Les douaniers tunisiens sont les mêmes que partout

Jusque dans les années 60, un humoriste français, Fernand Raynaud, avait un sketch dans lequel il répétait sans cesse : « J’suis pas un imbécile… puisque j’suis douanier ! » Plus d’un demi-siècle plus tard, on se pose toujours la question à propos des gabelous, et les Tunisiens n’échappent pas à la règle…

Un groupe d’amis a organisé le mois dernier un trip à moto d’une dizaine de jours dans le désert tunisien. Le parcours passait notamment par Djerba, Douz, Tembaïne, le lac d’Erreched, Tataouine, Remada, etc. Le promoteur de ce parcours a effectué à de très nombreuses reprises des voyages à moto ou en 4×4 dans le désert en Tunisie depuis 1996…

« Je suis un grand ami de la Tunisie depuis plus de 20 ans », raconte-t-il. « J’y suis d’ailleurs aussi retourné quelques semaines seulement après la révolution ou après les tragiques attentats du Bardo ou de Sousse pour montrer toute ma confiance et ma solidarité envers le peuple tunisien ».

Des risques importants

Se déplacer a moto dans le désert comporte des risques importants. Mais nos motards sont loin d’être des débutants : « Nous emportons toujours des équipements nous permettant de naviguer (GPS), de nous localiser (tracker GPS) et de communiquer entre nous (téléphone satellite et talkie-walkie) ou avec les autorités tunisiennes en cas d’urgence ».

Pour pouvoir rouler dans l’ouest tunisien, certains de ces équipements sont d’ailleurs exigés, et à raison, par les autorités militaires. Le voyage était organisé sur place par une agence tunisienne d’excellente réputation, UpToGo Travel, qui a d’ailleurs déposé tout l’itinéraire auprès des autorités tunisiennes compétentes.

La sécurité menacée

Mais à leur arrivée à Djerba, certains d’entre eux ont été arrêtés par des agents des douanes de l’aéroport pour une fouille approfondie des bagages et un des participants s’est vu confisquer un GPS, un tracker GPS, deux talkie-walkie et un téléphone satellite sous prétexte que ces équipements sont interdits en Tunisie.

Malgré de longues palabres, il a été impossible de faire passer ces équipements. Cette confiscation a mis sérieusement en péril toute l’organisation et le bon déroulement du voyage mais aussi la sécurité de tous les participants.

Les questions qui se posent

A l’issue de cette mésaventure, notre homme se pose plusieurs (bonnes) questions : si cette interdiction est bien réelle, comme le laisse penser le site (http://www.douane.gov.tn/index.php?id=136), il serait bon communiquer aux visiteurs étrangers de manière plus claire et cohérente toutes les restrictions en matière d’équipement électronique, à savoir une liste complète et précise de ce qui est interdit, autre chose que le « guide du voyageur » qui n’est plus à jour depuis 2010. Il est essentiel que vos visiteurs sachent ce qu’ils risquent en emportant certains équipements coûteux tout à fait communs en Europe.

Et il serait tout aussi important de ne pas donner l’opportunité à n’importe quel agent des douanes de faire de l’excès de zèle en brandissant des documents écrits dans une langue que les visiteurs ne comprennent en général pas.

D’autant qu’en 2018, un simple smartphone peut faire office de GPS, de nombreuses voitures contiennent des GPS intégrés, des appareils photos contiennent des GPS et que des smartphones peuvent se transformer en téléphone satellite ou en balise avec un simple boitier, etc.

Jusqu’où ira le zèle ?

Mosquée à Djerba ©Hervé Ducruet

Faudra-t-il permettre aux agents des douanes de confisquer selon leur humeur du jour le téléphone portable des visiteurs arrivant dans les aéroports ? ou de démonter les tableaux de bord de voitures ou des motos qui débarquent au port de la Goulette pour récupérer les unités GPS ?

Il serait sans doute opportun de moderniser voire supprimer des lois  qui n’ont plus de raison d’être en 2018 !

Enfin, la Tunisie ne devrait-elle pas s’adapter aux besoins de tous ses visiteurs, que ce soit envers les retraités sur les plages de Djerba, Monastir ou Zarzis ou les motards parcourant le grand sud ? Leur permettre d’utiliser ces équipements ne mettra aucunement en danger la population ou les visiteurs de la Tunisie.

Le fait est que, si la Tunisie n’entend plus, et à juste titre, se contenter du tourisme balnéaire, elle serait bien inspirée de se montrer moins tatillonne à l’égard de celles et ceux qui souhaitent en découvrir toutes les richesses et aller à la rencontre de sa population.

 

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