Un bon patron doit-il être parano?

Eric Everard. © belga

Aujourd’hui pour survivre dans le monde du business, il faut être rapide, très rapide surtout à une époque où la seule certitude, c’est l’incertitude…

J’ai assisté, hier soir, à l’exposé d’Eric Everard (1), l’un des plus brillants entrepreneurs de Belgique francophone. Il devait expliquer à son audience comment sa société Easyfairs, spécialisée dans l’organisation de salons en Belgique et à l’étranger, a doublé de taille en 5 ans et cela pendant 20 ans.

Ce qui m’a frappé, c’est moins l’exposé très charpenté et très enthousiasmant que la question posée par l’un des invités. A priori, la question semblait saugrenue puisqu’elle consistait à demander pourquoi cet entrepreneur est-il obligé de grandir, de croître à cette vitesse ? La réponse n’a pas tardé, c’est parce qu’Eric Everard, le patron d’Easyfairs est sans doute parano.

Dis comme cela, cela peut faire sourire. En réalité, être parano au-delà de la boutade est une qualité quand on dirige une entreprise. C’est l’autre version de la question : mais qu’est-ce qui vous empêche de dormir le soir ? Si en tant qu’entrepreneur, vous répondez « rien » à cette question, c’est que vous dormez déjà !

En effet, l’un des livres de management qui a eu le plus de succès ces dernières décennies, c’est le livre d’Andy Grove, le fondateur de la société Intel. Intitulé « seuls les paranoïaques survivent à Wall Street », ce livre reste plus que jamais d’application aujourd’hui. Pourquoi ?

Un patron qui ne décide pas de grandir manque non seulement d’ambition, mais risque de mettre en péril son entreprise et donc aussi l’avenir de ses employés. Les choses bougent à une telle allure aujourd’hui que rester immobile n’empêche pas de faire un faux pas, comme disait je ne sais plus quel humoriste.

« Il n’existe rien de constant, si ce n’est le changement »

La vitesse du changement peut être résumé par un petit calcul établi par Bill Gross, le patron d’un incubateur aux États-Unis. Il a calculé le nombre d’années qu’il fallait pour qu’une innovation arrive à toucher, à se répandre auprès de 50 millions d’usagers ou de consommateurs.

Le calcul est édifiant : il a fallu 68 ans à l’avion pour avoir 50 millions de passagers. La voiture a mis 62 ans pour avoir 50 millions de conducteurs. Le téléphone a mis 50 ans pour avoir 50 millions d’usagers. La bonne vieille télévision a dû patienter 22 ans pour aussi avoir 50 millions de téléspectateurs, et le distributeur de billets, environ 18 ans.

Actuellement, avec la révolution numérique, toucher 50 millions de consommateurs prend nettement moins de temps. You Tube, par exemple, a mis 4 ans, Facebook à peine 3 ans, Twitter seulement 2 ans et un jeu aussi addictif que Pokémon Go n’a mis que 19 jours pour s’imposer à 50 millions de consommateurs.

Autrement dit, la vitesse de changement est effrayante. Nous sommes passés de 68 ans à 19 jours seulement pour toucher 50 millions de consommateurs. La réponse d’Eric Everard est pertinente, un patron qui veut réussir doit toujours rester sur le qui-vive, mais doit aussi tenir compte de la vitesse de changement. Surtout à une époque où comme le disait le Bouddha : « il n’existe rien de constant, si ce n’est le changement ».

(1) Exposé organisé par Renad Degueldre, le très dynamique directeur général du BEP (bureau économique de la province de Namur) au Cercle de Wallonie

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