renouveler et, malgré le côté grosse machine touristique qui n’échappe pas aux adultes, il reste assez authentique pour les plus jeunes, les grands qui ont gardé leur âme d’enfant, les amoureux de la nature et les marcheurs.
Domaine privé imbriqué dans la minuscule commune de Han-sur-Lesse depuis 1856, le site famennois est, aujourd’hui encore, géré par les descendants d’Edouard de Spandl qui acheta les terres en 1856 avant de transformer la cavité sous-terraine en attraction. Cent ans plus tard, ses descendants inauguraient un parc animalier. Et, aujourd’hui, le site est la troisième attraction touristique wallonne – après les incontournables Walibi et Pairi Daiza -, et peut se targuer d’être l’unique Géoparc mondial UNESCO en Belgique.
Un label prestigieux qui épingle une zone géographique et géologique qui respecte un développement holistique et durable – seuls 177 parcs au monde à ce jour. La grotte recueille aussi trois étoiles au Michelin, le parc animalier étonnamment une seule – et quelques restos des alentours sont mentionnés par le guide qui s’est sans doute voulu bienveillant. A part, peut-être, à l’hôtel Mercure avec la cuisine des frères Dewitte, la gastronomie n’est pas l’attrait numéro un de la destination.
La repriseLe premier bilan post-covid et post inondations semble prometteur. Sur le terrain, pour une fin août, en semaine et alors que, déjà, certaines animations n’étaient plus programmées, nous avons croisé de nombreux touristes autochtones et étrangers. On sent le besoin de bouger et de s’offrir du bon temps, même pour une journée.
Le domaine devrait donc renouer avec les résultats de 2019 et ses trois mille visiteurs par jour, même si l’on sent que quelques dommages seront peut-être irréparables. Ainsi, lorsqu’on traverse le village de Han, le long de la Lesse et des rails du tram centenaire, la bien nommée rue des Grottes, fait un peu grise mine, avec plusieurs restaurants et boutiques fermés. Même Han 1900, le musée de la Vie paysanne et des métiers oubliés, a rangé ses milliers d’objets, de mannequins et de scènes reconstituées et on raconte qu’il ne rouvrira plus.
La grotte : la star
Dans le temps, on se rendait sur le site naturel en train puis une calèche menait jusqu’à l’entrée, on visitait les galeries un flambeau à la main et on en ressortait dans une barque au son d’un coup de canon. On continue de découvrir les entrailles du massif de Boine et ses salles grandioses jusqu’à plus de 80m sous terre mais le flambeau est devenu une lampe LED sur un très petit trajet et des passerelles ont été érigées au-dessus de la Lesse pour pouvoir passer en toutes saisons si le niveau d’eau augmente – sauf lorsque de fortes inondations, comme l’an dernier, envahissent tout le site.
Nous optons pour la visite exclusive intitulée un peu pompeusement Il était une fois la Grotte de Han sous lumière interdite. Embarquement à 8 personnes à bord du tram 974, trois voitures ouvertes, anciennement la ligne qui reliait le village aux rochers de Faule – aujourd’hui le quartier d’une série de rapaces dont un célèbre Grand-Duc filmé jour et nuit. Ensuite, entrée par une faille secrète, pas très loin des files qui s’allongent devant l’entrée principale et qui seront réparties par groupes francophones et néerlandophones avec départ toutes les demi-heures, tous les quarts d’heure en haute saison. Les groupes gonflent parfois jusqu’à 80 personnes et on prend rapidement conscience de notre chance. Le meilleur des guides – certains sont là de génération en génération, d’autres sont des étudiants, tous passionnés- ne peut répéter son texte en espérant intéresser autant de monde à la fois.
Des trop grands groupes – préférez l’exclusivité
Les commentaires sur le plus grand réseau souterrain du pays – 14km dont on ne parcourt que 2km et 508 marches – sont pourtant intéressants. Les concrétions millénaires, la mer tropicale qui trônait sur nos contrées il y a 385 millions d’années, la Lesse omniprésente, tantôt souterraine, tantôt à découvert, les coulées de calcite et les œuvres d’art naturelles retiennent même l’attention des plus jeunes.
