«L’usine du futur aura seulement deux employés: un homme et un chien.»

Plus le temps passe et mieux on semble comprendre le pourquoi du désarroi de la classe moyenne aux États-Unis et la raison pour laquelle elle a voté en faveur de Donald Trump.

Comme souvent, les raisons sont d’abord économiques. Aujourd’hui, les économistes nous disent que les États-Unis ont un taux de chômage plus faible qu’en Europe. Il est en effet de 4, 6%. Mais c’est oublier de préciser que ce si taux est aussi faible, c’est en partie parce que certains Américains sont découragés de trouver un emploi et sont sortis des statistiques des demandeurs d’emploi.

Surtout, c’est faire l’impasse sur le fait que la plupart des jobs créés sont des jobs d’indépendants. Autrement dit, pour tenter de nouer les deux bouts, 68 millions d’américains exercent aujourd’hui un job complémentaire à leur job principal.

Aux Etats-Unis, il existe une expression pour désigner ce phénomène, ils parlent de « woorking poors », soit, les « pauvres qui ont un travail ». Comment expliquer ce phénomène ? Tout comme en Europe, c’est la faute aux délocalisations et à la robotisation.

Le Figaro rappelait à juste titre que Warren Bennis, un spécialiste du management aux Etats-Unis, disait que « l’usine du futur aura seulement deux employés. Un homme et un chien. L’homme aura pour tâche de nourrir le chien. Et le chien sera là pour empêcher l’homme de saboter les machines ».

« L’usine du futur aura seulement deux employés: un homme et un chien. »

Bien entendu, il n’y a pas que les robots qui ont détruit les jobs des classes populaires et des classes moyennes aux États-Unis. La géographie a aussi joué son rôle. En l’occurrence, c’est la Chine qui s’est invité au festin et a piqué, selon les estimations, un peu plus de 2 millions d’emplois. C’est la raison pour laquelle Donald Trump attaque aussi férocement la Chine. Il l’accuse d’avoir manipulé sa devise et d’avoir pratiqué le dumping social pour lui permettre d’accomplir, selon ses dires, « le plus grand vol de l’histoire ».

Conséquence: le « made in China » pousse en priorité les mâles blancs au suicide. Mes confrères du Figaro rappellent que ce n’est pas une figure de style, mais une réalité mesurée par plusieurs institutions.

La classe moyenne blanche est frappée par ce fléau du suicide, lié lui-même à l’abus d’alcool et même de drogue prise sous forme d’anti-douleurs. D’après le prix Nobel d’économie Angus Meadon, cette « hécatombe » est comparable au nombre de morts liés à l’épidémie du Sida depuis l’apparition de la maladie dans les années 1980. Le secret honteux de l’Amérique, c’est que cette hécatombe a surtout sévi parmi « les hommes blancs, sans diplômes universitaire et les plus impliqués dans les emplois industriels ».

Voilà pourquoi ces personnes ont voté massivement pour le changement et contre Hillary Clinton censée représenter l’ordre ancien, le statu quo, l’immobilisme. C’est Paul Valéry qui disait que « le monde ne vaut que par les extrêmes et ne dure que par les moyens ».

Or, cet aphorisme de bon sens ne semble plus respecté aujourd’hui. Le pire danger qui guette « les gens moyens » c’est leur sentiment d’inutilité ! Et ça, c’est souvent la porte ouverte à un sentiment de révolte.

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