On a visité des musées de foot européen

Oui, cela existe et cela marche assez bien. Le prix d’entrée n’est pas souvent démocratique mais les supporters ne s’en offusquent pas. Une vraie mine d’or pour les clubs.

Avant de rejoindre Madrid pour une semaine, il nous a semblé intéressant de consulter deux ou trois guides. Notre surprise en fouillant chez les vendeurs de rêves fut bien grande. En effet, à titre d’exemple, Lonely planet, un guide de 392 pages, évoque le football en quelques lignes, mais ignore le musée du Real Madrid. Dans son guide ‘Madrid week-end‘, Michelin est un rien plus loquace, mais juste un peu.

Et pourtant, le musée du club de football de la capitale espagnole est le troisième musée de la ville en termes de fréquentation. Si le musée Reina Sofia et celui du Prado sont largement en tête, le Real Madrid est sur le podium devant le musée Thyssen-Bornemisza. La clientèle du musée madrilène est essentiellement internationale. La moitié des visiteurs n’est pas espagnole.

Le Tour de Bernabeu

Un jour de septembre, nous avons donc participé au «Tour de Bernabeu». Un passage par plusieurs salles où on découvre des documents du temps jadis, des clichés surannés, où on se souvient que de grands joueurs ont porté le maillot du club merengue: Puskas, Netzer, Breitner. On déambule entre les Coupes et les vieux ballons. Mieux, les visiteurs peuvent se faire prendre virtuellement en photo dans les bras de leur joueur préféré. Il permet aussi de tenir la coupe de la Ligue des Champions. Le coût? 15 € pour ce cliché souvenir.

Ensuite, on pénètre dans le stade vide. On rentre alors dans les vestiaires : piscine, jacuzzi, cabines de douches hydromassantes … Les Madrilènes sont chouchoutés. Enfin, un petit tour près de la pelouse, la possibilité de poser ses fesses dans un fauteuil des réservistes ou dans celui de l’entraîneur, quoique Zidane regarde généralement les matchs debout, les mains dans les poches. Et la visite est terminée. Tout ça pour la modique somme de 19 €, sans oublier le passage par le magasin où vous pouvez trouver tout ce dont vous rêvez à l’effigie du Real.

Bref, une affaire prospère à ne pas en douter un seul instant pour le plus beau palmarès européen. Pour l’anecdote, sachez que Cristiano Ronaldo a ouvert un musée à Madère, son île natale, où il regroupe tous ses trophées, maillots et objets personnels. CR7 ne perd pas de temps.

maradona_barcelona_shirtLe musée du Camp Nou

Néanmoins, le musée des Merengues ne parvient toujours pas à atteindre le volume d’entrées enregistré par le FC Barcelone. Le fondateur du club, Joan Gamper, avait d’abord eu l’idée de fonder un musée du Barça dans les années 1920. Mais pour certaines raisons, ce n’est qu’en 1984 que son vœu s’est réalisé, à l’époque du président Nuñez. Aujourd’hui, le club azulgrana, qui a toujours voulu être à la pointe de la modernité, propose un musée qui est le reflet de son stade: grand et magique.

« C’est le meilleur musée de football dans le monde, mais c’est aussi le musée le plus populaire de Catalogne, raconte Daniel De Cubber, ex-joueur du FC Bruges. Il est un point de référence pour beaucoup d’autres musées dans le monde entier. De mon temps, dans les années ’70, il n’y avait pas de musée du football. Quand tu jouais ailleurs en Europe, parfois tu allais voir un petit musée ou une église ou un magasin. Moi, mon stade, c’est Liverpool : celui-là est un rêve.»

