Cet été, alors que l’Europe souffrait de la sécheresse et des incendies, des militants ont pris pour cibles des golfs. Le parti écologiste français (EELV) multiplie lui aussi les sorties depuis quelques jours, soulevant le débat dans les médias sur les jets privés et les piscines. Pas un mot en revanche sur le projet de supersonique Boom qui pourrait bien ne pas être des plus vertueux…
Des militants s’en sont pris à des jacuzzis cet été, à Gérardmer dans les Vosges. D’autres ont eux aussi choisi la manière forte pour dénoncer l’usage de l’eau pour arroser les golfs. A Toulouse, ils ont bouché les trous de deux greens avec du ciment. Toujours en France, dans les Yvelines, ils ont planté un potager sur un parcours…. Les golfs ne sont pas, il est vrai, soumis aux mêmes restrictions d’utilisation d’eau que les autres entreprises françaises et les particuliers. “Mais seuls les greens sont arrosés, soit une surface qui ne représente que la moitié d’un terrain de football” (1 à 2 % de la surface totale du golf, ndr), rappelait récement à l’AFP Nicolas Astier, directeur du golf de Garonne, l’un des deux parcours toulousains sacagés par les militants. Certains voient dans le choix de s’attaquer au golf une approche très sociale de l’écologie, en mode lutte des classes, avec la volonté de fustiger les loisirs des plus privilégiés. Et les mêmes de souligner l’importance de l’emploi et des recettes touristiques générés par ce loisir.
Les écologistes français ont depuis porté le combat sur un autre terrain, celui des jets privés, indiquant il y a quelques jours qu’ils souhaitaient les voir purement et simplement interdits. Les plus riches sont là encore pointés du doigt, à l’heure où les plus modestes sont invités à faire preuve de sobriété énergétique. L’aviation d’affaires est en effet coupable d’émettre dix fois plus de dioxyde carbone qu’un vol à bord d’un avion commercial.
Les autorités françaises ont rapidement réagi avec quelques propositions, suggérant par exemple d’interdire les vols en avion privé – comme inscrit dans la loi Climat et Résilience pour l’aviation commerciale – lorsqu’il existe une alternative en train, sur des trajets de moins de 2h30 (lire aussi l’article de notre confrère DéplacementsPros).
Julien Bayou, le chef de file d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) et député de Paris, a enfourché un nouveau cheval de bataille cette semaine : les piscines privées. Les interdire ne serait pas à exclure, selon lui, même si cela ne devait n’intervenir qu’«en dernier recours». Il existe pourtant, en France, une alerte de niveau 1 qui interdit déjà les remplissages de piscines privées lors des épisodes de sécheresse (sauf remise à niveau nocturne ou quand la piscine est neuve et qu’il faut la remplir). Et les propriétaires de piscines de rappeler qu’ils ne renouvellent l’eau que tous les quatre ou cinq ans, du fait de son filtrage.
On n’a pas en revanche entendu les écologistes sur un autre projet, Overture, le futur avion de ligne supersonique mis au point par l’américain Boom. American Airlines s’est engagé cet été à acheter 20 exemplaires du successeur du Concorde, avec une option sur 40 autres appareils, ceci un an après la commande de United Airlines (15 avions plus 35 options). A l’heure où le transport aérien s’inscrit dans une démarche volontariste de décarbonation (propulsion électrique ou hydrogène, carburants verts…), qui malheureusement ne donnera pas ses pleins effets avant au moins deux decennies, on peut s’étonner de voir lancé un tel avion (le premier vol commercial est prévu pour 2029). Mais ses promoteurs, anticipant d’éventuelles critiques, ont déjà prévenu qu’il pourrait voler en utilisant 100% de carburant durable.
Possible mais les compagnies aériennes seront loin, à cet horizon, de pouvoir satisfaire leurs besoins en SAF (pour “sustainable aviation fuel”). Air France, par exemple, pourtant résolument engagée dans une politique de réduction des émissions de CO2, compte incorporer au moins 10% de ces carburants sur l’ensemble de ses vols d’ici à 2030, et 63% en 2050.
Le Boom d’Overture pourrait bien, dans un premier temps, se montrer très peu écologique. Et le prix élevé du billet en faire un produit plutôt élitiste. Il pourrait bien devenir lui aussi un symbole à abattre. Tout comme le tourisme spatial. Nul doute que cet avion devra franchir de nombreux obstacles avant de commencer à voler…