L’Extrémadura pour les amoureux des cigognes…

Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux

La cigogne est depuis toujours l’oiseau emblématique de l’Alsace. Si elle se pose sur une maison, elle devient un porte-bonheur dans des domaines aussi variés que fécondité et fidélité, richesse et santé, protection contre la foudre, etc… Autant de vertus qui lui ont été attribuées jadis car elle débarrassait les champs et les marécages des serpents et autres rongeurs peu appréciés par les habitants.

Toutefois si elles se comptaient par milliers au début du 20ème siècle, il n’en restait que deux couples en 1982 ! Les lignes à haute tension, la sécheresse et l’emploi de pesticides puissants dans les champs ont eu raison de la survie des échassiers. Une prise de conscience du problème a permis de mettre en œuvre un travail patient de réintroduction des cigognes et aujourd’hui on dénombre quelque 780 couples libres dans la région, en sus de la population qui niche dans le NaturOparc, ex Centre de Réintroduction des Cigognes et des Loutres, à Hunawihr, non loin de Riquewihr www.centredereintroduction.fr

Europe,

Elles sont partout, planant dans le ciel bleu, juchées sur leurs nids ou en train d’arpenter des prairies humides à la recherche de grenouilles, de lézards ou de rongeurs.

Au printemps, on les entend craqueter d’un nid à l’autre dans l’attente du conjoint qui viendra à son tour couver les œufs à moins qu’elles ne soient agacées par les choucas ou les étourneaux qui nichent au cœur de leurs grands refuges de branchages.

En hiver, après la période de reproduction, elles se regroupent sur des arbres-dortoirs. Entre sédentarisation de certaines cigognes espagnoles et migration partielle de cigognes alsaciennes, c’est l’abondance de nourriture qui les retient sur ces terres.

Quand on sait qu’en Extrémadure, au Sud de la sierra de Gredos, c’est un peu comme si on descendait les marches d’un escalier colossal vers un paysage tout en rondeur où les paysans racontent qu’ici, on connaît 5 mois de sécheresse et 7 mois de saison verte ! Le ton est donné !

Spain, Extremadura, Caceres Province, ; Malpartida de Caceres, Los Barruecos, a protected space classified natural monument; Pitoresque landscape covered with huge stones carved by time; White storks (Ciconia ciconia) at nest, on large granite boulder, Los Barruecos Natural Monument,
Spain, Extremadura, Caceres Province, ; Malpartida de Caceres, Los Barruecos, a protected space classified natural monument; Pitoresque landscape covered with huge stones carved by time; White storks (Ciconia ciconia) at nest, on large granite boulder, Los Barruecos Natural Monument,

Avec des prairies humides, deux fleuves, le Tage et le Guadiana, dont les cours irriguent des rives riches en petits poissons et autres grenouilles et les dernières décharges à ciel ouvert, elles trouvent facilement des sites de nidification, que ce soit au sommet des bâtisses historiques ou sur des rochers.

Par exemple, leur présence au sommet de sites aussi antiques que l’aqueduc des miracles à Mérida fait oublier qu’il n’est plus qu’un vestige de la splendeur ingénieuse des Romains.

Les cartes postales du centre monumental de Caceres dépeignent encore la vieille ville hérissée de nids de cigognes perchés sur le moindre clocher ou sur un pan de toiture. Aujourd’hui, inquiète des dégâts éventuels que peuvent causer ces abris qui pèsent parfois 500 kg, la ville, classée au patrimoine mondial de l’Unesco, les a détruits ou déplacés vers l’extérieur de la cité où elle a édifié plusieurs mâts surmontés d’une plate-forme ronde sur laquelle de nouveaux nids se sont créés.

Spain, Extremadura, Caceres Province, Plasencia City ; The belfry of the cathedral and the storks in nests
Spain, Extremadura, Caceres Province, Plasencia City ; The belfry of the cathedral and the storks in nests

Elle s’est inspirée des aménagements réalisés par un village voisin, Malpartida de Cáceres qui a d’ailleurs gagné le titre de Village européen de la Cigogne offert par Euronatur, le Fonds qui veille sur le patrimoine naturel européen.

Non seulement les échassiers nichent sur les bâtiments historiques de Malpartida, mais ils se sont approprié la forêt de mâts plantés à leur intention à côté du site de Los Barruecos sans dénigrer pour autant les nids installés sur les grandes quilles de granit qui bordent les réservoirs qui alimentaient jadis le lavoir à laine transformé en musée. Une balade silencieuse sur les chemins qui longent le lac permet d’approcher les rochers et d’observer la nidification des cigognes blanches.

Spain, Extremadura autonomous communitie ,Badajoz porvince, ; Mérida,city, the Fountain and the stork in are nest at Plaza Major
Spain, Extremadura autonomous communitie ,Badajoz porvince, ; Mérida,city, the Fountain and the stork in are nest at Plaza Major

Le site de los Barruecos est un espace unique, protégé comme Monument Naturel, pour sa topographie particulière qui abrite entre autres de nombreuses peintures rupestres mais aussi le siège d’un musée original créé par l’artiste allemand Wolf Vostell, chantre du mouvement Fluxus.

Il transforma l’ancien lavoir en un lieu d’accueil pour de gigantesques montages d’art contemporain qui  laissent quelque peu rêveurs.

Les cigognes ont complètement adopté la dernière œuvre du maître qui additionne un Mig21 s’encastrant dans un piano et des Seat, autant d’éléments qui s’humanisent grâce aux élégants oiseaux qui s’y lissent les plumes tout en veillant à leur progéniture.

Pour tout renseignement utile sur l’Extrémadure, les sites www.spain.info, www.turismoextremadura.com

Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux

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