Pourquoi Pairi Daiza va accueillir des ours blancs

Cette semaine, Pairi Daiza a été attaqué de manière scandaleuse au travers d’une «opinion» parue sur le site du Vif-L’Express ; opinion qualifiant « d’aberrant » le projet de création de la « Terre du Froid » où seront accueillis dans le futur des ours blancs. Face à ces propos indignes, mensongers et faisant fi de toute honnêteté intellectuelle, Pairi Daiza souhaite réagir et apporter les éléments de réponse suivants.

1. Une opinion partisane.

L’opinion parue dans la presse (https://www.levif.be/actualite/environnement/la-terre-du-froidde- pairi-daiza-un-projet-aberrant/article-opinion-1081521.html) émane de DierAnimal, un tout nouveau parti politique. Il s’agit d’une tribune partisane publiée sans aucun travail journalistique. A aucun moment, Pairi Daiza n’a été consulté, malgré qu’il soit nommément cité et attaqué.

DierAnimal, à lire son programme publié sur son site internet (www.dieranimal.be), défend des positions sans nuance. Citons :

– Obligation pour les zoos de renvoyer les animaux sauvages vers leur pays d’origine. C’est nier qu’il convient de préalablement garantir les conditions de sécurité et d’espace des animaux. Et que remettre des animaux nés en captivité (c’est le cas de l’énorme majorité des animaux présents dans les zoos) dans la Nature signifierait trop souvent les envoyer à une mort rapide.

Contrairement à ce que laisse croire DierAnimal au travers de ses recommandations simplistes, les projets de réintroduction d’animaux captifs dans la Nature sont des projets à long terme, complexes et qui doivent être pensés à l’échelle internationale pour être couronnés de succè

-Obligation de ne proposer que des repas « vegan » dans les dîners officiels

-Interdiction pour les zoos de reproduire des espèces. C’est oublier que les Jardins zoologiques, au travers des programmes de sauvegarde et de reproduction des espèces menacées, participent à la préservation du patrimoine génétique d’espèce en grave danger de disparition. Comment Pairi Daiza pourrait-il, par exemple, réintroduire l’Ara de Spix dans la Nature (d’où il a complètement disparu depuis près de 20 ans) si les Jardins zoologiques et associations de défense de l’espèce n’avaient pu le reproduire en captivité ? Signalons à cet égard que Pairi Daiza a dépensé en 2018, pour ce seul projet, 1,4 million d’euros.

-La fin de toute promotion des produits laitiers. Boire du lait de vache est « contrenature » selon DierAnimal.-Etc.

Il est évident que le parti DierAnimal « utilise » la renommée de Pairi Daiza pour bâtir une notoriété balbultiante auprès de l’opinion publique, dans l’optique des prochaines élections pour lesquelles il envisage de déposer des listes.

2. La situation des ours blancs.

L’ours blanc est une espèce en danger d’extinction. L’IUCN (International Union for Conservation of Nature, l’Institution mondiale regroupant gouvernements et organisations civiles, avec ses 1.300 membres et 13.000 experts) a classé l’espèce comme « vulnérable » et estime dans ses derniers rapports leur nombre à +/- 26.000.

Un nombre en diminution. La « Polar Bears Association », qui a fait de la défense de cette espèce extraordinaire sa raison d’être, estime que la population d’ours blancs en Baie d’Hudson a chuté de 30% entre 1987 et 2011, pendant que celle vivant le long de la Côte Nord de l’Alaska et dans l’Ouest du Canada baissait de 40% entre 2001 et 2010.

Les causes de la disparition progressive des ours blancs sont multiples. Si leur population régresse, c’est avant tout pour trois raisons :

· La réduction de leur habitat naturel, conséquence du réchauffement climatique.

La fonte précoce des glaces réduit leur terrain de chasse ainsi que la période pendant laquelle ils peuvent facilement répondre à leurs besoins alimentaires.