Le modeste son et lumières dans la salle des Armes, inclus dans les deux formules, emporte le visiteur aux origines du monde – ou dans son imagination puisque le spectacle de l’artiste-concepteur tournaisien Luc Petit navigue entre le centre de la terre et l’espace. Et les plus passionnés peuvent en apprendre davantage en continuant l’exposé au Prehistohan, le musée qui profile les traces de l’homme dans les grottes depuis la préhistoire, en présentant les travaux des archéologues, des images des galeries et des salles inaccessibles et l’âge de Bronze sous verre et sur écran.
La visite exclusive dure 2h au lieu des 90 minutes pour les moins chanceux – mais qui sortent des entrailles de la terre tout aussi ravis – et il faut toujours porter de bonnes chaussures et un pull – la température oscille entre 9° et 13° mais le taux d’humidité avoisine les 95%. Signe que des surprises ne sont jamais impossibles : des archéologues/spéléologues sont toujours sur le site et continuent de divulguer au compte-gouttes des informations scientifiques. Enfin, bonne nouvelle à l’arrivée : il se dit qu’en 2023, la barque fera sa réapparition, comme dans le temps !
Le parc – 650 animaux
Evidemment, le débat sur la captivité d’animaux constitués pour vivre sur d’autres continents ou dans d’autres conditions reste entier et concerne tous les parcs animaliers. A Han, on insiste sur le concept de « réserve animalière » et pas de « zoo », et sur le processus qui consiste à n’accueillir que des animaux nés en captivité dans d’autres parcs ou, exceptionnellement, issus de leur milieu naturel mais blessés et menacés et donc incapables d’y retourner.
Une fois la chose posée, autant profiter de ce qui est sous nos yeux et qui ne manque pas d’intérêt. Partenaire de Natagora pour le gage de sérieux et de respect de l’écosystème Zone Natura 2000, le parc animalier du domaine des grottes de Han sur Lesse réduit donc le parcours accessible à pied à près de 6km, sur un parc qui s’étend sur 250 hectares. La découverte individuelle est donc tout à fait possible même si le fléchage du parcours n’est pas optimum.
Les chances d’apercevoir ou même de très bien observer quelques-uns des 650 animaux présents sur ces terres sont très grandes. Les espèces, en grande partie endémique de nos forêts (de très nombreux cervidés, renards, bovins ou sangliers), proviennent de toute l’Europe et sont, pour la plupart, protégés – comme le bouquetin, le tarpan, de nombreux oiseaux et rapaces et les Big Five du continent : loup, lynx, ours, glouton et bison.
Vitrine en plein air d’une population en « semi-liberté », le parc se visite aussi avec un ranger. Ici aussi, l’exclusivité vaut la dépense : Le parc rien qu’à vous à l’aube ou au crépuscule, en-dehors des heures d‘ouverture, à 7h30 ou à 17h45, est réservé à un groupe limité à 15 (nous étions 8). La formule est évidemment le gage de rencontres plus intimes et de découvertes de sentiers moins fréquentés. Il faut en effet du calme pour déceler, au sol, parmi les broussailles, ou sur un nichoir, les oiseaux, lièvres, marmottes, rainettes vertes nouvellement réintroduites ou le majestueux grand-duc. Le matin, les familles et les photographes raffolent de ces instants suspendus où l’on assiste au réveil de la nature.
Sur la trace des big five européens
Le départ a lieu près des grottes et prévoit trois heures avec des explications sur la nature qui emballe les huit participants, toutes générations confondues. Il est question de géologie, de biodiversité, de la flore, des animaux croisés ou seulement entrevus. Le comportement des espèces, les jeux, conquêtes ou accouplements, le mouvement des oreilles, le nombre de petits par portée, le nom des loups, les races recomposées. Après une halte croissant-café sur la terrasse du Tivoli, l’ancien terminus du tram à la vue plongeante sur la chavée, (l’ancien lit de la Lesse qu’on longe au retour, immense plaine de jeux des troupeaux de cervidés et des chevaux sauvages), la ranger tente de rattraper le retard et nous évitons quelques passerelles et canopées d’où le panorama est gigantesque – mais que nous repérons pour préparer la suite de la visite le lendemain.
