«L’intelligence artificielle est aussi importante que le feu, l’écriture ou l’électricité en leur temps»

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Beaucoup de personnes voudraient souffler un peu aujourd’hui et retrouver un peu de lenteur face à tous ces changements technologiques qui nous entourent. Mais hélas, comme nous le dit notre chroniqueur économique Amid Faljaoui, ce désir de lenteur, s’il est tout à fait légitime, malheureusement, ne sera pas entendu. Au contraire, tout va s’accélérer encore plus.

En matière de numérique, il y a ceux qui en veulent toujours plus, et ils sont souvent plus jeunes, et puis les autres, qui aimeraient bien souffler un peu. Il faut dire à la décharge de ces derniers que tout a été très vite ces dernières années. On parlait d’Internet dans les années 90, puis ce sont les smartphones qui ont débarqué dans nos vies au milieu des années 2000.

Depuis lors, tout s’enchaine très vite : on parle d’impression 3D, de réalité virtuelle, de Big Data, de voiture autonome, d’intelligence artificielle,… personne n’est sûr de bien comprendre ce que recouvrent tous ces termes qu’on voit dans la presse tous les jours, mais la classe moyenne en a intuitivement peur. Elle a peur de se voir remplacée demain par toutes ces nouveautés numériques.

Bref, le salarié – qu’il soit « gilet jaune » ou pas – a une angoisse : celle d’être inutile demain ou après-demain. Bien entendu, parfois, cette peur est exagérée. En France, par exemple, les habitants à la campagne redoutent de ne plus avoir de médecins, ont peur de la disparition des distributeurs de billets de banque ou redoutent la suppression d’un bureau de poste.

Si cette peur est légitime, elle ne doit pas non plus cacher le fait que le numérique, dont ces mêmes personnes se plaignent, peut aussi être une solution à leurs angoisses.

Avec Internet, plus besoin de poste, on peut s’envoyer à la seconde même n’importe quel message ou scanner n’importe quel papier administratif et l’envoyer. Quant au smartphone, il va servir de plus en plus de moyen de paiement et va remplacer progressivement l’argent liquide. Quant au développement de la télémédecine, elle n’en est qu’à ses débuts, mais remplacera le médecin du coin.

« D’ici 10 ans, chacun devra savoir ce qu’est l’IA, comment l’utiliser et surtout comment imaginer sa vie dans le monde qu’elle est en train de créer »

Même si cela est vrai, les citoyens n’aiment pas trop ce discours technophile et veulent surtout un répit. Mes confrères du journal Le Figaro ont raison d’insister : les citoyens veulent retrouver un peu de lenteur pour perdre tranquillement leurs habitudes et en prendre gentiment de nouvelles. Bref, le citoyen est dans l’esprit « allegro ma non troppo ».

Pourtant, ce répit n’est pas possible. Jean-François Copé, l’ancienne étoile montante du monde politique du temps de Sarkozy, vient d’écrire un livre à 4 mains avec le docteur Laurent Alexandre. Le titre dit bien ce qu’il veut dire : l’Intelligence artificielle va-t-elle aussi tuer la démocratie ? J’en parle parce que Jean-François Copé lui-même ignorait tout de l’intelligence artificielle, il y a quelques temps encore, et aujourd’hui, il avoue qu’il faut parler de l’IA tout le temps et avec tout le monde.

La raison ? L’IA est aussi importante que le feu, l’écriture ou l’électricité en leur temps. D’ici 10 ans, chacun devra savoir ce qu’est l’IA, comment l’utiliser et surtout comment imaginer sa vie dans le monde qu’elle est en train de créer. Et pour lui, cela commence par un grand programme de formation, à l’école.

Et si nous voulons que nos enfants survivent dans ce monde numérique de demain, il faudra bien embrasser ces nouvelles technologies et ne plus en avoir peur. Et donc, hélas non, le rythme du changement ne va pas diminuer, mais au contraire, il va augmenter.

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