La fameuse transversale

D’autant que c’est à Anfield Road que l’ancien Brugeois a disputé deux finales de Coupe d’Europe. Un musée qui vient de s’enrichir de la collection personnelle de son ancien capitaine Steven Gerrard. Mais Liverpool, c’est le must, même en dehors du musée. Rien que cette allée qui mène au stade, puis cette enseigne où il est inscrit ‘You ‘ll never walk alone‘ et enfin, ces chants lors de la rencontre en font un musée à ciel ouvert.

arsenalstadium1L’Angleterre propose ainsi plusieurs musées de football : Arsenal et Manchester …

« À tout moment, environ 2500 articles de collection sont exposés dans le centre-ville de Manchester, raconte Philippe Rocour, amateur de football. La visite guidée du National Football Museum comprend l’accès aux trésors historiques de Wembley, comme la Coupe du Monde 1966, mais aussi le drapeau des Jeux Olympiques de Londres en 1948, les deux ballons utilisés lors de la première Coupe du Monde en 1930, le maillot porté par Maradona lors de la rencontre Argentine-Angleterre, célèbre pour le surnom attribué à son but inscrit, c’est-à- dire la ‘Main de Dieu’. Je garde surtout en souvenir la fameuse barre transversale de la finale de la coupe du monde 1966 … en bois et bien conservée. »

Cependant, on est très éloignés en Angleterre du nombre de visiteurs des musées espagnols.

« On nous le demande rarement pour un match de football, explique Christelle, employée d’une agence de voyages. Par contre dans le cadre d’un citytrip, on nous demande parfois une visite d’un stade. Pratiquement toujours Barcelone ou Madrid, les grosses équipes. C’est très rare pour l’Angleterre, il arrive que ce soit Milan ou Rome. »

San Siro, la Scala du Football

En Italie, le football est une religion. Milan, avec ses deux clubs et son stade mythique, représente le football italien. Tous les amateurs de football ne peuvent pas ne pas poser un pied à San Siro. Il est ouvert tous les jours et se visite.

thumb_img_7207_1024Ensuite, plus récent, inauguré le 2 avril 2014, le musée de l’AC Milan affiche une certaine fraîcheur et, comme les autres musées du foot, il retrace l’histoire du club, met en valeur ses anciennes gloires qui ont pour nom Rivera, Baresi, Maldini… L’ère Berlusconi s’y taille une belle part du gâteau. Autres musées italiens, celui de la Juventus de Turin, très agréable, ou encore le stade olympique de Rome…

L’Allianz Arena

Autre grand pays du football européen, l’Allemagne possède aussi ses musées. À tout seigneur, tout honneur, commençons par le Bayern de Munich. D’abord, avec son stade, un des plus beaux européens. Surnommé le ‘Schlauchboot’, autrement dit le canot pneumatique, il a une capacité de 71 137 spectateurs. Construit en trois ans, l’Allianz Arena a accueilli le match d’ouverture de la coupe du Monde en 2006. Propriété du club de football du Bayern, ce dernier a annoncé, en 2014, avoir remboursé le stade seize ans plus tôt que prévu. Une visite du stade est possible en dehors des matchs. Un musée retrace la fabuleuse histoire du club bavarois à travers tous les âges, en passant par le premier championnat gagné en 1932, la résistance sous le régime nazi, les années glorieuses en ’70 …

Autre musée allemand à découvrir, le Deutsche Fußballmuseum à Dortmund. Il y a un an, en octobre 2015, son inauguration s’était faite dans la discrétion, car elle coïncidait avec la révélation du scandale de l’attribution de la Coupe du Monde 2006.

La Mercedes de Curkovic

Autre musée plus récent, celui du football mondial, qui a ouvert ses portes en février de cette année à Zurich. Il a permis de parler d’autre chose que de l’affaire Blatter-Platini durant quelques jours.

Dans d’autres pays, on commence tout doucement à sortir des musées de football. Faut-il encore que le club ait un passé européen.

En France, à Saint-Etienne, le musée des Verts est considéré comme le premier. Ouvert en 2013, il est installé à Geoffroy-Guichard. On y observe les poteaux carrés de la finale de la Coupe d’Europe 1976, sur lesquels les Stéphanois ont buté avant de perdre contre le Bayern. Autre objet insolite de ce musée, la voiture du gardien de but de l’épopée européenne des Verts. Une Mercedes verte achetée en 1976 après la finale perdue en Ecosse.

Et en Belgique? À notre connaissance, il n’y en a pas. On peut le regretter, car on observe dans ce troisième millénaire la naissance de ce type de musée. Les musées les plus onéreux certes, mais dont le taux de fréquentation fait pâlir plus d’un.

Autrement dit, on peut s’attendre à un petit changement dans les guides de voyage les prochaines années.

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