Au gouffre de Belvaux, où la Lesse entre sous terre, on comprend encore mieux l’histoire de la grotte visitée la veille. Les enfants courent devant et reviennent lorsque les commentaires les intéressent. Ils traquent à l’évidence les plus plébiscités du parc : les loups (le loup gris et le loup arctique, plus habitué à vivre à -50° qu’aux 32° de ce mois d’août) et les ours. S’ils sont au rendez-vous, il faudra attendre le lendemain et une seconde randonnée plus ciblée vers la colline aux ours pour assister à une heure de jeux en famille généreusement offerte par les ursidés.
Le top 3 : glouton, ours, loup
L’idéal, en effet, est de combiner la visite exclusive du parc à quelques heures de marche supplémentaire en liberté et au circuit opéré par le safari-car – objet roulant hybride entre le train et le camion remorque ouvert. Ce qui signifie jusqu’à une dizaine de km par jour mais la récompense est à la hauteur de l’effort. Les plus jeunes ne rechignent pas à avaler les distances s’il y a un loup ou un glouton à observer ou une traque à la jumelle improvisée depuis une plate-forme.
Le camion est idéal pour ceux qui veulent grimper plus haut sans trop se fatiguer et écouter les commentaires des guides-chauffeurs dont les profils sont pittoresques. Il y a les comiques, les plus studieux, ceux qui parlent beaucoup, ceux qui ont appris le texte par cœur, les bilingues et les qui ont plus de mal avec la langue de… Voltaire – oui, oui, il y a plus de visiteurs des Pays-Bas et de Flandre que de Wallonie et Bruxelles, alors le domaine s’adapte ! Attention, le camion ne s’arrête pas au pont suspendu de 200m qui surplombe les arbres et offre un panorama exceptionnel sur la vallée, ni près de l’enclos des gloutons qui semblent pourtant être les favoris des visiteurs. N’hésitez pas à prendre le temps de les chercher à la jumelle.
A suivre…
Texte et photos Movi press
PRATIQUE
Désormais, on achète et on réserve en ligne. Si on n’a pas d’imprimante, on montre son smartphone à l’entrée. Le site a beau exister depuis 250 ans, il faut s’adapter aux nouvelles technologies – et aux crises sanitaires… Un petit bureau sur la plaine du Dry Hamptay reste disponible pour la vente directe mais la billetterie pittoresque qui trônait au milieu du village est définitivement fermée.
De nombreux organisateurs de voyage, souvent « d’un jour », programment la destination. On recommande aux agences de voyage de ne pas l’oublier dans leur offre sur les Ardennes belges.
Plusieurs formules sont possibles :
– le PassHan (grottes + parc + musée PrehistoHan). Vous pouvez étaler les activités sur plusieurs jours mais, attention, une seule fois.
– la Grotte (+ musée).
– le Parc animalier (+ musée).
– le Gold Pass annuel. C’est le sésame des accros ou des visiteurs de la région dont certains reviennent régulièrement. Accès illimité à tout le domaine, réductions sur certaines visites exclusives, nuitées et boutiques. Avec des avantages auprès d’une trentaine de partenaires en Belgique et en France, aux Pays-Bas, en Pologne, en Allemagne – des parcs animaliers ou d’attractions comme Walibi, Pairi Daiza, Nausicaa ou le fantastique Spark OH.
– le séjour Cocoon Village (Passhan + réductions et animations exclusives)
Les sites utiles :
http://www.grotte-de-han.be/fr
https://tickets.grotte-de-han.be/fr
https://grotte-de-han.be/glamping/cocoon-village
[email protected] +32 (0)84 37 72 13
Attention, le stationnement est peu aisé pour ceux qui n’optent pas pour la formule Cocoon Village où un parking privé et surveillé est à disposition – sinon, deux aires de stationnement dans le village sont payants.
Trois indispensables : des bonnes chaussures, des jumelles et une couche supplémentaire pour la grotte.