La communauté scientifique constate ainsi notamment que les femelles, qui ont d’importants besoins énergétiques pendant les gestations, éprouvent de plus en plus de difficultés à trouver leur nourriture. Avec pour conséquences une baisse du poids des bébés et une surmortalité des petits.

· La chasse.

· Les empoisonnements par la pollution, notamment celle liée à l’huile de cargos traversant les territoires des ours blancs.

3. Le rôle des bons zoos.

Face à cette disparition progressive de l’espèce, les bons Jardins zoologiques ont un rôle primordial à jouer. D’une part pour la conservation de l’espèce, d’autre part pour la sensibilisation du public aux dangers qui la guettent. Les plus éminentes institutions de défense de l’ours blanc l’affirment clairement.

– La « Polar Bears International » appelle ainsi les Jardins zoologiques et aquariums « de qualité » à devenir des partenaires dans les programmes de conservation de l’ours blanc.

« Les environnements captifs enrichis peuvent jouer un rôle utile dans les efforts de conservation mondiaux », lit-on sur son site internet. « La plupart des zoos et aquariums modernes ont parcouru un long chemin depuis les cages en béton du passé. Les zoos d’aujourd’hui abritent des ours polaires dans des territoires bien conçus comprenant des chutes d’eau tumultueuses, des piscines froides poissonneuses, d’énormes piscines, des ruisseaux peu profonds et des substrats naturels tels que l’herbe, le paillis et les graviers où les ours peuvent creuser. » (Source : https://polarbearsinternational.org/polarbears/zoos-aquariums/ )

– La « Polar Bears International », par la voix du Dr Steven C. Amstrump, Chief Scientist at Polar Bears International and Polar Bear Leader at U.S. Geological Survey for Thirty Years, insiste sur les différents rôles jouée par les « bons » Jardins zoologiques.

Sauver des ours condamnés, sensibiliser et informer. « Nos recherches montrent que, à mesure que la glace de mer va fondre, de plus en plus d’ours polaires seront chassés à terre, bon nombre d’entre eux dans des conditions délicates. De plus en plus d’oursons vont devenir orphelins lorsque leurs mères affamées se font tirer dessus après avoir eu des démêlés avec des humains ou lorsqu’elles sont séparées par de longues nages ou des conditions de glace inhabituelles. Sauver certains de ces ours et leur redonner une nouvelle vie dans un zoo ou un aquarium de qualité est une chose humaine à faire. Plus important encore, les messages attachés aux expositions dans les zoos procureront des avantages directs aux ours restant dans la nature. Ces ours sauvés deviendront littéralement les ambassadeurs de leurs homologues sauvages ! Les messages de conservation sont peut-être la contribution la plus importante que les zoos et les aquariums peuvent apporter à un avenir sûr pour les ours polaires, mais ce n’est pas la seule contribution. » (Source : https://polarbearsinternational.org/research/researchqa/what-is-pbi-s-position-on-polar-bears-in-zoos/ )

Sciences et génétique : étudier les ours dans les zoos pour aider à reconstruire les populations dans la Nature. « Une grande partie de nos connaissances actuelles sur la médecine de la faune et les maladies de la faune ont été développées dans les zoos. Ces connaissances pourraient s’avérer inestimables pour la diminution des populations d’ours polaires, car les petites populations d’animaux sauvages sont plus à risque d’épidémies. Le personnel du zoo est également expert en gestion de petites populations et en génétique. Il étudie également les techniques de procréation assistée afin de préserver la diversité génétique que les populations perdent au fur et à mesure de leur déclin. Les populations fortement réduites pourraient un jour bénéficier des gènes réintroduits dans la nature à partir des populations de zoos. » (Source : https://polarbearsinternational.org/research/researchqa/what-is-pbi-s-position-on-polar-bears-in-zoos/ )

– L’IUCN (International Union for Conservation of Nature), elle aussi, considère que les bons zoos ont un rôle important à jouer dans la préservation des espèces menacées.

