On a beau être sensibilisé aux problèmes environnementaux, il semble qu’il y ait encore une très grande proportion de personnes qui ne comprennent pas l’urgence. C’est surtout aux Etats-Unis que l’aveuglement persiste, puisque depuis peu, la Chine soumise à une sécheresse comme jamais auparavant semble enfin se soucier du problème.
Aux USA, une société nommée Boom est en train de construire un nouvel avion supersonique appelé à remplacer l’inoubliable Concorde. Jusqu’ici, on se dit que si les actionnaires veulent perdre leur argent, c’est leur problème. Mais là où on commence à s’inquiéter, c’est que le projet a des chances d’aboutir : American Airlines vient de marquer son intérêt et même de prendre des options sur cet appareil ! Il faut espérer que des progrès en matière de nuisances sonores soient réalisés, parce qu’on voit d’ici pleuvoir les interdictions de survol. De plus, cet avion sera comme le Concorde, très petit et fin, ce qui se comprend en matière d’aérodynamisme ; mais cela veut dire aussi qu’il transportera peu de passagers, et donc nouvel assaut écologiste : quelle pollution pour un type de transport presque privé.
On pense aussi naïvement que les jeunes sont bien plus sensibles que les plus âgés face à la préoccupation environnementale. Aussi quelle n’a pas été ma surprise hier, d’entendre un étudiant présentant son mémoire de fin d’études sur le “Tourisme de découverte”. Il y affirmait que la seule découverte qu’il reste à faire à la plupart des hommes, c’est l’espace. Et il plaidait pour le tourisme spatial, dans les versions de Musk, de Bezos ou de Branson, allant jusqu’à montrer les projets de vol en “fusée”, pour un Londres-New York en 29 minutes, par exemple. Sans compter le temps pour s’équiper, ou passer une visite médicale…
Que la recherche se poursuive dans l’espace, personne de sensé ne s’y oppose. Mais ce tourisme spatial est réservé à une toute petite élite très fortunée (un demi-million de dollars pour un vol !) et ne sera jamais admise par les plus intégristes des groupes de pression. Parce que ce qui sera attaqué, c’est le symbole, pas les quelques rares vols eux-mêmes. Symbole de grosse fortune évidemment, alors que dans le même temps, d’autres font des efforts pour voyager plus “vertueux”.
À ce propos, une info est parue au début du mois d’août, sur une application bien utile pour les voyages en train. Elle permet de voir sur une carte toutes les destinations accessibles en train en 5 heures maximum, soit en direct, soit avec une correspondance de 20 minutes maximum. L’appli s’appelle Chronotrains. Evidemment, à côté des vols en fusée de 30 minutes, cela paraît un rien rétrograde. Mais plus vertueux, sûrement.
Marc Dans