Notamment dans l’information aux visiteurs et la sensibilisation du public. Ces coopérations font d’ailleurs l’objet d’accords signés avec la World Association of Zoos and Aquariums (Waza).

« Les zoos et les aquariums jouent un rôle si important dans l’éducation du public en matière de conservation », selon Jane Smart, responsable du programme Espèces de l’UICN. « Nous espérons que la liste rouge des espèces menacées de l’UICN pourra être utilisée pour rendre les expériences de zoos et d’aquariums encore plus intéressantes et informatives pour les visiteurs. » (Source : https://www.iucn.org/content/zoos-andaquariums- join-forces-iucn )

Niant les avis des véritables experts internationaux, le parti DierAnimal accuse Pairi Daiza de vouloir faire de l’argent sur le dos d’ours blancs. C’est insultant.

Pairi Daiza prend déjà part à plus de 80 programmes internationaux EEP (European Endangered Species Programmes) de conservation et de reproduction d’espèces an danger. Des programmes placés sous la coordination d’experts internationaux et pour lesquels Pairi Daiza a dépensé plus de 3 M€ en 2018.

Parmi ces programmes, de nombreuses espèces animales qui, reconnaissons-le, attirent l’attention d’un nombre limité de visiteurs. Le parti DierAnimal penset-il vraiment que nos investissements (humains et financiers) dans les programmes de protection de la Grue du Paradis, du Jabiru du Sénégal, du Calao papou, des Chevrotains malais, des Agoutis ou du Casoar à casque, pour ne prendre que quelques exemples, sont motivés par l’appât du gain ?

4. Les installations à Pairi Daiza.

Les installations programmées par Pairi Daiza pour l’accueil de ces ours blancs sont parmi les plus complètes et les plus spacieuses au monde. Elles ont été pensées au terme de nombreuses consultations d’experts internationaux en ours polaires et voyages d’études à travers le monde.

Elles seront évidemment très largement au-delà des normes fixées par le législateur belge. Ces normes légales et ces territoires programmés par Pairi Daiza sont les suivants :

– Territoires extérieurs : Pairi Daiza programme la construction de 4 territoires extérieurs d’une surface totale de 5.000 m2. C’est 12 fois plus que la norme belge actuelle fixée pour la détention d’un maximum de trois ours blancs.

– Espaces de soins : Pairi Daiza programme la construction d’espaces intérieurs pour les soins, d’une superficie totale de 170m2. C’est 6 fois plus que la norme belge actuelle fixée pour la détention d’un maximum de trois ours blancs.

– Bassin d’eau : Pairi Daiza programme la construction de deux bassins distincts,

d’une superficie respective de 450 et 220 m2. C’est près de 8 fois plus que la norme belge actuelle fixée pour la détention d’un maximum de trois ours blancs.

L’eau de ces bassins sera de l’eau de mer non-chlorée (ce qui n’est pas imposé par la législation actuelle)

Les installations envisagées par Pairi Daiza comprennent en outre d’autres éléments à mettre en évidence, qui assureront le bien-être maximal pour les animaux :

o Une « maternité » sera créée dans les installations intérieures avec vision par

caméra infra-rouge. Les femelles qui mettent bas ont en effet besoin, pendant plusieurs mois, d’une quiétude et d’une solitude maximale.

o Des bassins d’eau douce, avec cascade et rivières, seront installés dans deux des quatre territoires extérieurs.

o Une « grotte de glace » de 65 m2 sera créée pour les ours. D’une hauteur de 4 mètres pour une profondeur de 1,5 mètre, elle permettra de mettre en place de nombreux « enrichissements » pour les ours. La législation actuelle n’impose pas cette grotte de glace.

o Les espaces de soins seront légèrement réfrigérés, équipés de piscines et éclairés de lumière naturelle.

o Les enrichissements de nature à améliorer encore le bien-être des

animaux seront très nombreux dans les territoires projetés par Pairi Daiza :

objets flottants dans l’eau, enrichissements avec blocs de glace, constructions dans les enclos, brumisateurs, etc.

o Les territoires extérieurs seront constitués d’une large variété de sols, à l’instar de l’environnement rencontré par les ours dans leur espace naturel. Ces sols diversifiés seront constitués d’herbes, de graviers, de rochers, de copeaux de bois, de sables, d’abris extérieurs, d’arbres, de troncs d’arbres, etc.

o Les ours auront par ailleurs libre accès à l’ensemble de leurs territoires.

Les rapports de l’IUCN et de Polar Bears International montrent que des installations de qualité et des enrichissements multiples et variés permettent aux ours blancs de ne pas développer ou limiter les comportements névrotiques. Tout sera donc mis en oeuvre pour qu’il en soit ainsi à Pairi Daiza.

Pairi Daiza se réjouit par ailleurs des projets prêtés aux autorités régionales de renforcer les normes législatives pour l’accueil d’ours blancs en Wallonie. Nous ne pouvons qu’encourager ces mesures destinées à améliorer encore les conditions de vie et de bien-être de ces animaux.

Pairi Daiza s’indigne par contre de la tentative de DierAnimal de tromper ses lecteurs en affirmant que les températures que peut connaître la Belgique ne permettent pas l’accueil des ours blancs dans de très bonnes condition de vie. C’est un faux débat, une imposture.

– D’une part parce qu’il faut rappeler que jamais un ours blanc n’est «mort de chaud». Certaines populations d’ours blancs, par exemple celle observée à Churchill (Baie d’Hudson), la « Capitale des Ours blancs », vivent ainsi l’été sous des températures pouvant certains jours avoisiner les 25°.

– D’autre part parce qu’il est admis par les véritables experts en protection et sauvegarde des ours polaires que le bien-être des animaux en captivité est directement lié à la qualité des installations mises à leur disposition (nombre, espace, présence de piscines et bassins, nombre d’enrichissements, soins apportés, etc.), et non aux températures enregistrées dans le pays d’accueil.

5. Le rôle pédagogique de Pairi Daiza.

L’accueil et la présentation d’ours blancs à Pairi Daiza s’accompagneront d’un très large volet « pédagogique ». Un des rôles des Jardins zoologiques est en effet d’éduquer les visiteurs (notamment les enfants) aux menaces qui pèsent sur notre planète et ses habitants et sur les mesures à prendre pour les protéger.

Pairi Daiza proposera notamment, aux abords des territoires des ours blancs, une tgrande exposition consacrée à la fonte des glaces aux deux pôles et à ses différents impacts sur l’environnement.

6. Les ours blancs de Pairi Daiza.

Les ours qui arriveront à Pairi Daiza viendront d’autres Jardins zoologiques. Le choix des ours sera de la responsabilité des coordinateurs du programme EEP (European Endangered Species Programmes) consacré à la protection de l’espèce.

7. Conclusion.

La publication de propos mensongers par un parti prétextant la défense de la cause animale à des fins purement électoralistes est scandaleuse. Et outrancière à l’égard de toutes celles et tous ceux qui, dans la nature et dans les centres de reproduction tels que Pairi Daiza, anonymement ou pas, à petite ou grande échelles, s’investissent pour la sauvegarde de l’ours blanc.

Elle montre aussi qu’il importe, plus que jamais, d’informer de manière honnête et circonstanciée de la situation réelle vécue par les ours blancs et des efforts menés sur la planète pour leur protection.

Au travers de ce programme de préservation comme pour les autres, Pairi Daiza, désigné « Meilleur Zoo d’Europe 2018 » et « Meilleur Zoo de Belgique et des Pays-Bas » depuis six ans, continuera à informer ses visiteurs et les véritables défenseurs des animaux des efforts déployés pour aider au sauvetage de l’ours blanc.

N’en déplaise aux dirigeants de DierAnimal, chez qui l’extrémisme et le radicalisme idéologiques rendent impossible la compréhension nuancée de problèmes environnementaux complexes.

 

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